Julia Tatin : L’agriculture au féminin au Maroc

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Comment une Parisienne passionnée d’agronomie a-t-elle trouvé sa vocation au Maroc ?

Dans cet épisode captivant de « 10 Minutes, le podcast des Français dans le Monde », Gauthier Seys nous emmène à la rencontre de Julia Tatin, une Française qui a quitté Paris pour s’installer à Agadir, au Maroc. Pourquoi une jeune femme issue d’une famille parisienne, avec un parcours académique en agronomie, a-t-elle choisi de poser ses valises dans ce coin du monde ? Julia partage son parcours unique, ses motivations profondes pour vivre à l’étranger, et les défis qu’elle a relevés en s’installant dans un pays qu’elle ne connaissait pas auparavant.

Julia Tatin est une professionnelle passionnée par l’agronomie et la gestion de l’eau, avec une expérience internationale impressionnante. Après des stages en Inde, Indonésie et Chili, elle a finalement trouvé sa place au Maroc, où elle s’est engagée dans un projet de volontariat international en entreprise. Aujourd’hui, elle est reconnue pour son travail innovant dans l’agriculture durable, notamment par l’utilisation d’engrais organiques et d’huiles essentielles pour remplacer les antibiotiques. En 2020, elle a fondé AgritenTech, une entreprise qui accompagne les agriculteurs marocains dans la transition vers des pratiques agricoles plus durables.

Cet épisode aborde des sujets variés autour de l’agriculture durable et de l’entrepreneuriat féminin. Julia nous parle de son engagement à soutenir les agriculteurs locaux face aux défis climatiques et économiques, et de son combat pour la reconnaissance des femmes dans le secteur agricole. Elle souligne l’importance de la protection des pollinisateurs, notamment les abeilles, pour garantir la sécurité alimentaire mondiale. En tant que lauréate des « Trophées des Français au Maroc », Julia incarne l’impact positif qu’une passion pour l’innovation et la durabilité peut avoir, non seulement sur sa propre carrière, mais aussi sur les communautés qu’elle sert.

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https://agritentech.com/

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Chapitrage de l’épisode :
0:00:01 – Introduction au podcast et présentation de l’invitée
0:00:42 – Départs et voyages de Julia
0:01:61 – Début de carrière et premières expériences à l’étranger
0:01:107 – Découverte et coup de cœur pour le Maroc
0:02:163 – Adaptation et évolution au Maroc rural
0:04:257 – Transition vers l’entreprenariat dans l’agriculture durable
0:06:367 – Accompagnement des agriculteurs et innovations
0:07:475 – Encouragement et soutien aux femmes dans l’agriculture
0:08:587 – Importance des abeilles et pollinisation dans l’agriculture
0:09:633 – Formation et sensibilisation à la protection des insectes
0:11:662 – Conclusion et remerciements
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Transcription IA du podcast :

