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Dans cet épisode du podcast « 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde », Gauthier Seys pose une question cruciale : comment les conjoints accompagnateurs vivent-ils l’expatriation, et quels sont les défis uniques auxquels ils font face ? Souvent dans l’ombre de leur partenaire expatrié, ces conjoints doivent réinventer leur quotidien et reconstruire leur identité sociale et professionnelle dans un nouvel environnement. Le podcast explore les stratégies pour surmonter ces défis et l’importance d’une préparation mentale et émotionnelle avant le départ.
L’invitée de cet épisode est Cécile Solar, fondatrice d’une société spécialisée dans l’accompagnement des conjoints accompagnateurs. Installée en Allemagne depuis plusieurs années, Cécile partage son expertise sur les défis émotionnels et psychologiques que rencontrent ces individus. Elle souligne l’importance de se préparer bien avant le départ, non seulement sur le plan logistique, mais aussi en termes de développement personnel et de résilience face aux changements.
Le podcast met en lumière les aspects souvent négligés de l’expatriation, tels que la perte d’identité et les difficultés d’adaptation pour les conjoints suiveurs. Cécile propose des solutions pratiques, telles que la journalisation et le coaching, pour anticiper et gérer les blocages émotionnels. Elle insiste sur l’importance d’une préparation en amont et de la création d’un réseau de soutien, tant local qu’international. L’épisode conclut sur l’idée que l’expatriation, bien que défiante, est une opportunité précieuse de croissance personnelle et de découverte de soi.
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Chapitrage de l’épisode :
Voici 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde. Écoutez des parcours inspirants et des paroles d’experts sur francaisdanslemonde.fr. Je suis Gauthier Seys et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Cécile Sollard. C’est le dossier spécial consacré aux conjoints accompagnateurs. 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde.
francaisdanslemonde.fr Bonjour Cécile, nous sommes aujourd’hui en Allemagne et au moment de l’enregistrement de cette interview, c’est le jour de la réunification, c’était un jour férié aujourd’hui. C’est une date importante pour l’Allemagne, Allemagne où tu vis depuis quelques années. Bonjour Cécile. Bonjour Mathieu, bonjour à tous et toutes. Alors comment as-tu profité de cette journée fériée ?
Visite en famille de la Ruhrgebiet, puisque j’habite en Rhénanie du Nord, Espagne, et voilà, on a fait musée, sortie un peu culturelle. Très bien. C’est une journée importante pour les Allemands, l’occasion de se remémorer un grand moment où, avec le temps, le bilan, il est comment, cette réunification ? Il y a de tout. Il y a des personnes qui sont encore attachées à cet événement-là.
Je pense que la jeune génération en a un peu moins conscience, évidemment, parce qu’ils ne l’ont pas vécu. Mais c’est sympa. Il y a des flashs un peu spéciaux, des émissions un peu particulières à la télé, par exemple. C’est sympa. On a eu l’occasion d’échanger en avril dernier, je vous invite à écouter le podcast 1842 sur ton parcours qui t’a mené de Nice, ta ville originaire jusqu’à Cologne aujourd’hui, et ton travail avec les conjoints accompagnateurs parce que tu as une société qui spécifiquement se pose sur ce sujet.
On le dit pendant ce mois spécial, mais on le dit tout le temps, la préparation à l’expatriation et le rôle difficile de ce conjoint suiveur, il faut bosser avant. Oui, en effet. En fait, se préparer au-delà des choses pratico-pratiques, l’école, l’assurance, etc., c’est aussi important de se préparer mentalement, émotionnellement, parce que sinon, ça peut rendre toutes les meilleures préparations pratiques, ça peut les saboter si on n’est pas dans un état mental et émotionnel assez fort. parce que la peur, le stress, les doutes, ça va empêcher à prendre des décisions plus claires, de s’adapter, de voir les choses sous un angle plus positif. Donc oui, c’est très important.
