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Lisez l’article consacré à Oriane sur Lepetitjournal.com
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Dans cet épisode de « 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde », Gauthier Seys nous emmène à Svalbard, une île située dans l’océan Arctique, en compagnie de son invitée Oriane Laromiguiere. Ensemble, ils explorent les défis et les merveilles de la vie dans l’une des régions les plus septentrionales du globe.
Oriane Laromiguiere est une journaliste et guide d’expédition polaire, passionnée par les voyages et la découverte de nouvelles cultures. Originaire de Paris, elle a toujours eu l’envie de s’émanciper et de voir le monde. Son parcours professionnel l’a menée de BFM Business à l’émission « Échappée Belle », et elle a également travaillé comme correspondante pour Radio France et RFI. Aujourd’hui, Oriane partage son temps entre son métier de journaliste et celui de guide sur des bateaux de croisière polaire, où elle donne des conférences et guide les passagers à travers des paysages époustouflants.
Dans cet épisode, Oriane nous raconte son installation à Longyearbyen, la capitale de Svalbard, et les particularités de la vie dans cette région isolée. Elle aborde les conséquences du réchauffement climatique, qui affecte cette zone sept fois plus rapidement que le reste du monde, et l’impact sur la faune locale comme les rennes et les ours polaires. Auriane partage également des anecdotes sur les traditions locales, comme l’obligation d’enlever ses chaussures en entrant dans un bâtiment, et les infrastructures surprenantes de cette petite ville de 2600 habitants. Un épisode fascinant qui nous ouvre les portes d’un monde méconnu mais crucial pour l’avenir de notre planète.
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https://www.linkedin.com/in/oriane-laromiguiere/
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Podcast n°2295 (Septembre 2024) produit par www.FrancaisDansLeMonde.fr, 1ère plateforme multimédia pour ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent de mobilité internationale. Ecoutez nos radios et nos podcasts « Expat » en installant l’application mobile gratuite.
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Chapitrage de l’épisode :
00:00:01-Introduction à l’épisode
00:00:35-Découverte du parcours d’Oriane
00:02:00-Premières expériences professionnelles
00:03:00-Expérience à Échappée Belle
00:04:00-Aventure en Amérique du Sud
00:05:00-Arrivée à Svalbard
00:06:30-La vie à Longyearbyen
00:08:00-Infrastructures et vie quotidienne à Svalbard
00:10:00-Impact du réchauffement climatique
00:11:30-Adaptation des animaux locaux
00:12:30-Particularités de la vie à Svalbard
00:13:30-Conclusion et projets futurs d’Oriane
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Transcription de l’épisode :
Voici 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde, pour aider tous ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent de mobilité internationale, à écouter des parcours inspirants et des paroles d’experts sur francaisdanslemonde.fr. Je suis Gautier Saïs et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Auriane Laromiguer, ou me suis pas trompé, on va à Svalbard. 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde, francaisdanslemonde.fr. On va au Svalbard, en effet, dans la ville de Longyearbyen. C’est là où j’habite, c’est la capitale du Svalbard.
Pas très connu et pourtant, il y a plein de raisons d’en parler avec toi aujourd’hui. Si tu veux bien, Oriane, d’ailleurs, je salue Capucine du Petit Journal qui nous a mis en relation. On revient dans le quatorzième. On va à Paris. C’est là que tu vas naître, grandir avec le collège, le lycée, la fac.
Mais très, très vite, cette envie intérieure de découvrir le monde et de bouger, de voyager. Et tu sais pas trop pourquoi, peut-être en préparant l’interview, tu m’as dit c’est aussi peut-être pour être un peu indépendante et voler de mes propres ailes. Oui, c’est vrai, j’avoue, il y avait quand même de ça au fond. Je voulais voir du pays, je voulais voyager, je voulais m’émanciper, être indépendante, montrer que je pouvais faire plein de choses par moi-même, mais j’avais quand même sacrément envie d’aller découvrir plein de pays, plein de cultures, plein de paysages différents que ceux dont je connaissais déjà. Donc, oui, vraiment voyager, j’ai chopé le virus assez tôt.
Alors, tu vas notamment voyager avec tes parents, faire des colonies de vacances à l’étranger, une année sabbatique en Amérique centrale, un échange universitaire à Montréal. Donc déjà, tu as plein de points sur ta carte parce que tu voyages beaucoup. Et puis, le métier de journaliste va apparaître comme une évidence. Alors, il faut dire qu’à ce moment-là, tu es tellement passionné de chevaux que ton objectif, c’est d’entrer chez Cheval Magazine et de partir à la découverte des chevaux du monde entier. Résultat, tu n’y as jamais bossé.
