Clichés d’expats : Démystifions les stéréotypes avec Hélène Degryse

Saviez-vous que la perception des Français vivant à l’étranger est souvent empreinte de clichés tenaces ?

Dans cet épisode de « 10 minutes, le podcast des Français dans le monde », nous nous penchons sur ces idées reçues et discutons de leur impact. Peut-on vraiment réduire les expatriés à des stéréotypes simplistes, tels que des exilés fiscaux ou des cadres vivant la belle vie au soleil ? Nous vous invitons à explorer ces questions avec nous et à découvrir une réalité bien plus nuancée.

Notre invitée du jour est Hélène Degryse, présidente de l’Assemblée des Français de l’Étranger et conseillère aux Pays-Bas. Forte de son expérience au service des Français établis hors de France, Hélène nous éclaire sur le rôle crucial de cette diaspora souvent méconnue. Avec environ 3 millions de Français vivant à l’étranger, elle souligne l’importance de reconnaître leur contribution à l’image et à l’influence de la France dans le monde. Hélène milite pour une meilleure visibilité de ces parcours inspirants, souvent ignorés par les médias traditionnels.

L’épisode aborde en profondeur les stéréotypes entourant les Français de l’étranger, mettant en lumière la diversité des situations vécues par cette communauté. De la précarité à la réussite, les parcours sont variés et méritent d’être racontés. Hélène insiste sur la nécessité d’une représentation plus juste et équilibrée dans les médias et au sein des institutions françaises. En mettant en avant des initiatives positives et en encourageant les échanges interculturels, cet épisode nous invite à repenser notre vision de l’expatriation et à célébrer la richesse de la présence française à l’international.

https://www.linkedin.com/in/helenedegryse/

Transcription IA du podcast :

