Il était journaliste en France. Il est né du côté de Saint-Malo. Tout était bien en France. Et aujourd’hui, on le retrouve à Miami. Il va nous raconter un peu pourquoi.
Et puis surtout, on va parler du courrier des Amériques. Ce journal qu’il a créé il y a dix ans. C’est donc aussi un anniversaire. Gwendal Gauthier, mon invité. Gwendal, bonjour.
Salut Gauthier. On a quasi le même nom, prénom. Moi, c’est le prénom, toi c’est le prénom. Alors en effet, tes études commencent tranquillement en Bretagne, un peu à Paris. Tu es journaliste, tu vas travailler dans plusieurs journaux locaux.
Du coup, tu vas voir un petit peu du pays. Tu vas te promener dans l’Oise, la Lyon, Perpignan, Toulouse. Tu vas voir un petit peu les belles villes françaises. J’ai fait différentes rédactions de journaux locaux et j’étais journaliste puis directeur de journaux locaux dans différentes villes. C’est assez intéressant de voir un peu comment ça travaille différemment à droite et à gauche.
Je suis resté assez longtemps à Perpignan. Tu as rencontré ta femme qui est américaine. Et puis un jour, évidemment, vous avez la possibilité de choisir où vous allez poser vos valises. Vous décidez il y a dix ans de vous installer aux USA. Tu m’as dit quand on a préparé cette interview, c’était repartir à zéro.
Pour toi, c’était vraiment New Life. Pas vraiment dans le job, parce que j’ai créé ici, comme tu le sais, un journal qui s’appelle Le Courrier des Américains, qui est un journal en français un journal local en français donc c’est un petit peu ce que je faisais en France donc effectivement c’est repartir à zéro mais quand même et d’ailleurs je déconseille aux expats aux chefs d’entreprise en tout cas expatriés de faire autre chose que ce qu’ils savent faire c’est beaucoup plus difficile donc j’ai fait ce que je savais faire donc voilà mais effectivement dans un endroit où je connaissais absolument personne. Alors tu cibles les francophones qui sont basés aux USA en l’occurrence nous on est des franco-français on croit toujours qu’on est les meilleurs il y a à peu près 50 000 français sur la Floride mais il y a un million de québécois alors voilà c’est une info importante finalement ton journal tu l’as surtout. Fait pour les québécois Alors les Québécois, la majorité, on les appelle les Snowbirds parce qu’ils viennent surtout pendant l’hiver. La Floride, c’est un petit peu la plage du Québec.
Donc pendant six mois, entre le mois de novembre et le mois d’avril, il y a énormément de Québécois ici. Il y a d’ailleurs d’autres Canadiens francophones qui viennent de l’Ontario ou d’ailleurs. Mais il y a un million de québécois qui viennent en Floride chaque année donc c’est assez impressionnant. Certaines villes comme Hollywood, Pompano Beach, Fort Lauderdale où ça ne parle que français à la plage toute la journée. Tu me disais que 90% des gens se promènent à la rue et parlent avec l’accent français.
Sur la plage d’Hollywood, oui. Là aujourd’hui, il fait beau et il y a 90% des gens qui le voient. qui doivent parler français à la plage, c’est assez impressionnant. Après maintenant pendant l’été il y a quand même beaucoup moins de canadiens donc nous on continue le journal et il est à destination des deux communautés, des français, des canadiens de manière assez indistinct quand on a des informations, on les passe et puis les canadiens vont dans des restaurants ou des boulangeries françaises sans obtient problème, les chefs d’entreprise font affaire les uns avec les autres, ils se rendent des services, c’est beaucoup plus facile quand même entre francophones de se rendre des services, voilà. Si une entreprise a besoin d’un chauffeur routier, un transporteur, elle peut prendre un Canadien, c’est pas incompatible quoi.
On aime bien faire travailler les uns avec les autres, donc ça fait une petite communauté sympathique. Alors du coup, tous les mois, le papier sort, 50 000 exemplaires, il y a la version internet également, on le trouve dans les cafés, les restos, on. Le trouve dans les écoles françaises. On est entre 20 000 et 50 000, 50 000 c’est notre tirage. Maximal.
Dans les écoles françaises, dans les consulats. Et alors on le trouve dans ces fameuses boîtes qu’on voit dans nos séries américaines de France, ces boîtes à journaux. Exact, on a des boîtes. Et tu m’as dit, le premier journal est sorti le 1er juillet 2013. C’est comme si cette date, tu t’en souvenais par cœur.
Tu te souviens de la sortie du premier numéro ? Ouais, non, c’est une aventure quand même. Puis surtout, c’est assez difficile de savoir quelle va être la réaction des lecteurs en plein été comme ça. Donc ouais, c’est une aventure marquante. On s’en rappelle.
Tu as senti une évolution de la Floride ces dix dernières années. Il y a une donnée que tu m’as apprise, par exemple, ces derniers mois et notamment depuis le Covid. C’est plus en Californie qu’on crée des startups. C’est en Floride. Oui, ils continuent d’en créer en Californie, mais en Floride, ça fait bien avant la Covid, ça fait depuis, je pense, au mois 2016 qu’on est en tête de la création de startups aux Etats-Unis, notamment dans la région de Miami, mais ailleurs aussi.