Non, je n’ai jamais bossé. Je n’ai même jamais proposé une pige, un article à Cheval Magazine. Je pense que je suis trop impressionnée. C’est ma rêve de petite fille. Il ne faut pas qu’il se casse.
Alors, tu vas quand même rentrer dans des rédactions, des rédactions qui n’ont rien à voir avec le Schmilblick. BFM Business, par exemple, là, ce n’est peut-être pas trop ta place. Non, alors c’est vrai que c’est assez étonnant parce que moi j’étais déjà quand même assez branchée environnement, nature, tous ces sujets qui touchent un peu à l’écologie. Et je me retrouve à bosser pour BFM Business, à parler d’économie, à présenter les journaux, à clôturer le CAC 40. C’est très très loin de moi, de ma personnalité et de mes sujets de prédilection.
Mais voilà, c’était une super expérience. J’ai rencontré des gens géniaux et j’ai appris plein plein de choses. Plus proche de tes envies, l’émission Échappée Belle, où tu bosses avec d’autres journalistes pour préparer le départ de l’animateur. Résultat, toi tu restes dans ton petit bureau à Paris. Au bout d’un moment, ça va te prendre un peu la tête.
C’est hyper frustrant. On prépare toute l’émission en amont. C’est un super boulot. Et après, on donne la feuille de route aux équipes qui partent en tournage. Et puis nous, on doit travailler sur notre prochaine destination.
Et je suis partie quelques fois en tournage quand même, mais on n’en a pas assez à mon goût. Donc j’ai dit OK, là, j’arrête. Et maintenant, c’est moi qui pars voyager. Je suis partie en Amérique du Sud. Alors un PVT pendant un an.
Tu rêvais de voir l’Argentine. Tu vas vivre aussi à Montréal et puis en rencontrant un guide sur l’île de Robinson Crusoe. Je ne sais même pas où elle est. Tu vas te lancer dans l’aventure de guide sur des bateaux de croisière. C’est où cette île de Robinson Crusoe ?
L’île de Robinson Crusoe, c’est son surnom. On l’appelle Juan Fernandez en espagnol parce qu’elle se situe au Chili, au large de Santiago, à peu près 200-300 kilomètres de Santiago. Et c’est une île extraordinaire en fait pour son histoire, pour la faune, la flore qui s’y trouve. Et on l’appelle Robinson Crusoe parce que c’est là où se serait échoué le véritable marin qui a inspiré l’histoire de Robinson Crusoe. Donc lui a vécu ici pendant plusieurs mois solo et c’est un endroit extraordinaire et j’en ai fait un article pour Geo Magazine.
Et là, j’ai fait la rencontre d’un ornithologue, quelqu’un qui est spécialiste des oiseaux, passionné par les oiseaux, qui travaillait aussi comme guide sur des bateaux de croisière dans les régions polaires en Antarctique et en Arctique. Et il m’a dit, tu devrais postuler, je pense que ton profil pourrait les intéresser. Et j’ai sauté sur l’occasion. Et là, par exemple, tu rentres de 40 jours en mer, tu cumules donc deux métiers, celui de journaliste, tu es correspondante notamment pour Radio France, on t’entend parfois sur RFI, où tu fais des articles, comme on l’a dit, pour Géomagazine, et puis de temps en temps aussi guide, pour guide polaire sur des bateaux. Oui, exactement.
Guide d’expédition polaire, conférencière aussi, on donne des conférences à bord quand on est en navigation et puis notre travail c’est de guider les personnes à terre, de leur offrir des petites balades en zodiac par exemple, en tout cas de leur expliquer tout ce qu’ils peuvent voir, c’est un peu comme un travail de naturaliste, comment tu expliques aux passagers tout ce qu’ils peuvent observer et c’est aussi l’occasion d’essayer de passer des petits messages sur l’environnement. En 2019, tu vas poser le pied à Svalbard. Alors là, on va maintenant faire un focus. Je vais demander aux auditeurs de se projeter. Vous voyez la France.
Un peu plus haut, il y a le Royaume-Uni. Au-dessus, la Norvège, la Suède. Au-dessus, la Finlande. Et vous faites encore 2000 kilomètres et vous arrivez un peu au milieu de nulle part. Vous êtes sur Svalbard, qui est aujourd’hui rattaché à la Norvège.