10 minutes, le podcast des Français dans le monde.
Parfois, le français a une image très arrêtée sur un sujet et c’est difficile de le faire changer d’avis. C’est l’objet de notre dossier spécial consacré aux clichés de l’expatriation avec mon invité Hélène Degryse, présidente de l’Assemblée des Français de l’étranger et élue aux Pays-Bas, conseillère sur la Hollande. Alors, j’ai découvert que la Hollande et les Pays-Bas, c’était pas pareil. Bonjour, Hélène. Eh bien bonjour Gauthier, ça y est, c’est le premier cliché.
La Hollande n’est pas les Pays-Bas, les Pays-Bas ne sont pas la Hollande. Alors la Hollande, c’est une partie des Pays-Bas ? Exactement. On ne le sait pas. Tous.
Eh bien non, je sais. Bien. Merci d’avoir répondu à notre invitation. En tant que présidente de l’Assemblée des Français de l’Étranger, tu es un peu porte-voix des Français qui sont établis hors de notre territoire. Il y en a beaucoup et les Français de France ne le savent pas.
Est-ce que ça t’étonne ? Alors. Oui, ça m’étonne, enfin je le regrette, mais je le constate, je trouve ça un petit peu dommage puisqu’on évalue à environ 3 millions le nombre de Français établis hors de France. Donc c’est quand même toute une partie des Français que les Français de France ne connaîtraient pas et ils se privent d’une grande connaissance d’eux-mêmes et de l’étranger. Donc oui.
C’Est dommage. Est-ce que tu considères que ces 3 millions de Français représentent une. Diaspora ? Alors oui, je sais que certains n’aiment pas trop utiliser ce terme, moi je l’utilise, je sais que toi tu l’utilises également. Je pense que c’est une diaspora et c’est une diaspora qui a une énorme richesse et moi j’aime justement ces allers-retours qu’il y a entre la France et l’étranger et les différentes discussions et apports qu’il peut y avoir dans un sens.
Et dans l’autre. Mais cependant, sur les médias français, par exemple, très rarement, on parle de ces talents à l’international, de tous ces Français qui font des choses assez incroyables et que la radio ou le petit journal passent leur temps à relayer. Et là, honnêtement, il faut que tu m’éclaires, je n’arrive pas. À comprendre pourquoi. Oui, peut-être un manque d’intérêt, là aussi peut-être un cliché, mais le français de France aime bien se regarder le nombril.
Donc il regarde forcément plus vers l’intérieur au lieu de regarder plus loin. Alors heureusement, il y a des médias comme le tien qui mettent en avant des parcours. et des personnes qui montrent qu’on peut briller à l’international tout en restant, et ça je le précise, tout en restant très français. Parce que tu le vois dans les interviews que tu peux faire, il y a quand même un esprit cocorico, un grand amour de la France, même chez des personnes qui n’ont pas la chance ou la possibilité d’y retourner très souvent, qui parfois ne sont même pas nées en France, mais qui en tous les cas ont cette fibre patriote et cette fibre positive pour faire vivre la. France à l’étranger.
Et puis, la radio des Français dans le monde n’est pas BFM Business. On n’a pas que des chefs d’entreprise. Il y a des personnes qui travaillent dans des associations. On fait vivre, par exemple, ces écoles flammes partout dans le monde. Et là, c’est un engagement avec, en effet, des valeurs françaises, bien françaises, qui sont portées aux quatre coins.
De la planète. Oui, alors c’est bien que tu dises ça parce que justement moi je répète toujours que la majorité, enfin une grande partie des enfants français à l’étranger ne vont pas dans les écoles françaises. Soit parce qu’elles ne le souhaitent pas, soit parce qu’elles ne peuvent pas se payer le prix de l’école française ou parce que les parents sont des couples mixtes qui ne souhaitent pas avoir un enseignement. français et les écoles flammes jouent un rôle particulièrement précieux pour tous ces enfants. Donc moi c’est toujours un système que j’ai beaucoup mis en valeur et que je célèbre.
Et oui on célèbre la France, c’est à la fois la culture française mais les traditions, par exemple la galette des rois ou le 14 juillet de manière très conviviale et aussi. Très informelle parfois. C’est marrant que tu parles du 14 juillet parce que j’ai assisté à une fête, c’était les Français de Belgique. Et au moment de la Marseillaise, tous les Français installés en Belgique se sont levés et ont chanté. Alors qu’en France, on s’en fout un peu.
De la Marseillaise. Alors je pense que ce sont justement ces événements qui fédèrent beaucoup plus à l’étranger qu’en France, parce que c’est les moments où on se retrouve. Alors que quand on est Français de France, c’est une évidence en fait. On fait partie, on se réveille, on se couche en France. À l’étranger, on a ces moments spéciaux.
