« Les nouvelles voix « de Berlin avec Raphaelle Dedourge

.
Comment un amour pour les langues peut-il transformer une vie ?

Dans cet épisode captivant de « 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde », Gauthier Seys explore avec son invité, Raphaël Dedourge, la question de l’attraction irrésistible qu’exerce une ville sur une personne. Pourquoi Raphaël, originaire du sud de la France, a-t-il choisi de s’installer à Berlin ? Qu’est-ce qui l’a poussé à embrasser une vie multiculturelle et à explorer le monde à travers les langues ? Ces questions intrigantes ouvrent la porte à une conversation riche sur la vie d’expatrié et les aventures qui en découlent.

Raphaelle Dedourge est une figure fascinante, ayant passé sa vie à voyager et à travailler dans le domaine du journalisme et de la traduction. Sa passion pour les langues l’a emmenée dans des endroits aussi divers que l’Angleterre, New York, et bien sûr, Berlin, où elle réside actuellement. En plus de son travail dans la traduction littéraire, Raphaelle a également été manageuse d’un groupe de rock, voyageant à travers l’Europe et les États-Unis. Elle est aussi à la tête de sa propre agence de traduction, The Good Version, et a traduit plus de 23 romans à ce jour.

L’épisode explore divers sujets, notamment l’impact de l’intelligence artificielle sur le domaine de la traduction et l’importance de conserver une « intelligence humaine » dans ce métier. Raphaelle partage également son engagement envers l’égalité des genres à travers son association « Les Nouvelles Voix« , qui soutient les femmes francophones entrepreneures à Berlin. Le podcast se termine sur une note inspirante, soulignant l’importance de la communauté et du partage d’expériences entre expatriés pour enrichir la vie personnelle et professionnelle.

.
Agende de traduction :
https://www.thegoodversion.fr/
Association :
https://lesnouvellesvoix-berlin.org/

.

Podcast n°2526 (juin 2025) produit par Francaisdanslemonde.fr: Radios & podcasts pour les Francophones qui se préparent ou qui vivent la mobilité internationale. Appli mobile gratuite disponible pour Android & Apple, recherchez FRANCAIS DANS LE MONDE. Crédit photo : Julie Meresse.

.
Chapitrage de l’épisode :
0:00:01 – Introduction et Présentation de l’invité
0:00:21 – Attirance pour Berlin
0:01:01 – Parcours Éducatif et Professionnel
0:02:06 – Expérience de Manager de Groupes de Rock
0:03:06 – Vie à Berlin
0:04:30 – Installation et Vie d’Expatrié à Berlin
0:05:45 – Lancement de sa Société et de son Association
0:07:54 – Impact de l’IA sur la Traduction
0:08:52 – Présentation de l’Association Les Nouvelles Voix
0:09:56 – Engagement pour les Femmes Entrepreneurs
0:10:30 – Expérience en Interprétation Simultanée
0:11:01 – Conclusion et Remerciements
.

Transcription IA du podcast :

