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La mobilité international chez Carrefour Group avec Ludivine Requena

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Avez-vous déjà envisagé de travailler à l’étranger, mais vous vous demandez comment cela pourrait affecter votre carrière et votre vie personnelle ? Dans cet épisode, Gauthier Seys de Francaisdanslemonde.fr, 1ère plateforme multimédia pour ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent d’expatriation, discute avec Ludivine Requena, responsable de la mobilité internationale chez Carrefour, pour explorer les défis et les opportunités de l’expatriation. Ludivine partage ses expériences et offre des conseils précieux pour ceux qui envisagent de faire le grand saut.

Ludivine Requena, originaire de Paris et diplômée de l’Institut de gestion sociale (IGS), a toujours été passionnée par l’international. Avec une carrière débutée chez General Motors, elle a accumulé une vaste expérience dans le domaine de la mobilité internationale. Aujourd’hui, elle travaille chez Carrefour Group, où elle accompagne les collaborateurs expatriés du groupe, les aidant à s’adapter à leurs nouvelles vies à l’étranger.

Au cours de cet épisode, Ludivine discute de l’importance de la mobilité internationale pour le développement de carrière et l’enrichissement personnel. Elle explique comment Carrefour gère ses expatriés, les défis auxquels ils sont confrontés et les stratégies pour réussir une expatriation. Ludivine souligne également l’importance d’une préparation minutieuse, tant pour le départ que pour le retour, afin de maximiser les bénéfices de cette expérience unique.

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https://www.linkedin.com/in/ludivine-requena-8506071/

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Podcast n°2222 (Juin 2024) produit par www.FrancaisDansLeMonde.fr, 1ère plateforme multimédia d’aide à la mobilité internationale. Ecoutez nos radios et nos podcasts « Expat » en installant l’application mobile gratuite.

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Chapitrage de l’épisode :
00:00:01-Introduction au podcast et présentation de Ludivine Requena
00:00:24-Rôle de Ludivine Requena chez Carrefour
00:00:59-Parcours et intérêt pour l’international
00:01:17-Expérience personnelle et de rêve d’expatriation
00:02:13-Statistiques sur les expatriés chez Carrefour
00:03:45-Impact de l’expatriation sur la carrière
00:05:36-Rôle de soutien de Ludivine pour les expatriés
00:07:43-Préparation et défis du retour en France
00:08:48-Défis de la réadaptation après une expatriation
00:09:56-Profil idéal et inadaptation pour l’expatriation
00:11:14-Importance de l’humilité et de l’adaptabilité
00:12:12-Clichés et réalités sur l’expatriation
00:13:17-Clôture et salutations

Retranscription de l’épisode :