Et moi, je sais, par exemple, que je suis fan de football et que j’adore regarder les matchs de l’équipe de France. Et je me souviens d’un match très récent, France-Pays-Bas, où j’avais dû, pour le coup, m’expatrier entre guillemets au café du coin pour pouvoir vivre le match dans la tranquillité avec les autres Français du coin. Et c’est vrai que quand la Marseillaise a retenti, on s’est dit on y va. On était vraiment en très, très grande minorité dans le café. Moi, j’étais avec plein de copines.
On l’a fait et l’atmosphère était très conviviale et tout s’est très bien passé. Et ça s’est terminé par un match nul. Donc ça allait. Très bien. Hélène, ces clichés qu’ont les Français, notamment les exilés fiscaux, par exemple, on entend régulièrement, voilà, ils partent avec leur argent.
La France n’en profite pas. Ils vivent la belle vie au soleil. Ce sont des cadres qui gagnent très, très bien leur vie. Est-ce qu’on sait pourquoi cette image s’est installée dans la tête. Des Français de France ?
Alors je pense qu’il y a une certaine facilité journalistique aussi. Il y a eu des cas emblématiques de personnes qui traversaient la frontière, notamment pour aller en Belgique et pour profiter d’un système plus avantageux. Et c’était simple finalement de mettre en exergue ces cas-là au lieu de s’intéresser à la diversité des situations des Français de l’étranger. Alors forcément oui, il y a des grands patrons, il y a des personnes qui ont des très bons salaires, qui sont recrutées pour aller travailler à l’étranger. mais ça forme une toute petite partie de la diaspora dont on parlait tout à l’heure et au quotidien moi je vois des profils tellement différents il y a aussi beaucoup de français qui sont nés à l’étranger aussi et qui forment cette communauté et non il n’y a pas que des personnes qui vivent une vie très confortable avec des très bons postes.
Il y a aussi des personnes en situation de précarité qui ne peuvent pas se soigner, qui aimeraient revenir voir leur famille en France mais qui n’en ont pas les moyens. Et ça, quand on est conseiller des Français de l’étranger, ce sont les cas qu’on voit quasi au quotidien, alors peut-être plus dans certaines zones que d’autres. mais tu serais probablement surpris de connaître certains cas que des élus ont eu à traiter et ont à traiter au quotidien. Alors c’est cette image qu’on doit nous travailler en tant qu’élus de terrain à l’étranger, et moi peut-être encore plus en tant que présidente de l’Assemblée des Français de l’étranger, parce qu’on travaille tous ces dossiers en fait, ces dossiers d’aide sociale. On a récemment fait une émission avec toi dans le cadre du lancement des assises de la protection sociale.
Ce n’est pas un hasard que ces assises ont lieu aussi. Elles célèbrent quelque part la diversité des situations et le changement aussi parce qu’on a une population qui vieillit, qui est en moins bonne santé quand elle vieillit et il faut que la France puisse s’y intéresser pour répondre. À la situation actuelle. Alors justement, Hélène, on va s’arrêter un peu au niveau de l’appréhension des élus, de ceux qui prennent des décisions, des lois. On va aller au Parlement, par exemple.
Tu m’as étonné en préparant cette interview en disant que même dans les rangs des parlementaires, beaucoup avaient encore cette image avec des clichés très chargés. Faudrait peut-être que ça commence déjà au Parlement. Que ces clichés s’effacent. Alors moi je suis entièrement d’accord avec toi, il y a eu en début d’année ou c’était en fin d’année dernière je crois, un sénateur, heureusement pas un sénateur des français de l’étranger quand même, mais un sénateur de France qui avait eu des propos très négatifs et sous forme de clichés en fait. Il avait qualifié certains français de l’étranger dans les postes diplomatiques.
Il avait dit qu’ils étaient logés, nourris et blanchis. Donc il était vraiment resté à cette image d’un célèbre chocolat des publicités d’il y a quelques dizaines d’années. Exactement et ça moi j’avais été assez choquée parce que je me dis on a la chance d’avoir une représentation parlementaire totale avec des députés et des sénateurs et pour moi alors eux, ils font déjà un gros travail mais il faut qu’ils continuent, il faut qu’ils convainquent leurs collègues de France de notre richesse, de notre diversité, et surtout d’aller au-delà des clichés dont on vient de parler. Parce que eux, ils travaillent sur des sujets, ils font remonter des dossiers, donc ils savent, ils nous connaissent. Maintenant, c’est aux autres parlementaires de nous connaître et de faire voter des.