Vous allez plonger au coeur d’une nouvelle histoire inspirante. Bienvenue dans
10 minutes, le podcast des Français dans le Monde. Je suis Gauthier Seys et j’ai le plaisir
de passer 10 minutes avec Raphaëlle Dedourge, direction Berlin.
– Sans réellement savoir pourquoi, mon invitée a été irrésistiblement attirée par la
capitale allemande. C’est depuis Berlin qu’on va retrouver Raphaëlle. Bonjour et
bienvenue.
– Bonjour Gauthier.
– Content de faire ta connaissance, on salue Anne qui nous a mis en relation, qui m’a
dit : il faut absolument que Raphaëlle vienne parler, notamment de son association
Les Nouvelles Voix, chose que l’on fera en fin d’interview. Mais si tu veux bien, on
commence par le Var. On retourne dans le Sud de la France, d’où tu es native. La
France n’est pas si loin que ça aujourd’hui. Tu peux y aller facilement.
– Oui, pour le coup, l’Allemagne et la France sont vraiment des pays très voisins.
– Même s’il y a pas mal de divérences culturelles.
– Absolument. Mais on peut dire que quand on passe du temps entre les deux, on
devient quasiment une personnalité multiculturelle.
– Et une vraie Européenne.
– Et une vraie Européenne.
– Tu fais des études de langue pendant une petite dizaine d’années. Ces études vont
te permettre de voyager avec des années en Allemagne, un an en Angleterre, tu iras à
New York, tu iras également à Bruxelles. Le tout pour revenir finalement t’établir et
commencer à travailler à Paris dans le domaine du journalisme et de la traduction.
Cette passion pour les langues, c’est forcément toucher à l’international. C’était
familial ou c’est venu de toi ?
– C’est venu de moi. Et ça m’a vraiment ouvert toutes les portes, c’est-à-dire que mon
amour pour les langues m’a fait découvrir la musique, par exemple en vivant en
Angleterre au milieu des années 90 ou en vivant à New York. Et en passant aussi une
année entre Berlin et Dresde, j’ai eu le coup de coeur qui a fait que non seulement je
travaille dans les langues, mais j’ai aussi passé des années à l’étranger dans cinq
pays divérents.
– Alors tu vas avoir en evet un autre métier, manageuse de groupes de rock. Ça, ça va
être sympa, tu vas pouvoir prendre la route pour te balader de date en date, des
tournées en Europe et aux USA. Bon, le groupe, c’est pas devenu Rage Against The
Machine, mais ça t’a permis quand même de vivre des moments sympas.
– C’est une expérience extraordinaire. Le groupe était en développement. Quand je l’ai
pris en management, on s’est tout de suite tournés vers l’international. Il a signé
dans un label à Los Angeles. Le label nous a payé un appartement à New York. C’est
le grand rêve. Quand on aime la musique et vivre à l’étranger, c’est le rêve.
– Et puis après, c’est les soirées de concert, les fêtes après concert, le lendemain,
prendre la route dans le bus. Enfin, c’est une vie, on a du mal à imaginer, mais une
vie de rocker, c’est quand même pas de tout repos.
– Absolument, moi j’avais l’avantage d’être la manageuse, donc j’étais la personne
raisonnable, j’étais la personne qui conduisait le tour bus, qui réveillait les garçons le
matin et j’avais l’avantage aussi de vivre toutes les victoires, les succès, les
réussites, à chaque fois que le groupe avait conquis de nouveaux publics, décroché
de nouveaux contrats.
– Et puis deux coups de coeur, un pour un futur mari qui est musicien, qui vit à Paris,
mais qui enregistre à ce moment-là à Berlin, qui aime beaucoup cette capitale. Et
puis Berlin, donc le deuxième coup de coeur. Tous les deux, vous savez qu’un jour
vous y vivrez. Finalement, vous y installez en 2017 avec votre enfant. Là, c’est la vraie
vie où on pose ses bagages et où on explore la vie d’expatrié.
– Absolument. Donc là, on est trois. On fait la bascule entièrement au niveau
administratif, au niveau scolaire. Pour lui, ça veut dire retrouver d’autres personnes
pour monter un nouveau groupe. Et puis pour moi, c’est plus simple parce que je
suis à la tête d’une agence de traduction, donc je peux travailler d’où je veux.
Pourquoi pas joindre l’utile à l’agréable à Berlin.
– Alors on me dit souvent que Berlin, c’est en Allemagne, oui, mais ce n’est pas
forcément être allemand que de vivre à Berlin. C’est une ville extrêmement
multiculturelle, extrêmement étendue. Tu es dans quel coin de Berlin et pourquoi tu
aimes autant cette capitale ?
– À Berlin, en ce moment, je ne sais pas si on t’en a parlé, mais il y a une crise du
logement tellement forte qu’on choisit rarement le quartier dans lequel on vit. Je
crois que j’ai eu beaucoup de chance parce que dans les quatre premières années,
je n’ai déménagé que trois fois. Et trois fois entre Prenzlauer Berg, le quartier des
familles, et Mitte, qui est le quartier des galeries. Et je vis actuellement à Mitte et
j’aime tout de Berlin. Ce serait trop long d’expliquer pourquoi Berlin a un evet
magique, je crois, sur les gens qui y vivent.
– Alors évidemment, son histoire, ce qui s’est passé après la chute du mur, tout ça a
fait que c’est une ville pas comme les autres. Tu m’as dit : on peut y trouver ce qu’on
cherche.
– Oui, j’ai l’impression, à la fois pour les personnes qui cherchent à avoir une vie