Alors un couple qui part, alors on va dire dans les cas généraux, dans les grands ensembles, c’est plutôt monsieur qui va se retrouver avec un travail à l’étranger, avec un contrat d’expat, et il y a le conjoint suiveur. Est-ce que ce conjoint a souvent plus de mal à s’adapter à l’expatriation, du coup, vu sa place ? Oui, en général, il a plus de difficultés à s’adapter parce que l’époux, lui, il est parti avec une nouvelle mission professionnelle, on lui donne des repères, il a une routine, alors que le congén, lui, il va devoir tout réinventer, sa vie, son quotidien, son soutien social, la famille, tout ça. il part vraiment dans la grande nouveauté et parfois il a le sentiment d’être seul, de manquer de repères, de compréhension, donc voilà, de sens. En l’occurrence, il y a des signes qui vont assez vite montrer qu’il y a des petits blocages qui se mettent en place.
Comment on peut les identifier ? Alors les signes, quand Le conjoint accompagnateur ressent plus d’irritabilité, il est plus sensible, il a parfois même des troubles du sommeil ou même des troubles physiques, comme des maux de tête récurrents, des maux de ventre, se sent vraiment avec un sentiment de tristesse. Ça, il faut faire attention et alerter. Et puis, en fait, quand on veut prendre conscience de ces blocages, Moi je conseille de faire d’abord un état des lieux, de son état émotionnel. On pose des questions, on se pose des questions directes et puis écrire.
La journalisation, comme on appelle le journaling, c’est très aidant. on pose un peu nos pensées, nos peurs, nos attentes, et là, peut-être en relisant, on va revoir qu’il y a des thèmes récurrents, des déblocages qui reviennent régulièrement, qui peuvent nous indiquer là où sont nos craintes, qu’est-ce qui fait qu’on peut se sentir un peu plus déstabilisé. Est-ce que, Cécile, là je parlais des signes qui montrent qu’on commence à se sentir mal. Toi, ton idée, c’est de prendre ça très en amont. On commence à évoquer ce sujet quand on n’est pas encore parti, quand on est encore en France.
Oui, idéalement, ce serait de se préparer avant le départ, au même titre qu’on prépare le côté logistique et pratique. Ce serait également de se préparer avant, se préparer aux chocs culturels, se préparer aux questions plus personnelles, et en particulier un des défis les plus fréquents, c’est la perte d’identité. professionnels et personnels, en particulier pour les conjoints qui abandonnent une carrière, qui abandonnent un boulot intéressant et qui ont placé leur identité dans le monde du travail. Mais comment faire du coup pour se douter qu’on va avoir probablement des soucis à se réinventer alors que quand on est encore en France, tout va bien. Et en effet, il y a peut être le côté logistique qui prend un peu le dessus à ce moment là.
Quel conseil tu donnes pour qu’on commence à avoir une clarté émotionnelle alors qu’on n’est pas encore parti ? La clarté émotionnelle, c’est non seulement se rendre compte de ce qui nous fait peur, nos blocages, mais c’est aussi se rendre compte de nos forces, de nos motivations. Et ça, c’est hyper important. de partir avec déjà dans son sac à dos, se connaître mieux pour savoir, par exemple, j’ai déjà fait face à des défis similaires et j’ai fait face à ces défis et j’ai su les surmonter. J’ai fait preuve de résilience.
Donc c’est se rappeler tous les succès qu’on a eus, par exemple. C’est aussi se créer un club de soutien. pas seulement local, que l’on va peut-être trouver avec d’autres expats, d’autres personnes qui sont là depuis longtemps, c’est aussi avoir son club de soutien encore dans son pays d’origine. Donc ça, c’est préparer à l’avance, c’est pareil. C’est plus compliqué une fois que les distances se forment.
Et un coach, par exemple, ou des groupes de parole, tout ça, c’est des choses que l’on peut mettre en place avant le départ, pour le coup ? Oui. Tout à fait, parce que le coaching c’est le présent et le futur et c’est surtout de la mise en action, ce n’est pas de la thérapie. Donc quand j’accompagne une personne dans cette situation-là, elle part avec un plan d’action et des choses bien précises, donc elle sait comment elle va avancer au fur et à mesure. avant son départ et même tout au long, parce qu’en fait, c’est une préparation mentale et émotionnelle, mais qui va aider tout au long de sa vie à l’étranger.
Mais du coup, quand on fait appel à un coach très en amont, ce coach va peut-être aider à mettre en lumière des sujets sur lesquels il faut travailler. Alors que si on l’avait fait tout seul, ça aurait été très difficile. On se serait surtout mangé la claque du choc, en fait. Oui, ça arrive. Déjà il y aura la claque du choc et on va mettre les choses sous le tapis, comme j’aime dire.