Notre média accompagne tous ceux qui se préparent, qui vivent ou qui ont vécu la mobilité internationale. Déjà 2000 interviews disponibles sur francaisdanslemonde.fr. Je suis Gauthier Saïs et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Ludivine Requena. On va parler de recrutement et de devenir expat dans le groupe Carrefour. 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde.
francaisdanslemonde.fr Responsable de la mobilité internationale, ça veut tout dire au sein du groupe Carrefour. Bonjour Ludivine. Bonjour Gauthier, merci de m’accueillir. Content de te retrouver. On s’est rencontré pour la première fois justement dans le cadre d’un événement mené par Expat Communication.
Avec qui tu travailles ? Exactement, exactement. Je travaille beaucoup avec l’expert de communication sur l’accompagnement de nos collaborateurs en mobilité internationale. Et on va revenir justement, quel est le profil idéal ? Quel est l’atout de vivre cette expérience ?
Mais avant, un mot sur toi. Tu es originaire de Paris, diplômée IGS, l’Institut de gestion sociale. Tu débutes ta carrière toujours très proche du sujet de l’international. Tu travailles ou justement tu t’intéresses spécifiquement à ce sujet. Un et deux tuteurs même dans ce domaine chez General Motors.
Tu sais pourquoi ce sujet de l’international t’a toujours passionné ? C’est une bonne question. Ma première réaction est de dire que c’est peut-être lié à mes origines. J’ai des origines par-delà la Méditerranée. Je pense que ça a créé une certaine ouverture d’esprit et une appétence depuis toute jeune pour l’étranger, pour ce qui est différent, pour les cultures différentes.
Et aujourd’hui, toi qui travaille avec des expats du groupe qui partent aux quatre coins du monde, tu n’as pas envie de prendre tes clics et tes claques et de partir quelque part ? Mais complètement, complètement. J’en rêve. L’opportunité ne m’a pas été offerte jusqu’à aujourd’hui, mais peut-être un jour. Ma carrière n’est pas terminée.
Et puis, il y a une vie après. Et puis, on peut imaginer la mobilité internationale différemment. C’est ce que je fais d’ailleurs tous les jours. Je voyage tous les jours. à travers les relations que j’ai avec les collaborateurs expatriés, avec leurs conjoints aussi.
Les conjoints, il ne faut pas les oublier, les conjoints des expats, c’est très important. Et puis avec mes collègues qui sont partout dans le monde. Entre toi et moi, je peux t’envoyer où tu veux, t’irais où ? Quelle serait ta ville retenue ? C’est un choix extrêmement difficile.
Mon pays de cœur, c’est le Sénégal. Donc, évidemment, je pense qu’on me proposerait le Sénégal demain. Je pars même sans valise, juste avec mon passeport en poche. L’Algérie, c’est une expérience que j’aimerais vivre aussi. Mais il y en a d’autres, les États-Unis, le Mexique, j’aimerais découvrir tout.
Alors, on va parler de ton travail. Tu travailles dans un groupe qui s’appelle Carrefour, qui est présent dans 30 pays, avec 6 pays intégrés en Europe, 2 en Amérique du Sud, des partenaires un peu partout en Europe, en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie, dans les dom-toms. Aujourd’hui, le groupe représente 320 000 salariés. Et alors, les auditeurs vont sans doute être très surpris. Dans ces 320 000 salariés, 70 seulement sont expats.
Comment on peut expliquer cette grande différence de chiffres ? Plusieurs raisons. La première, c’est que Carrefour aujourd’hui est mature dans les pays dans lesquels Carrefour est intégré. Carrefour a eu jusqu’à 450 expats il y a une quinzaine d’années. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Encore une fois, maturité du groupe, avec des très bons profils en local, qui ne nécessitent pas d’expatriés sur un certain nombre de postes. Aujourd’hui, ces 70 expatriés se répartissent, s’y schématisent en deux grosses populations, une population de cadres dirigeants sur des postes plus stratégiques, et puis des profils dits talents. Donc leur expatriation, leur mobilité internationale s’intègre dans leur parcours de carrière. Alors justement, c’est intéressant que tu parles de ses talents parce que on peut considérer que vivre l’aventure de l’international, ça va booster sa carrière, accélérer sa carrière, ajouter des cordes à son arc, comme on dit. Et en préparant cette interview, tu étais en train un peu de revenir un petit peu sur cette thématique.
