La réforme de la Moudawana : une petite révolution marocaine (2)

La réforme de la Moudawana à venir est au centre de toutes les discussions au Maroc depuis plusieurs mois. Dans la 9e destination choisie par les Français de l’Etranger, qui est par ailleurs le seul pays musulman dans le top 10, la révision du Code de la famille annoncée par le roi Mohammed VI se fait attendre.

Alors… Quels sont les articles en discussion, les avancées proposées par les différents partis, les points de vue réfractaires… ?

Tout d’abord, au cœur de cette réforme se pose la question de l’égalité face à l’héritage. La règle actuelle du Taâssib, considérée par certains milieux conservateurs comme sacrée, consacre une double part d’héritage pour les frères, par rapport à leurs sœurs. Cette règle est encore en vigueur alors même que le principe d’égalité entre les hommes et les femmes est inscrit dans la Constitution marocaine depuis 2011.

La question du mariage des mineurs est aussi à l’ordre du jour. Bien qu’illégaux depuis 2004, ces mariages sont encore autorisés sur exception par des juges. Si la plupart des partis souhaitent aujourd’hui leur interdiction totale avec incrimination, l’Istiqlal ou encore le PJD souhaitent conserver un régime d’exception, dès 16 ans pour l’un et 15 ans pour l’autre.

La polygamie, elle aussi, est au coeur des échanges. Si la plupart des partis souhaitent l’interdire totalement, les 2 mêmes partis réfractaires s’opposent à son abolition et le PJD souhaite même supprimer la clause qui impose à l’homme de justifier ses capacités financières pour prendre en charge plusieurs épouses. Il s’agit d’une question épineuse, la polygamie étant autorisée dans le Coran.

A l’exception du PJD, une fois de plus, la plupart des partis s’accordent sur l’expertise génétique par ADN pour reconnaître la parenté présumée d’un enfant né hors mariage. Aujourd’hui, de nombreuses femmes marocaines se retrouvent seules, ostracisées et sans autorité administrative effective sur leur enfant, et ce, même après un viol, lorsque le père reste inconnu.

Dans l’actualité récente, il a été rappelé, au grand dam de nombreuses associations féministes, que la révision du Code devrait bel et bien être soumise à une fatwa, c’est à dire à un avis religieux émis par les Oulémas, avant d’être votée au Parlement.

Plus que jamais attendu par de nombreux marocains et marocaines, le vote de cette révision sera loin d’être un long fleuve tranquille.

60 secondes EXPAT par Eva Savarieau (Juillet 2024) produit par www.FrancaisDansLeMonde.fr , 1ère plateforme multimédia d’aide à la mobilité internationale. Ecoutez nos radios et nos podcasts « Expat » en installant l’application mobile gratuite. 

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