C’est assez performant à Orlando, Jacksonville, Tampa Bay.
C’est d’abord parce qu’on a une fiscalité qui est beaucoup plus avantageuse ici qu’en Californie. Et puis en Californie, on voit souvent des images ensoleillées. Enfin, à part San Diego, le reste de la Californie, San Francisco par exemple, peut être assez froid, y compris l’été d’ailleurs. parce qu’il y a des brouillards tout le temps. Donc en fait, assez logiquement, on a beaucoup de gens qui sont venus.
Et c’est vrai que la COVID a accéléré énormément la manœuvre parce qu’on l’a senti ici avec les prix de l’immobilier qui ont été multipliés par… peut-être par deux en cinq ans. Et il y a beaucoup de gens qui se sont rendu compte qu’on avait du soleil toute l’année, on peut aller à la plage à peu près tout l’hiver, je sais pas, au moins neuf jours sur dix ou huit jours sur dix pendant l’hiver, tu peux nager dans la mer ici. Et puis en plus on a eu une conception politique du gouverneur de Floride très libertaires par rapport à d’autres États, notamment vis-à-vis des règles appliquées pour la Covid. On a eu des choses très bien faites, comme la distribution des vaccins, ça a été très rapide et ainsi de suite.
Mais rapidement, ils ont déterminé qu’on ne pouvait pas interdire les gens de sortir de chez eux, de fermer leurs entreprises, les restaurants. Donc contrairement à la France ou le Canada, c’était très très très très libertaire à ce niveau-là. Vraiment, le surnom c’est The Free State of Florida, l’état libre de Floride, parce qu’ils accusent un peu les autres états d’avoir enfermé les gens. Je ne mets pas d’opinion sur le sujet, mais c’était perçu comme ça. Gwendal, dix ans de ce courrier de Floride, courrier des Amériques, c’est évidemment des dizaines de rencontres, c’est des dizaines de portraits, c’est suivre des Français, des Canadiens dans leur réussite américaine.
Du coup, t’as un peu le grand Manitou de Floride étant à la tête du journal. Les concierges aussi. Je sais pas. L’un des deux, on peut dire les deux.
Non, on a des institutions assez bien organisées consulaires, également consulat du Canada, d’Haiti, de France évidemment. Dans ces consulats, tu as plusieurs dizaines d’employés qui s’occupent d’être des liens avec l’éducation, la culture, et puis après toutes les formalités évidemment, les passeports et machin comme ça. Mais non, je ne suis pas tout seul quand même. On a vraiment des bonnes organisations. Il y a des dizaines d’associations aussi.
Il y a des écoles françaises. Donc, je ne sais pas. Nul n’est indispensable. J’espère que j’ai ma petite place, mais je ne suis pas tout seul dans l’organisation des structures francophones ici. Mais en l’occurrence, si tu devais revenir sur ce qui t’a le plus marqué sur ces dix ans de courrier, la chose peut-être dont tu es le plus fier ?
C’est de mettre en avant toujours des aventures humaines incroyables, que ce soit au niveau culturel ou au niveau des entreprises. Il y a beaucoup de chers entreprises qui tentent l’aventure ici, donc c’est toujours intéressant de les accompagner. C’est souvent surprenant. On a des aventures de communauté, on a nos joies, nos peines aussi, des décès, des naissances, des mariages, comme toute communauté expat, c’est assez sympa, c’est assez difficile de mettre un fait en avant. Evidemment, on a des aventures douloureuses aussi avec les ouragans, on a souvent des allers-retours ouragans.
On a eu beaucoup de personnes blessées durant certains ouragans. La Covid, ça a aussi été une aventure humaine. Dans tous les cas, que ce soit des ouragans ou des pandémies, il faut informer les gens, leur donner les meilleures informations possibles. On a des situations de détresse auxquelles on peut essayer, comme on peut, de faire face tous ensemble. Voilà quelques exemples.
En tout cas, si je comprends bien, vu qu’en plus on est en visio, je vois le décor qu’il y a autour de toi, le courrier de Bretagne n’est pas un projet dans tes cartons en ce moment ? Non, j’aurais bien aimé. Il y a des belles choses à faire, que des bons souvenirs. dans la presse locale en France. Mais le déménagement en France, ce n’est pas vraiment de l’actualité.
Je ne connais pas de gens qui habitent en Floride et qui rêvent d’aller en Bretagne. Attention, les auditeurs bretons vont mal le prendre. J’adore la Bretagne, mais c’est vrai qu’on a goûté au sud, que ce soit en France ou aux Etats-Unis, c’est difficile de se passer du soleil par la suite. En tout cas, félicitations et bon anniversaire à toute l’équipe parce qu’il y a évidemment Gwendal Gauthier et puis tous ceux qui travaillent sur ce courrier. On a une équipe française et canadienne aussi, mixte.
Tu leur servirais un petit verre de champagne de la part de la radio des français dans le monde. Si ça marche, merci Gauthier, portez-vous bien. A très vite, merci, salut Gwendal.