Oui, exactement. En fait, l’île du Svalbard se trouve à 1 000 km du point le plus haut de l’Europe, donc au nord de la Norvège, et à 1 000 km du pôle Nord. On est à mi-chemin entre le nord de la Norvège et le pôle Nord. 1 000 km du pôle Nord, c’est rien. En fait, on est au 78 degrés de latitude nord, la ville où j’habite.
Il y a très peu d’autres villes et certainement pas d’autres capitales aussi au nord du monde. Alors, 3000 habitants en tout sur Svalbard et dans la capitale. Je vais te laisser dire le nom de la capitale.
La capitale, c’est Longyearbyen. Voilà, c’est pour ça. Il y a 2600 habitants, donc quasiment tout le monde se trouve dans cette capitale. Une capitale internationale, plus de 50 nationalités. Petite particularité, il ne faut pas de visa pour être là-bas.
Non, en tant que Français, on n’a pas besoin de visa parce qu’en fait, le Svalbard est régi par le traité du Svalbard et notre pays, la France, a signé ce traité dans les années 20. Et si ton pays a signé ce traité, tu peux aller vivre, travailler au Svalbard sans avoir besoin de visa. Il faut quand même, il y a quand même quelques conditions, il faut être en bonne santé physique, il faut être capable de résister quand même à des températures aussi qui sont… un climat qui est quand même assez extrême et puis assez d’argent pour subvenir à ses besoins. Alors quand on voit la ville, il y a de grands bâtiments, souvent très colorés d’ailleurs, c’est rigolo puisqu’autour tout est blanc.
D’un côté la mer, de l’autre côté la montagne, des conditions de vie qui ne sont pas faciles faciles, bien que la ville se soit équipée aujourd’hui de plein d’infrastructures qui fait qu’au quotidien c’est agréable. Oui, alors pour revenir sur les couleurs, par exemple, des bâtiments, super intéressant, les maisons sont peintes dans des teintes qui rappellent les teintes de la toundra, donc de la végétation locale. Il n’y a pas de bâtiment qui va être hyper flashy, d’une autre couleur. Donc là, peut-être la photo que tu regardes, c’est en hiver. En été, il faut imaginer que c’est plutôt des teintes de vert.
Il y a plein de petites fleurs qui recouvrent la toundra. Et par contre, en hiver, c’est complètement couvert. couverts de neige. Ce qui est assez particulier, c’est que la ville se trouve sur du sol gelé, ce qu’on appelle le pergélisol ou permafrost, ce qui fait que tu ne peux pas enterrer, par exemple, les tuyaux. Donc, ça donne un look un peu industriel.
Il y a des gros tuyaux d’eau chaude à l’extérieur, autour des bâtiments. Ça dépend de ses goûts, c’est pas particulièrement esthétique. Mais par contre, tout est fait pour être super confortable. On a une bibliothèque, on a une piscine, on a même un cinéma. Il y a une université où il y a pas mal d’étudiants qui viennent du monde entier.
Et à l’intérieur de toutes les maisons, de tous les immeubles, c’est super confortable. Et il y a une règle. qui est restée en fait, une pratique qui est restée du temps des mineurs qui exploitaient le charbon, qui exploitent encore un peu le charbon ici au Svalbard. Quand tu rentres dans un bâtiment, t’es obligé d’enlever tes chaussures. Si jamais t’avais tes chaussures pleines de charbon, il faut les enlever.
Ce qui fait qu’aller au cinéma, aller à la bibliothèque, on enlève ses chaussures et on se promène pieds nus, c’est hyper confortable. Il y a même une salle de concert, Coldplay passe pas souvent je pense. Alors, peut-être pas, mais figure-toi qu’il y a quelques années, il y a Patti Smith qui est venue donner un concert. Il y a une salle de concert et en fait, il y a énormément d’événements musicaux, de festivals. Il y a un festival de blues, un festival de jazz.
Et en fait, comme c’est le festival le plus au nord du monde, ça attire plein de gens. Et Patti Smith était là il y a quelques années, donc pourquoi pas d’autres artistes d’ampleur internationale ? Ce serait génial. Alors il s’avère qu’on parle dans les médias de ce pays pour une particularité qui n’est pas très joyeuse puisque c’est l’endroit de la planète qui se réchauffe sept fois plus vite que partout ailleurs. Là, on voit le réchauffement climatique sous ses yeux.