Vous allez plonger au cœur d’une nouvelle histoire passionnante et inspirante. Bienvenue dans 10 Minutes, le podcast des Français dans le Monde. Je suis Gauthier Seysse et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Julia Tatin. Direction Agadir, au Maroc.
Une famille parisienne, tout le monde à son petit train-train dans la capitale. Julia voulait, elle, voir du pays. C’est réussi aujourd’hui, établi au Maroc. On la retrouve dans le cadre de notre partenariat avec Le Petit Journal. Les équipes du Petit Journal m’ont dit, interroge Julia, tu vas voir, ça va être passionnant.
Bonjour et bienvenue Julia. Merci beaucoup et merci pour cette introduction. C’est vrai que dans la famille, t’es la seule à avoir eu la bougeotte. Oui, au final, je suis la seule à avoir eu cette envie dès mon plus jeune âge de voyager et de découvrir d’autres cultures. La seule, ça c’est clair.
Alors tu fais des études d’agronomie avec une spécialisation dans la gestion de l’eau. Très vite, ce sont les pays en voie de développement qui vont te passionner. Donc très vite, tu sais que tu vas devoir faire un jour ta valise. Oui, de toute façon, ça a toujours été mon rêve. J’ai toujours voulu travailler à l’étranger.
J’ai fait plusieurs stages pendant mes études. Je suis partie trois mois en Inde, trois mois en Indonésie. J’ai vécu quasiment un an au Chili. Et donc, je le savais, ça a toujours été ma vocation de vivre à l’étranger. Alors, tu avais un choix, c’était l’Amérique latine.
Bon, c’est un peu loupé, Julia, puisque ton premier travail, ce sera au Maroc. Et finalement, c’était il y a quelques années. Tu as définitivement posé tes valises. C’était une surprise, finalement, ce coup de cœur pour le Maroc. Ah oui, complètement.
Je n’avais jamais mis les pieds avant cela au Maghreb. Je ne connaissais pas du tout. Mais je cherchais du travail, comme n’importe quel jeune qui sort avec son premier diplôme. Et puis, il y avait un poste comme ça pour une société française qui cherchait un VIE. un volontariat international en entreprise, pour développer à l’époque, on parle d’il y a quasiment 20 ans, un produit biologique.
Déjà, ça m’avait attiré. Et donc, il voulait quelqu’un qui parlait espagnol parce qu’à l’époque, dans la région d’Agadir, il y avait beaucoup d’agriculteurs espagnols qui s’étaient implantés. Et donc, ça correspondait bien à mon profil. Je parlais espagnol, français, anglais, un produit biologique. Je me suis dit, allez hop, on y va.
Deux ans, c’est court. Et puis, ça fait une bonne première expérience. Et c’était il y a 18 ans donc finalement ça s’est plutôt bien passé. Est-ce que tu te souviens si tu te replonges il y a 18 ans, ton arrivée, qu’est-ce que tu t’es dit au début ? Il y a eu coup de foudre directement ou un petit temps d’adaptation ?
Je pense qu’il y a eu un petit temps d’adaptation parce que le Maroc, il y a 20 ans, ce n’était pas le Maroc d’aujourd’hui. En plus, moi, j’ai tout de suite été dans la partie agricole. Donc, il faut se dire qu’à l’époque, voilà, on est arrivé. Je suis arrivé dans des endroits où on n’avait pas Internet. Limite, c’était compliqué d’avoir le téléphone là-bas.
Enfin, c’était vraiment le Maroc rural. Donc, il y a eu un petit temps d’adaptation, mais par contre, ce qui m’a tout de suite captivée, c’était le challenge et l’énergie qu’on ressentait au Maroc pour le business, toute cette volonté, ce développement. Ça fait 20 ans que je vais au Maroc aujourd’hui et à aucun moment, je n’ai pas vu le Maroc évoluer. Et je pense que c’est ça qui m’a porté et qui m’a fait rester en fait et qui me fera rester maintenant jusqu’à, bon, j’espère jusqu’à la fin de ma vie, mais voilà. Tu as même dit pour les équipes du Petit Journal, je ne peux pas quitter Agadir.
Il y a quelque chose de magique ici. C’est quoi ? Ça, c’est vrai. Alors ça, c’est vraiment… Des fois, je me dis maintenant qu’en m’entendant parler, on a l’impression que c’est moi qui suis une Gadirie depuis toujours.
