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Comment se réadapter à son propre pays après des années passées à l’étranger ?
Hugo Bertrand, l’invité de cet épisode, est un Français qui a passé la majeure partie de sa vie à l’étranger, vivant dans des pays aussi divers que l’Angleterre, l’Espagne, le Japon, l’Allemagne, les États-Unis et Malte. Né à Brest, il a déménagé à Londres à l’âge de deux ans et a ensuite vécu dans plusieurs autres pays, ce qui lui a donné une perspective unique sur la vie internationale. De retour en France, à Marseille, Hugo partage son parcours et ses réflexions sur ce que signifie être un « Français décalé », un terme que certains lui ont attribué en raison de son expérience internationale.
Cet épisode se concentre sur le parcours fascinant d’Hugo et les défis qu’il a rencontrés en revenant en France. Il aborde les différences culturelles, l’adaptation aux codes sociaux français, et la manière dont ses expériences à l’étranger, notamment au Japon, ont façonné son ouverture d’esprit. Hugo partage également ses projets créatifs actuels, notamment son travail d’écriture et de production de vidéos inspirées par ses voyages. À travers ce récit, les auditeurs sont invités à réfléchir sur l’impact de la mobilité internationale sur l’identité personnelle et professionnelle, et sur la manière dont on peut tirer parti de ces expériences pour enrichir sa vie en France.
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Chapitrage de l’épisode :
0:00:01 – Introduction et Présentation d’Hugo Bertrand
0:00:52 – Parcours International d’Hugo: Londres, Barcelone, Madrid
0:01:83 – Retour en France et Challenges d’Adaptation
0:02:162 – Impact du Japon sur Hugo: Ouverture d’Esprit et Gratitude
0:03:182 – Expérience à Berlin: Défis et Santé Mentale
0:05:394 – Comparaison entre la France et l’Allemagne: Perception et Conformisme
0:07:448 – Installation à Marseille et Dynamisme de la Ville
0:08:507 – Défis Administratifs en France
0:09:575 – Passion pour le Storytelling et Création de Contenu
0:10:629 – Conclusion et Remerciements
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Bienvenue dans 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde, pour aider tous ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent de mobilité internationale. Comme mon invité, je suis Gautier Saïs et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Hugo Bertrand. On part à Marseille. 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde. C’est un français décalé qui a plus vécu à l’international que dans son pays natal.
Il est de retour. Il est établi à Marseille. Aujourd’hui, on va revenir sur son parcours. Bonjour, Hugo. Bonjour, Gauthier.
Merci de m’avoir invité. Un français décalé. C’est les autres qui ont dit ça de toi quand tu étais en France. Ouais, certains me le disent, ouais. On me dit que j’ai un accent aussi, on me dit que je comprends pas certains codes, mais bon bah faut jouer le jeu, c’est pas non plus très grave, ça va.
Faut dire qu’autour de la trentaine t’as pas beaucoup vécu en France jusqu’à aujourd’hui. Ouais, c’est correct. Donc, je suis né à Brest, mais à 2 ans, j’ai déménagé à Londres, en Angleterre, où j’ai vécu 10 ans. Je suis quand même allé au lycée français. À 12 ans, j’ai déménagé en Espagne, car ma mère est moitié espagnole.
Donc, on était à Barcelone pendant 12 ans. J’ai beaucoup aimé. J’ai fait mes études à Madrid. Puis après, je suis parti au Japon, en Allemagne, aux États-Unis, à Malte. Et voilà, donc beaucoup voyager, beaucoup parler anglais.
Et puis, à Maths, j’ai eu des problèmes de santé à cause du Covid aussi. Et en fait, je voyais que je ne parlais pas assez ma langue. Et du coup, c’est pour ça que j’ai choisi de rentrer en France. Quand on est français de souche mais qu’on n’y a pas beaucoup vécu, tu dis les codes. Qu’est-ce qui, par exemple, bloque quand tu échanges avec quelqu’un ?
Ton ouverture d’esprit, forcément, tout le monde ne l’a pas. Là où tu vois des blocages, c’est où ? En fait, moi, je ne vois pas. Moi, je ne suis pas très conscient, mais parfois, on le voit dans mon visage parce que je ne réagis pas de la même manière à une blague, par exemple. ou je sais pas, des petites choses comme ça, vraiment.
Mais bon, c’est pour le… c’est très petit. Donc moi, je fais pas de soucis, mais certains copains me font remarquer. En tout cas, quand on est français, qu’on a vécu dans autant de pays dans le monde, on a un cerveau qui a changé un peu. Le mindset est différent pour toi par rapport aux Français de Marseille que tu croises au quotidien.
