Chaque année, des Français quittent la métropole pour s’installer en Outre-mer. Direction la Réunion, la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane ou encore la Polynésie française. Ces territoires sont parfois situés à plus de huit mille kilomètres de Paris, une distance immense qui transforme profondément l’expérience du départ. Pour beaucoup, c’est une traversée du monde, un saut dans un autre climat.
Et pourtant, juridiquement, il ne s’agit pas d’une expatriation. Les DROM-COM – départements et collectivités d’Outre-mer – font partie intégrante de la République française. Selon l’INSEE, la population totale de ces territoires atteignait 2,3 millions d’habitants au début de 2025.
La réponse se trouve peut-être dans la distance, qui n’est pas seulement géographique. Elle est aussi sociétale, culturelle et politique. Loin du centre décisionnel parisien, les territoires ultramarins vivent souvent un rapport décalé à la métropole. Beaucoup d’habitants évoquent un sentiment d’éloignement, voire d’oubli, face aux institutions françaises. Les grandes réformes arrivent souvent tard, les médias s’y intéressent peu, et les problèmes locaux semblent parfois se perdre dans le bruit continental.
Pour les métropolitains qui partent s’y installer, le choc n’est pas seulement climatique. Ils découvrent des réalités économiques et sociales bien différentes : le coût de la vie, le poids des inégalités, les tensions identitaires, mais aussi une convivialité et un rapport au temps singuliers. Ce décalage, à la fois subtil et profond, crée souvent un sentiment d’altérité, comme si l’on quittait la France… sans vraiment la quitter.
Ce ressenti plonge ses racines dans l’histoire coloniale française, encore très présente dans les imaginaires. Pendant des siècles, les “îles” ont été vues comme des périphéries lointaines, des lieux d’exotisme et de ressources, rarement comme des territoires à égalité avec la métropole. Cette mémoire pèse encore sur la manière dont on perçoit l’Outre-mer : un ailleurs, un décor tropical, une carte postale.
Certes, l’environnement y diffère : la chaleur, la mer, les volcans, les paysages luxuriants. Mais réduire ces territoires à un simple décor tropical, c’est entretenir un stéréotype rassurant pour la métropole. Ce cliché, répété au fil du temps, empêche souvent de voir la complexité sociale et politique de ces espaces. Il explique en partie pourquoi le départ vers l’Outre-mer se vit encore comme une forme d’expatriation – même s’il n’en est pas une au sens juridique.
Alors, peut-on vraiment parler d’expatriation quand on ne quitte pas son pays ? Le débat reste ouvert.
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