Mais oui, même aujourd’hui, le business me porte dans des régions comme Kaza ou Rabat ou le nord du Maroc. Et pourtant, Agadir, ça reste ma ville de cœur. Je ne sais pas, beaucoup de gens le disent. Je pense que parce que mine de rien, ça reste une petite ville, une famille, on va dire, tout le monde se connaît. Je ne sais pas, je ne serai pas expliquée.
2019-2020, une petite évolution. Tu vas laisser le gros groupe français et puis tu vas te mettre à ton compte. Tu as envie d’accompagner des éleveurs, des agriculteurs pour faire évoluer l’agriculture marocaine. Je pense que tu as bien fait de le faire, c’est chose faite. Oui, je pense que beaucoup de gens le disent, quand on arrive à la fin de la trentaine, début de la quarantaine, on a envie de faire des choses qui nous ressemblent le plus.
En tout cas, moi, c’est tout à fait ce qui s’est passé. J’ai passé 13 années de challenge. On n’a pas arrêté, on s’est développé. C’était vraiment incroyable. On est arrivé jusqu’à plus de 1 000 hectares au Maroc.
On gérait plus de 4 500 employés. J’étais directrice adjointe. C’était vraiment une opportunité de fou. mais il y a eu un moment où j’avais envie de revenir à mes bases, à mes valeurs, à accompagner des agriculteurs sur le terrain, des éleveurs, pouvoir proposer des produits qui étaient durables, trouver des solutions pour eux dans ce monde qui est en train de changer, où on est attaqué par tous ces changements climatiques, l’augmentation des coûts, et j’avais besoin de me retrouver de nouveau sur le terrain. Et tu as travaillé avec des engrais organiques, des huiles essentielles pour remplacer les antibiotiques.
Quitte à faire le boulot, autant bien le faire. Oui, j’avais envie d’amener des choses qui… De toute façon, j’avais besoin d’être différente de ce qui était proposé sur le marché. Parce que je suis une femme, parce que je suis française, parce qu’il y a déjà des énormes groupes qui sont installés depuis très longtemps et qui proposent déjà plein de produits agricoles. Voilà, ça ne sert à rien que je vienne avec la même chose. Donc, j’avais envie de faire la différence et de proposer des choses qui étaient différentes.
Voilà, c’est pour ça que je suis arrivée avec des gammes de niches, on va dire. Les huiles essentielles étant vraiment le produit auquel j’ai cru pour remplacer les antibiotiques dans les élevages et auquel j’accompagne beaucoup d’élevages aujourd’hui et pas qu’au Maroc, c’est en train de se développer, au Mali, au Burkina, au Sénégal, donc c’est des choses dont je suis fière d’avoir développé. Mais dis donc Julia, on parlait du fait d’être une femme, on l’a tous remarqué dans cette interview, mais quand on regarde les chiffres, 1% des femmes en milieu rural sont propriétaires des terres agricoles, 7% des exploitations agricoles marocaines sont gérées par des femmes, il y a un autre combat aussi alors finalement ? Oui, c’est vrai que ce n’est pas facile, bien sûr, que ce soit en Europe ou que ce soit au Maroc ou ailleurs. Par contre, on est accepté quand on est sur le terrain, qu’on montre de la compétence et tout ça.
Les gens nous reçoivent et nous écoutent et travaillent avec nous sans aucun problème. Et ce que je trouve bien, en tout cas j’espère être un exemple et pouvoir donner l’envie à d’autres femmes de s’installer et de se lancer dans leur projet parce qu’au final, je pense que si moi j’y arrive, en plus au Maroc, dans l’agriculture, je me dis que tout le monde, en tout cas ça peut donner l’envie à d’autres d’y croire et de se mettre aussi à leur compte. En tout cas, tu es lauréate, le petit journal pour les trophées des Français au Maroc, grâce à la fondation en 2020 de Agriten Tech. Un beau cadeau pour saluer ton parcours de Paris jusqu’au Maroc aujourd’hui. Tu as dû brandir ce prix avec une certaine fierté.