Certes, c’est vrai, ça permet de s’ouvrir au monde, mais est-ce que ça n’enrichit pas plus encore l’homme que le salarié ? Complètement. L’accélérateur de carrière qu’est la mobilité internationale, j’ai été la première à le dire. Aujourd’hui, je revois un peu mon discours. Je pense que oui, c’est toujours un accélérateur de carrière.
Néanmoins, je pense qu’aujourd’hui, les expats et ceux qui m’écoutent doivent avoir en tête le fait qu’on peut revenir dans son pays d’origine ou jumper dans un autre pays en ayant une position horizontale. Je crois qu’encore une fois, on l’a vu, je recite le baromètre expat communication de 2023, on a vu que le critère carrière, donc la décision d’une mobilité internationale est effectivement motivée par la carrière. Ça, c’est toujours le cas par le package, donc les aspects plus financiers. Oui, c’est toujours le cas, mais vient évidemment très en force et ressort très, très fortement le fait que la mobilité internationale va au-delà de ça. C’est un enrichissement personnel, c’est un enrichissement familial.
Les expatriés aujourd’hui ont envie de vivre d’abord cette expatriation, cette expérience de vie, cette aventure et de la faire vivre à leur famille, le cas échéant. Au-delà du simple aspect CNB, j’ai envie de dire, c’est simple rémunération. On est plus sur des aspects qualitatifs et d’enrichissement personnel. Alors, les divines, t’es une sorte de maman expat de ces 70 salariés qui sont quelque part dans le monde. Non, non, non, non, je ne suis pas leur maman.
Ce sont tous des grandes filles et des grands garçons. Non, en revanche, je pense que ma caractéristique, ma force, c’est de les accompagner. Je sais que quand on est expatrié, on a besoin d’avoir un point de contact fiable, solide et avec une bonne écoute. Je suis plus là pour les conseiller, répondre surtout à leurs questions. Il y a énormément de questions quand on est expat et quand on est sur son petit fauteuil à Paris, dans son pays d’origine, je dis Paris parce que je ne suis pas à Paris, mais dans son pays d’origine et qu’on gère les expats, si on n’a pas cette sensibilité de se dire eux, ils sont hors de leur pays d’origine, avec leurs familles, avec des enfants qui ont des âges, particulièrement les adolescents, avec des problématiques particulières.
Il faut bien avoir en tête que lorsqu’on est expatrié, c’est ce qu’on vit dans son pays d’origine fois Peut-être dix, d’accord ? Tous les sujets sont exacerbés et des choses qui, pour nous, nous paraissent anodines peuvent être hyper compliquées lorsqu’on est expatrié. Donc non, je ne suis pas leur maman, certainement pas. En revanche, je veux être un point de contact fiable pour eux, être capable de répondre à toutes leurs questions, leur apporter des solutions, mais certainement pas les materner. Je ne suis pas là pour ça.
Ils sont responsables. Nous sommes tous des professionnels. Et non, je n’ai pas ce rôle-là. Alors tu les accompagnes, tu les vois tous quand même, tu les accompagnes donc en amont, c’est lors du départ, sur place, sur place dans les questions qu’ils peuvent avoir et on va parler du retour du divin. Oui, le retour, moment aussi important que le départ, pour moi c’est un moment qui peut être très sensible.
Au départ, tout est chamboulé, on chamboule notre vie, on chamboule nos habitudes, on restabilise tout ça. lors de l’expatriation en tant que telle, et le retour c’est de nouveau un chamboulement. En tant que responsable MOB international, je mets un point d’orgue à être aussi présente qu’au départ. Le retour c’est aussi le repositionnement. dans le pays d’origine.
Alors quand c’est une autre expatriation, ça, c’est encore un autre sujet. Mais quand, lorsqu’il y a un repositionnement dans le pays d’origine, c’est hyper important de le préparer en amont. Si j’ai un conseil à donner, c’est aux expatriés, c’est surtout tirer la sonnette d’alarme au minimum un an avant la date de votre retour, la date estimative. Et puis six mois avant, là, il ne faut plus que tirer la sonnette d’alarme. C’est très important de préparer le retour d’un point de vue carrière et puis ensuite d’un point de vue plus logistique, administratif.