C’est possible. Surtout, mon expérience au Japon m’a permis d’ouvrir mon esprit parce que c’est vraiment une culture très différente. Le langage, l’alphabet, c’est très, très, très intéressant. Et ouais, certes, parfois je peux le remarquer. Après, le Marseillais, enfin, je trouve qu’il est très ouvert et il écoute lui-même.
Moi, je pense que la vraie ouverture d’esprit, c’est pas que le voyage, c’est aussi la curiosité, l’imagination. C’est pas forcément le voyage. Moi, je pense Je crois que c’est Raymond Devoz qui disait, on voyage plus en imaginant que en… Parce que je veux dire, moi en Espagne, j’ai connu des gens qui ont bien voyagé, ils sont vraiment fermés d’esprit. Ça fait pas tout, quoi.
Ça fait pas tout, voilà. Revenons sur tes 20 ans au Japon. Tu disais que tu étais un enfant un peu introverti et que le Japon t’a changé. Pourtant, on me dit souvent que les différences culturelles, on est dans un autre monde. Qu’est-ce qui a fait qu’il y a eu un déclic là-bas ?
Curieusement, je ne sais pas. Je ne sais pas, mais je suis arrivé. C’est une université japonaise qui est un grand centre international. Et puis, c’est très facile de se faire des copains. Et puis, je ne sais pas, les copains, les copines, la culture, la bouffe, surtout apprendre la langue, ça m’a fait du bien.
Et puis, c’est une culture très disciplinée, mais très flamboyante, on va dire. Enfin, moi, comme je le dis, mais Je ne sais pas très bien comment répondre, mais c’est là aussi que j’ai appris le pouvoir, l’importance de la gratitude. C’est la première fois où je me disais la chance que j’ai, à 20 ans, d’être au Japon, à l’autre bout du monde, et de voir que mes parents ont pu m’offrir ce voyage, c’était extraordinaire. C’est vrai que tes parents quand même ont donné la fibre internationale et cette envie de bouger. Eux-mêmes sont maintenant établis à Malte.
Tu as vécu quelques années, bien que tu considères qu’on peut s’ennuyer sur cette petite île européenne. Ouais, bon, je veux pas dire que du mal sur Malte. Ça reste un endroit très sympa. Les gens sont accueillants. C’est très beau.
On peut faire des belles des belles randonnées, faire du kayak. Le ciel est bleu. Non, c’est quand même un paradis sur Terre. C’est sympa. C’est vrai que quand tu es jeune et que tu vis à très long terme, C’est bien de voir autre chose.
Marseille, par exemple, c’est beaucoup plus dynamique. Mes parents me manquent, bien sûr. La vie là-bas me manque un petit peu, mais je suis content d’être ici. C’est plus dynamique. Tu peux quasiment y aller à la nage, faire un petit saut sur l’île de Malte depuis Marseille.
Correct, c’est possible. C’est possible. Je dis pas que c’est facile, mais c’est possible. Dans les autres expériences, tu disais que tu avais adoré Berlin, qui a aussi une particularité, une ouverture à l’international. Pourtant, tu parlais pas spécialement l’allemand et pas fastoche.
Non, pas fastoche, c’était à mon avis, je dirais, une de mes expatriations les plus difficiles en fait, parce que c’est une culture très, très… Berlin, ça reste autre chose que l’Allemagne, mais ça reste un peu tech, dur au début, mais après non, et puis la langue est très compliquée, donc ouais, je parlais pas du tout la langue, c’était pas facile, mais après Berlin, ça reste accueillant, ça reste… très créatif, moi j’aime beaucoup la créativité, très dynamique, très jeune. Donc au départ c’était facile de faire des copains, je vais te dire, il y a beaucoup d’expats, on parle vraiment bien l’anglais là-bas. Non franchement Berlin c’est très très sympa, après c’est le temps, le climat peut être un peu dur et puis en fait Bon, à la fin, je t’ai dit que j’ai eu des problèmes de santé là-bas, santé mentale, psychose, à cause du Covid aussi, mais du boulot, enfin plein de choses.
Et j’ai déjà aussi, j’ai connu une autre amie française qui a vécu pas mal de temps à Berlin. Et il y a tellement d’opportunités, c’est tellement un énorme playground, un jeu pour enfants, qu’à la fin, tu perds ton identité un petit peu. Ça peut arriver, donc il faut faire gaffe, il faut faire des voyages et voir des gens qu’on aime, retourner en France de temps en temps pour pas qu’on s’habitue trop trop trop que à la vie perlin qu’on est expat en tout cas, de mon opinion. Avec cette vie d’expat, tu as eu envie de retrouver la France. Malgré une expérience parisienne qui s’était passée moyen bof, tu disais que les gens autour de toi étaient jaloux.