Lois qui nous concernent. françaisdanslemonde.fr est résolument optimiste. Du coup, on va plutôt se tourner vers les solutions. Comment faire pour que cette image change ? Tu me disais en préparant l’interview, déjà, parler de ses experts, de ce qu’ils font, de faire briller les talents.
C’est un peu d’ailleurs une initiative qu’a actuellement le ministre. Chargé des Français de l’étranger. Oui, exactement. Lors de la dernière session de l’Assemblée des Français de l’étranger, j’ai dit à notre ministre Laurent Saint-Martin, je lui ai demandé de nous défendre aussi à chaque fois qu’on serait attaqué en fait verbalement par des clichés dont on a parlé tout à l’heure. Il s’y est engagé aussi parce que lui, il connaît bien évidemment aussi toute la diversité des parcours, la richesse de cet écosystème et il s’est engagé à le faire.
Donc ça, c’est très, très important. Il va aussi partager une lettre d’information où il s’est engagé à mettre en avant aussi des parcours inédits pour vraiment célébrer la France à l’étranger et mieux nous faire connaître. Donc il y a cet aspect au niveau du ministre, il y a l’aspect aussi des parlementaires, il y a l’aspect média. Et là, bon, on compte sur toi notamment. Je sais que dans tes émissions, tu célèbres aussi des parcours divers, des parcours très intéressants.
Et ça, ça contribue à nous mettre en valeur. Et je dis toujours le « nous » parce qu’on est une équipe, en fait, où qu’on soit dans le monde, finalement, on célèbre aussi cette diversité-là. Et moi, j’avoue que. Je lutte au quotidien contre les clichés. C’est marrant que tu parles des médias, évidemment, puisque j’étais sur la RTBF, invité par un animateur qui, depuis des années, fait briller les Belges du bout du monde.
J’étais surpris, quand j’étais dans les locaux de la RTBF, de me dire que finalement, il n’y avait pas le pendant sur une chaîne nationale française. Pour parler aux Français de France, ça pourrait peut-être justement faire changer un peu les choses, de voir que finalement, un peu partout, il y a des initiatives, il y a des talents, il y a des innovations, il y a la culture qui brille à travers la présence de ces Français établieurs de. France. C’est peut-être une idée à lancer. Oui, ce serait pas mal.
Alors, parfois, il y a des petits reportages au journal national, mais c’est souvent aussi sous forme de clichés. Ils vont suivre le boulanger qui, je sais pas moi, au fin fond de la Thaïlande, célèbre le croissant, etc. Après, il a probablement le mérite d’exister, mais il y a tellement de parcours différents que ça vaudrait la peine. Et puis maintenant, sur Internet, on peut faire pas mal de choses sur des formats innovants. Donc oui, ce serait bien.
De faire plus de formats comme ça. Et sinon, tous les Français de France devraient écouter une heure par jour. La radio des Français dans le monde. Qu’en penses-tu Alors oui, effectivement, ce serait très, très bien. Donc déjà, s’informer et apprendre à connaître les Français de l’étranger.
Et moi, je dirais aussi, ? on aurait moins de clichés, je pense, si tous les Français de France avaient la chance ou l’opportunité, au cours de leur formation scolaire, d’être un temps un petit peu long quand même, pas un week-end, mais deux mois, trois mois, à l’étranger, d’avoir cette expérience, parce que ça les confronterait à une réalité qui n’est pas si confortable que ça, qui peut être agréable, mais qui confronte aussi. Donc, je pense que. Ça contribuerait à éliminer pas mal de clichés. Et ma dernière question, Hélène, la nouvelle génération est en marche, elle arrive.
Est-ce que eux ont moins de. Clichés, crois-tu, que les plus anciens ? Oui, je pense et je l’espère. Déjà, ils sont plus ouverts à l’international, ils parlent mieux anglais, donc ils ont accès à d’autres types d’informations et ils se déplacent plus, ils voyagent plus. Donc j’ai bon espoir, si on continue nos travaux conjoints, qu’il y.
Ait moins de clichés sur les Français de l’étranger. Eh bien, merci pour ton témoignage. Je salue la présidente de l’Assemblée des Français de l’Étranger. On parle de ce rendez-vous important pour la citoyenneté française régulièrement sur notre antenne. On aura l’occasion de.
Te recevoir à nouveau prochainement. Belle journée à Amsterdam. Merci beaucoup, Gauthier. À bientôt.

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Podcast n°2463 (décembre 2025)

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