Et ça, c’est aussi le rôle de la mobilité internationale. J’ai eu un RH qui m’a évoqué le souci de vivre une aventure assez incroyable avec un changement culturel, souvent des gros projets. Et puis, quand on revient, est-ce qu’on n’a pas le risque de se sentir parfois un peu étriqué dans un poste dans lequel on est beaucoup plus nombreux qu’avant, on est un peu moins rois que lorsqu’on était en aventurant. Effectivement, au retour, les collaboratrices, collaborateurs expatriés peuvent avoir ce sentiment parce que lorsqu’on est expat, on travaille dans des filiales, souvent plus agile, peut-être plus petite. On est en mode projet où on a plus de responsabilités.
Revenir dans son pays d’origine, sur un siège avec une structure peut-être un peu plus lourde, un peu moins agile, avec une hiérarchie un peu plus pesante, Effectivement, ça peut donner ce sentiment de frustration. Et puis, il y a aussi le rapport aux autres collaborateurs qui peuvent réagir aussi par rapport à ce collaborateur ou cette collaboratrice qui rentre, qui a vécu cette expérience qu’eux-mêmes n’ont pas vécue. Je pense que ça demande aussi une certaine réadaptation de la part du collaborateur ou de la collaboratrice qui rendent l’expatriation, mais également, et là aussi c’est un conseil, il ne faut pas hésiter à passer les bons messages, à sensibiliser le reste des équipes qui accueillent cet expatrié de retour pour justement essayer de lisser ce sentiment qui peut exister d’un peu de frustration. Ludivine, ma dernière question, est-ce qu’il y a un profil idéal ou à l’inverse, est-ce qu’il y a des profils inadaptés à l’expatriation ? Oui, oui, oui.
Alors, idéal, non. Inadapté totalement, non. Je pense que tout le monde peut être en mobilité internationale. Certaines personnes demandent certainement plus d’accompagnement que d’autres. Il est certain qu’il y a un paramètre, selon moi, et ça n’engage que moi, il faut avoir une certaine ouverture d’esprit.
Il faut être prêt à changer, à bouger les lignes. Voilà, à bouger les lignes. Ce qui est valable dans notre pays d’origine, ne l’est plus forcément, voire pas du tout dans le pays d’accueil. Il faut faire preuve d’une grande adaptabilité et surtout et avant tout, d’humilité. Il faut être humble.
On arrive dans un pays qui n’est pas le sien, on a beau avoir toutes les compétences du monde, On ne sait rien, on est là pour apprendre. Comme dans la vie, ce n’est qu’un grand jeu, on joue une partie. Eh bien là, l’expatriation est une partie, c’est un jeu. Donc il faut être humble, écouter et puis échanger surtout. Je crois beaucoup en l’échange.
Et d’autant que le français n’est pas toujours le plus humble des citoyens. Souvent, il arrive avec ses grands sabots, donc être un peu à l’écoute, c’est pas mal. Oui, mais non, non, non, non. Alors, les Français ont beaucoup, beaucoup de qualités. Oui, on a des caractéristiques, mais que je ne citerai pas.
Mais comme d’autres, comme d’autres, nous sommes tous des êtres humains. Nous avons tous la capacité de nous adapter, de nous écouter, de nous entendre. Voilà, pas de pas de jugement hâtif sur les Français à l’international. On en a parlé déjà tous les deux. On a aussi quand même, pour les Français de France, beaucoup de clichés sur ce qu’est un expat.
Toi qui en envoies dans le monde entier, un repas de famille, tu dois bien avoir quelqu’un à la table qui dit voilà, il part pour les impôts. Il y a tous ces clichés qui ne sont pas du tout éradiqués aujourd’hui. Complètement, complètement. Mais ça, ça pourrait faire l’objet d’un podcast complet. Oui, il faut arrêter d’imaginer que l’expatrié, c’est celui qui a plein d’argent et à qui on paye tout.
Non. Je ne dis pas que ça n’existe pas, ça existait aussi avec des très très beaux packages. OK, mais ça, c’est que l’aspect financier. Moi, j’invite tous ceux qui critiquent et qui ont des jugements hâtifs de ce type de prendre leur valise. et d’aller vivre l’expatriation, parce que ce n’est pas si simple, parce que je pense à certains pays dans lesquels on ouvre le robinet le matin et il n’y a pas d’eau.
Il faut être hyper agile et résilient pour se dire que ce n’est pas grave, il y a d’autres choses plus importantes, ou des pays malheureusement dans lesquels il y a des conflits et ça peut être dangereux, il y a un niveau d’insécurité important. Vraiment, les Français en France qui ont ces idées-là, je les invite à partir et aller découvrir le monde. Ce n’est pas si simple que ça d’être expat. Gare au cliché. Merci Ludivine.
Pour cet échange, ça a été passionnant. Au plaisir de te retrouver. Mais avec plaisir. Au revoir.

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