nocturne, Berlin est dans le top 3, je pense, des villes dans le monde entier. Pour la
qualité de vie, je dirais les espaces verts, les espaces pour les enfants, il y a vraiment
une sensation aussi de pouvoir prendre son temps, tout en ayant un evet inspirant,
un evet énergisant, je dirais.
– Alors en attendant, lorsque tu t’installes là-bas, tu vas lancer une association
importante, on va en parler ensemble, ça s’appelle Les Nouvelles Voix, et puis
également ta société de traduction, The Good Version, avec plus de 23 romans
traduits à ce jour. On a échangé sur un sujet qui est l’intelligence artificielle. Juste
avant de prendre le direct pour cette interview, on y revient tout doucement parce
que la traduction, évidemment, elle est impactée par ce sujet. Mais toi, tu
revendiques de ne pas l’utiliser.
– Absolument, j’en fais ma marque de fabrique notamment parce que ma profession,
c’est la traduction littéraire et là, l’intelligence artificielle est encore loin derrière,
mais aussi en tant que traductrice pour des clients. Les clients, dans mes secteurs,
qui sont les arts, la culture et le luxe, sont déjà revenus vers moi. C’est-à-dire qu’ils
ont constaté d’eux-mêmes, les clients exigeants, que dans le marketing par
exemple, la machine, elle n’y est pas. C’est-à-dire que leur produit, s’ils veulent le
vendre, il leur faut une intelligence humaine. Donc, moi, ce n’est pas divicile, j’ai
25 ans de métier et ce que j’ovre en termes de plume, de poésie, d’allusions,
d’humour… pour ça, l’intelligence artificielle, elle n’est pas au niveau.
– Heureusement, l’ordinateur n’est pas aussi intelligent que l’être humain. Et on voit
bien que ça nivelle plutôt les choses vers le bas. Mais je suppose que c’est quand
même un mur, cette IA. On le sent, on le frôle quand même.
– Je ne sais pas, je ne saurais pas lire dans l’avenir, mais nous, les traductrices, on l’a
vu passer et il y a eu déjà une vague de départs de clients. Je dirais que ce sont les
clients les moins exigeants, mais les plus exigeants sont revenus. Donc, on a déjà
fait un cycle.
– Alors maintenant, les Nouvelles Voix, c’est une association, alors nous c’est loi
1901, je suppose que c’est pas tout à fait la même chose pour vous, mais à peu près
l’équivalent, reconnue d’utilité publique, notamment pour la promotion de l’égalité
des femmes.
– L’égalité des genres, oui. C’est ça, des femmes et des hommes, c’est exactement ça.
C’est notre label et on est une communauté de femmes francophones qui vivent à
Berlin et soit freelance, soit qui ont monté leur entreprise et on se retrouve chaque
semaine pour faire des événements, soit de networking, soit pour échanger des
compétences, sur des thèmes aussi variés que la déclaration d’impôts, mieux
utiliser Excel, et des choses aussi plus personnelles qui concernent notre vie de
femme, parfois de mère, et le fait d’être aussi notre propre boss.
– Alors évidemment, c’est un réseau qui se crée. On a un chivre de femmes
entrepreneures à Berlin aujourd’hui ? On a un nombre ?
– Oui, j’ai créé un groupe Facebook privé, dans lequel pour rentrer il faut expliquer si
on est bien à Berlin, femme, freelance et francophone, et on est 1200. Dans
l’association, si on veut cotiser, donc participer à tous les événements, c’est 15€ par
an et on est 120 membres.
– Alors tu me précisais tout à l’heure qu’en evet vous êtes plutôt en mode de troc,
c’est plutôt une activité bénévole, voilà l’idée c’est vraiment de s’enrichir de
l’expérience des autres sans être un business.
– Entièrement.
– Alors je pense que grâce à toi, on devrait pouvoir rencontrer quelques personnalités
sympathiques de femmes expats basées à Berlin, à suivre sur la radio des Français
dans le Monde. En tout cas, tu as découvert le média récemment, donc du coup,
grâce à Anne, toi tu es dans l’écriture, l’audio t’inspire aussi.
– J’ai eu une petite expérience quand j’étais interprète simultanée. À Paris, j’ai eu la
possibilité de travailler à la radio et à la télé. Je faisais de l’interprétation simultanée
pour, à nouveau, la musique. PJ Harvey, Marianne Faithfull, Scorsese, McCartney.
– Alors là, il faut expliquer, c’est quand l’invité est sur le plateau, l’animateur parle en
français, l’invité a une oreillette et toi, tu traduis à ce moment-là. Et lorsqu’il répond,
tu donnes la version française en direct live. Ça doit pas être simple quand même
comme expérience.
– Très compliqué.
– Surtout quand c’est un discours de Macron où il dit plein de mots hyper compliqués.
Je ne sais pas si tu as remarqué, souvent les traducteurs doivent pleurer parce qu’il
met des mots en latin, etc. Ça ne doit pas être simple. Et souvent, forcément, je suis
ces traductions quand c’est en live. C’est un sacré exercice.
– Oui, c’est un vrai métier compliqué que je ne fais plus. Je me consacre maintenant
uniquement à la traduction, donc l’écriture.
– D’accord. Avec un temps un peu plus posé.
– C’est ça.
– Raphaëlle, merci d’être intervenue sur la radio. Au plaisir de te retrouver et donc de
me présenter quelques profils inspirants sur notre antenne. À très vite.
– Volontiers et à très bientôt.
.
Podcasts à ne pas louper !