Oui parce qu’au final, en fait, souvent j’accompagne les gens et là pour une fois, c’est vrai, on a une petite fierté parce que pour une fois, d’un coup les gens me disaient c’est ton parcours, c’est ce que tu fais alors que moi souvent je mets en valeur, je fais beaucoup de formation, de la pédagogie pour développer les autres, accompagner les gens. Et là, tout d’un coup, que ce soit un peu le contraire, et que tout le monde me dise, t’as vu tout ce que tu fais. Des fois, nous, on est dans notre quotidien. Bien sûr, je suis entrepreneur, donc il y a GDO et GDB, comme tout le monde. On ne va pas se mentir, la vie n’est pas… On a des combats de tous les jours.
Et là, tout d’un coup, d’avoir ce prix, ça m’a donné encore plus de courage et d’espoir de me dire que j’étais dans la bonne voie. Est-ce que tu étais la reine de la ruche ce jour-là, lorsque tu as eu ton prix ? Je te parle abeille parce que je sais que c’est quelque chose qui te tient particulièrement à cœur. Même si je ne suis pas sûr que les termes soient bons, je ne suis pas un apicologue. Non mais par contre c’est vrai, c’est un des premiers projets que j’ai lancé parce qu’en fait j’ai monté ma société, un mois après je suis tombée dans le Covid, donc tout s’est un peu arrêté et donc j’avais plein de produits qui devaient arriver mais où il fallait avoir un temps d’homologation et tout ça et donc à un moment il a fallu que je réoriente un peu mon activité.
et là je me suis lancée en attendant dans la pollinisation parce que c’était important pour moi d’accompagner les agriculteurs pour avoir des ruches plus fortes, une meilleure pollinisation, de meilleur rendement et que c’était un moyen simple pour déjà gagner en rendement et économiquement. Petit à petit, je me suis vraiment développée là-dessus. J’ai pu commencer à montrer tout le bienfait des huiles essentielles grâce à mes ruches. Et c’est vrai, aujourd’hui, ça me tient à cœur parce qu’on sait que la sixième extinction de masse, ce sont les pollinisateurs. On sait que sans les pollinisateurs, il n’y a plus d’agriculture demain.
Et je trouve que malgré tout ce qu’on peut dire dans les médias, sur le terrain, on n’a pas encore pris assez conscience de l’importance de protéger les abeilles, mais tous les insectes. Et c’est pour ça qu’aujourd’hui, j’ai vraiment développé une partie de mon activité dans la formation pour les agriculteurs, pour les apiculteurs, mais aussi je fais beaucoup de sensibilisation auprès du grand public parce qu’on sait que c’est les agriculteurs ou en tout cas les consommateurs de demain. Julia, je suis un peu candidate dans ce domaine, pourquoi la veille est si importante ? On sait aujourd’hui que 75% de notre alimentation, de nos fruits et de légumes sont pollinisés par des abeilles, mais par des insectes. Il y a à peu près plus de 1,3 million d’insectes qui sont recensés à travers le monde.
Sans ces abeilles ou ces insectes pollinisateurs, on ne mange plus. Par exemple, je donne souvent un exemple, le cacao, plus de chocolat. Le coton, sans abeilles, plus d’habits. Donc, il y a énormément de fouets de légumes qui sont pollinisés et sans ça, c’est la fin de l’agriculture. Et aujourd’hui, et surtout en plus en ce moment où on parle de développer l’agriculture, d’avoir des pays qui sont autosuffisants.
Donc, on met en place des terrains, des stations pour dessaliniser l’eau. On parle de tout ça, mais l’insecte en lui-même, sans lui, on peut avoir la meilleure fertilisation, tout ce qu’on veut autour, mais s’il n’y a plus d’insectes, de toute façon, où va-t-on ? C’est pour ça que c’est important de les protéger. En tout cas, bravo pour le chemin parcouru depuis ces 20 années au Maroc. Tu reviens un peu en France de temps en temps quand même ?
Oui, de temps en temps, l’été, l’hiver, bien sûr. Non, non, bien sûr, la France reste quand même mon pays de cœur. Très bien, bravo en tout cas pour ce prix des trophées des Français au Maroc. Bravo pour le travail fait sur place et au plaisir de te retrouver sur la radio des Français dans le monde. Merci beaucoup.
Merci.
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