Exactement, on entend beaucoup parler du réchauffement climatique, on en voit les conséquences, même sous nos latitudes, mais parfois ça nous paraît un peu loin, ça ne nous parle pas trop. Ici, au Svalbard, vraiment, on se le prend de plein fouet, sept fois plus vite. que le reste de la moyenne planétaire, c’est énorme. Ça veut dire que les glaciers, vraiment, on les voit fondre, disparaître à vue d’œil. La banquise, elle n’est plus aussi présente qu’elle ne l’était il y a quelques dix, vingt années, et ça a des conséquences énormes, non seulement pour la faune, pour la flore locale, mais ça a des conséquences énormes, en fait, pour le reste de la planète, parce que le Svalbard, qui se situe dans l’océan Arctique, c’est un peu notre climatiseur naturel.
Donc si on perd l’Arctique, ça a des conséquences aussi pour nous en France. Il va faire de plus en plus chaud, il va y avoir de plus en plus d’événements extrêmes. Donc c’est hyper important de se préoccuper du Svalbard, de voir ce qui s’y passe et de comprendre que tout est lié et tout a des conséquences. Tu donnais un exemple simple en préparant l’interview, il pleut beaucoup plus. Le problème, c’est que ce n’est pas un endroit où il doit pleuvoir autant et donc ça pose des problèmes pour les animaux, par exemple.
Oui, c’est vrai, c’est un environnement normalement extrêmement sec. Les animaux se sont adaptés pour vivre à cet environnement et avec ces épisodes de pluie de plus en plus fréquents, ça peut poser des problèmes, par exemple au renne qui habite ici et qui, pour se nourrir, si jamais il pleut et qu’il gèle par-dessus, ça va faire comme une croûte de glace et le renne est incapable de casser cette croûte de glace pour pouvoir trouver sa nourriture. sous la neige normalement. Pareil pour l’ours polaire, par exemple, qui se nourrit principalement de phoques et les phoques vivent sur la banquise. Si on a moins de banquise, on a moins de phoques et donc on a moins d’ours.
Et quelque chose de complètement effarant, c’est que les femmes n’accouchent pas sur le continent et on n’est pas non plus enterrés parce que le sol est gelé, donc il n’y a pas de naissance et il n’y a pas de mort. Oui, c’est vrai, on entend souvent, il est interdit de naître, il est interdit de mourir. En vrai, personne ne va t’interdire si tu dois naître ou mourir, c’est comme ça. En revanche, si tu es une femme enceinte, tu préfères aller sur le continent parce que tu auras des infrastructures qui vont t’accueillir et tu pourras donner naissance à ton enfant. dans toutes les meilleures dispositions.
Et puis, tu ne peux pas être enterré. On a quand même un petit cimetière, mais en général, les gens aussi préfèrent être enterrés près de leurs proches. Donc, ils repartent de là d’où ils viennent. Auriane, comment tu vois le futur ? Aujourd’hui, il y a tes aventures sur les bateaux de temps en temps dans l’année, mais ton appart est là-bas, tu vis en colocation directement dans cette capitale.
Tu vois comment la suite ? J’ai encore plein de choses à connaître, à découvrir, à faire connaître aussi, vraiment avec mon travail de journaliste. J’ai envie de partager le plus possible ce Svalbard, sa réalité, qu’est-ce qui s’y passe et pourquoi on doit en entendre parler. Donc je me vois encore vivre là pendant certainement plusieurs mois, voire peut-être plusieurs années, pour proposer des nouveaux articles et des nouveaux sujets. Mais ce n’est pas l’endroit où tu te vois vivre non plus toute une vie.
Donc on verra comment ça se passe dans les prochaines années. Et puis peut-être qu’après, il faudra que je revienne à un peu plus de civilisation, je ne sais pas. En tout cas, on se retrouvera, Oriane. Et puis, Svalbard a été mis en lumière aujourd’hui sur la radio des Français dans le Monde. Sans doute que nos millions d’auditeurs à travers la planète ont découvert cet endroit.
Je vous renvoie vers l’article du Petit Journal où il y a des photos. C’est vrai que c’est un endroit qui est quand même tout à fait atypique. Un grand merci. Ça va être quoi ton programme dans les prochaines semaines ? Tu repars sur un bateau ?
Non, là, c’est vacances, donc je profite. Je suis en escale à Montréal. Après, je rentrerai en France avant de retrouver la nuit polaire au Svalbard en décembre. Eh bien voilà, pour quelqu’un qui voulait être indépendante petite, je pense que c’est réussi. À bientôt.