Expatrié : quand les mots trahissent les préjugés

À l’aéroport, chacun avance vers sa destination, passe les contrôles, s’installe devant une porte d’embarquement. Pourtant, selon d’où l’on vient ou où l’on va, on ne nous appellera pas de la même façon. Les panneaux affichent les mêmes villes, mais les mots qui nous désignent, eux, ne racontent pas la même histoire.

Pierre, cadre français installé à Bangkok, est immédiatement qualifié d’« expatrié ».
Aïcha, infirmière marocaine à Paris, devient, elle, « immigrée ».
Deux trajectoires pourtant identiques : quitter son pays, tout recommencer ailleurs, trouver un travail, un logement, un rythme, une place.

Mais le choix des mots n’est jamais neutre.

« Expatrié », c’est un terme qui brille. Il évoque la mobilité choisie, le confort matériel, l’idée d’une expérience professionnelle valorisante. On imagine des contrats internationaux, des bureaux vitrés, une aventure racontée autour d’un verre.
« Immigré », en revanche, transporte une image beaucoup plus lourde : celle d’une arrivée contrainte, d’un parcours administratif ardu, de conditions de vie plus difficiles. Un mot qui, dans certains discours, devient presque un avertissement. Deux mots, deux mondes, alors qu’ils décrivent pourtant le même geste : traverser une frontière pour vivre ailleurs.

Alors, qui est qui ?

La notion de « résident étranger » semble plus neutre. Elle dit simplement ce qu’elle doit dire : une personne vivant dans un pays dont elle n’a pas la nationalité. Ni plus, ni moins. Un terme administratif, parfois froid, mais juste.
Autour de lui gravitent d’autres catégories : travailleurs internationaux, employés détachés, profils mobiles. Et puis, toujours, cette distinction implicite : l’expatrié serait celui qui choisit son départ et peut le présenter comme une aventure valorisante, pendant que l’immigré serait celui auquel on attribue spontanément les difficultés, les obstacles, les soupçons.

Et si, finalement, le problème ne venait pas des mots, mais du regard qu’on pose sur eux ?

Ce qui devrait compter, ce sont les vies, les ambitions, les obstacles franchis, les réussites minuscules ou immenses. Pas l’étiquette qu’on colle dessus.

Les mots changent, les clichés résistent.

Et c’est peut-être là le véritable voyage à entreprendre : apprendre à écouter les trajectoires avant de commenter les catégories. Comprendre que « expatrié », « immigré », « résident étranger » ne sont pas des mondes qui s’opposent, mais simplement des manières différentes et parfois injustes, de nommer une même réalité.

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