Partir tôt pour briller dans le sport : un choc brutal

Partir tôt pour briller, ça sonne presque comme un slogan. Une promesse brillante, lisse, presque publicitaire. Mais quand on a 16 ans, un sac trop grand sur l’épaule, le billet simple en main, et la France qui disparaît lentement derrière la vitre du bus ou de l’avion, la réalité, elle, n’a rien de poétique.

La première claque, c’est le silence. Pas celui du vestiaire ou du terrain après un match perdu. Non, un autre silence, plus lourd, plus épais : celui du soir. Ce moment où l’on raccroche avec ses parents, où le « bonne nuit » sonne un peu faux parce qu’il est prononcé à des centaines de kilomètres. Et quand le téléphone s’éteint, il ne reste que l’appartement, trop grand, trop vide, trop étranger. C’est là que l’on réalise qu’il n’y a plus personne dans la pièce d’à côté. Que les repères, les bruits familiers, les habitudes rassurantes, tout ça est resté en France. La famille manque, et la solitude devient un adversaire de plus, un adversaire quotidien, souvent plus dur que ceux qu’on affronte sur le terrain.

Puis vient la transition culturelle. Parce que changer de pays, ce n’est pas seulement changer de maillot : c’est apprendre à vivre autrement. C’est se lever dans une langue qu’on ne maîtrise pas. C’est comprendre des codes sociaux qui nous échappent. C’est découvrir que dire bonjour peut nécessiter une stratégie, et que même acheter du pain ressemble à une épreuve. Le choc culturel, c’est ça : se sentir étranger même dans sa propre peau.

Et au milieu de ce tumulte, il y a le jeu. Le cœur de tout. Sauf que ce jeu-là n’a plus rien du jeu d’avant. Ici, ça va plus vite, ça frappe plus fort. Les adversaires semblent plus grands, plus expérimentés, presque fabriqués pour vous tester. Chaque entraînement devient un terrain d’examen. L’adaptation doit être rapide – très rapide. Pas le temps d’hésiter, pas le temps de douter. On doit prouver, encore et encore, que l’on mérite sa place.

Et derrière chaque séance, une pression silencieuse mais constante colle à la peau. Réussir pour soi, évidemment. Mais surtout… ne pas décevoir. Ne pas donner tort à ceux qui t’ont soutenu. Ne pas faire mentir le coach qui t’a dit « tu peux aller loin ». Ne pas briser les espoirs de tes proches, restés en France, ceux qui répètent « on croit en toi » comme un mantra. Ce soutien, si précieux, peut devenir un poids.

Parce que partir tôt pour briller, ce n’est finalement pas seulement un chemin sportif. C’est un apprentissage accéléré de la vie. Un combat constant pour tenir debout, loin des siens, dans un monde où chaque pas, chaque mot, chaque geste, compte double.

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