C’est drôle comme sensation. Non pas jaloux de moi, mais on passait sur le trottoir et puis on voyait une Ferrari et puis il y avait un commentaire comme « Ah voici ma voiture, c’est moi qui est riche ». C’est une blague qui ne m’amuse pas. Et donc, il y a un peu ce côté, l’argent est mal. Il y a un peu, je ne sais pas, je n’ai pas trouvé ça aussi.
Il y a plus de jugement que quand tu es en Allemagne. En Allemagne, il n’y a pas de jalousie, il n’y a pas de jugement. Et ça, j’ai adoré. Ça, c’est quelque chose que j’ai beaucoup aimé à Berlin. Et à Marseille, je ne le vois pas.
Mais à Paris, je voyais un petit peu comme un peu moins poétique, moins sympa. C’est ce que je ressentais moi. Alors c’est vrai que tu es un peu poète. D’ailleurs, on va parler un peu de ce que tu fais aujourd’hui. Résultat pour le retour en France avec des cousins dans le sud, tu as choisi de t’établir à Marseille.
Marseille qui est aussi une porte d’entrée du monde entier. C’est une vraie ville interculturelle. Oui, c’est très interculturel, il y a beaucoup d’expats, ça attire beaucoup de gens récemment. Beaucoup de gens que je rencontre, ça fait seulement 3-4 mois qu’ils viennent s’installer. Netflix va investir, j’ai lu ça avant-hier.
Donc il y a une scène artistique très présente qui va croître. Donc Marseille c’est international, c’est porte ouverte, beaucoup de gens s’y installent en ce moment. Et t’aimes bien le côté un peu melting pot. Alors l’installation s’est plutôt bien passée. Airbnb pour commencer et assez vite tu trouves un logement.
Pour ce qui est des papiers et de l’administration c’est peut-être un peu plus galère. Ouais, c’est correct. Donc malheureusement, avec la sécurité sociale, j’ai eu des problèmes aussi. Enfin bref, j’ai eu pas mal de problèmes. Ensuite, j’ai finalement réussi à avoir un dossier complet.
Ils m’ont dit que tout est OK, que je devrais recevoir des papiers. Mais ceci dit, ça fait un mois, j’ai rien reçu. Donc ils répondent pas au téléphone. Donc ouais, c’est un peu pénible. Quand on rentre pas bien dans les cases habituelles du français vivant en France, on peut vite attendre quelques courriers, quoi.
Voilà. Aujourd’hui, cette ville t’inspire, tu as lancé un site web avec un compte Instagram. L’idée, c’est d’écrire beaucoup, de faire des vidéos et de partager des petites histoires un peu flamboyantes. J’adore le storytelling, l’expression artistique. Ça fait un moment que j’écris des petites histoires courtes.
Par exemple, l’autre jour, j’ai écrit il y a 2-3 jours sur un éléphant qui passe à un scan IRM. J’écris aussi des thèmes un peu plus sérieux comme le ras-le-bol du conformisme, mais d’une façon très blamboyante, très… engagant, très fun. Et puis je me suis dit il n’y a pas longtemps, pourquoi je ne les adapte pas en vidéo pour les réseaux sociaux ? Donc voilà, maintenant j’écris et je fais des films.
Un film par jour et un texte. Par jour à peu près. Un peu moins parfois. Hugo contacte Netflix puisqu’il s’installe sur Marseille. Bah ouais, moi aussi, je vais peut-être le faire.
Je vais les taguer dans mes post Instagram. Et je suppose que ces histoires, elles sont construites aussi avec les expériences que tu as pu avoir aux quatre coins du monde. Oui, bien sûr, c’est vrai que d’avoir voyagé, ça m’a inspiré. J’ai un bloc-notes avec toutes mes idées. J’ai à peu près 40 pages d’idées, donc j’étais un peu surpris, mais j’en ai beaucoup, beaucoup.
Parfois, il y a des jours où je peux en avoir cinq. Donc, j’ai toujours mon bloc-notes sur mon téléphone. Et voyager, bien sûr, je suis avec des copains aussi, une conversation, une nouvelle idée. Oui, j’adore prendre des idées. Eh bien en tout cas, monsieur le français décalé, bienvenue à Marseille pour t’établir.
Tu m’as dit pour de bon. C’est quand même compliqué quand on a ce genre de cursus, on a souvent un peu la bougeotte quand même, tu le sais. Bah ouais, mais ça fait du bien de s’installer. Et puis là, ça fait deux mois et j’aime beaucoup tout ce que je vois. Donc moi je pense que ça allait pour de bon, même si j’ai eu la bougeotte, maintenant j’ai eu mes problèmes de santé à Berlin, donc maintenant je comprends, j’ai 36 ans, qu’il faut bien être ancré quelque part, se poser.
Eh bien, bon retour en France, au plaisir de te retrouver et pour te suivre, le compte Instagram est présent dans le descriptif de ce podcast. À bientôt. Merci, à bientôt Gauthier. Vous écoutez la voix des expats.
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