On ne va pas voir certains points alors que c’est là où c’est la racine du problème.
Je pense par exemple, on va dire que c’est la barrière linguistique qui va amener la personne à se dire, oh, je n’arrive pas à m’intégrer dans ce pays. Mais en fait, c’est même plus que le choc culturel. Cet isolement est dur aussi à des peurs de confiance en soi. Par exemple, un manque de confiance en soi, perte de repère. Et ça, c’est une personne extérieure qui va pouvoir mettre la lumière dessus.
Seule, c’est très compliqué. Est-ce que ça arrive que parfois le conjoint réfléchit à son futur et en conclut, alors que la décision de partir n’est pas encore prise, qu’il ne faut pas le faire ? Est-ce que tu penses que ça peut être chez certains une sage décision que de se rendre compte qu’on ne sera pas capable d’assumer ce choc ? Je ne sais pas, je n’ai pas de statistique, ça peut arriver peut-être, mais en tout cas, moi j’ai plutôt envie de dire que c’est un changement dans la vie, on en a plein, même des fois quand on habite au nord de la France et on va dans le sud, ça fait un gros changement pour une personne, donc il ne faut pas que nos blocages vraiment nous freinent dans nos envies, dans nos besoins, dans nos attentes. Par contre, il faut plutôt le voir comme c’est une chance, une opportunité de mieux se connaître, de grandir et d’apprendre surtout, d’apprendre sur soi, d’apprendre sur les autres.
Donc l’expatriation est un merveilleux moyen de se découvrir. Tu conseilles les auditeurs à se tourner vers un coach combien de temps avant le départ ? Il y a un moment plus sensible parce que c’est vrai que la logistique prend beaucoup de temps. Est-ce qu’on prend suffisamment de temps de se poser les bonnes questions sur son avenir professionnel, sur le rôle qu’on pourra avoir une fois qu’on sera là-bas sur place, loin de sa famille, de ses amis ? Comme pour pas mal de choses, l’anticipation est source de réussite, donc plutôt on s’y prend mieux sait.
Idéalement, ce serait dans les six mois. comme ça il y a le temps de vraiment de mettre des choses en place mais ça peut se faire même dans les dernières semaines ou au tout début de son arrivée parce que des fois Techniquement, ça ne s’est pas pu se faire parce que les départs sont précipités. Et par contre, à l’inverse, une fois que ça commence à mal se passer, qu’on a justement cette espèce de tempête intérieure, on se met à avoir des doutes. Là, il ne faut pas rester seul, il ne faut pas s’isoler. Tout à fait, c’est hyper important.
Déjà de se dire, je ne suis pas la seule dans ce cas-là. On passe tous, c’est naturel. Et donc se rapprocher de personnes qui ont vécu ces moments-là, c’est très important. Et puis faire appel à des professionnels. Oui, des coachs, des thérapeutes.
Il y a des personnes en ligne pour favoriser, dans sa langue maternelle, ce genre d’accompagnement. Et ma dernière question, Cécile, est-ce qu’il y a des choses qu’on peut faire tout seul ? Est-ce qu’il y a des petits exercices, des rituels, des pratiques ? Alors moi j’aime bien proposer un exercice de visualisation, se projeter dans son nouveau pays et imaginer même les situations les plus difficiles et comment nous on va pouvoir faire face et là on va se rendre compte qu’on a beaucoup de ressources intérieures et on va ancrer ça et pour Si jamais une situation similaire ou difficile va se produire, on sait qu’on a les forces parce qu’on aura visualisé ceci auparavant. Après il y a la méditation, chose des activités plus classiques.
T’es en train de nous dire que mieux vaut prévenir que guérir finalement. Exact. Et pour en savoir plus, je mets le lien de ton site dessinetavicoaching.com si vous savez qu’une expatriation se prépare. C’est un peu le grand message que l’on donne souvent sur cette antenne, c’est préparez-vous le plus en amont possible. Vous serez les plus costauds pour affronter les différents obstacles qui pourront arriver sur votre route.
Merci, Cécile. Bonne fin de jour ferrier. Je te fais travailler un jour ferrier, c’est pas bien.
Merci à tous, merci à toi Gauthier et bonne continuation, bon voyage où que les routes vous mènent !
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