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Une aventure en Corée du Sud : êtes-vous vraiment prêt pour le choc culturel ?
Avez-vous déjà envisagé de vivre à l’étranger et de découvrir une culture totalement différente de la vôtre ? Dans cet épisode du podcast « 10 minutes », Gauthier Seys s’entretient avec Sophie Vendeville, une Française expatriée en Corée du Sud. Sophie partage son expérience unique de vie à Songdo, une ville futuriste à quelques kilomètres de Séoul, et soulève des questions essentielles sur les défis et les richesses d’une telle aventure internationale. Elle nous invite à réfléchir sur l’importance de se préparer mentalement et culturellement avant de s’installer dans un pays aussi différent que la Corée du Sud.
Sophie Vendeville n’est pas étrangère aux déplacements internationaux. Née à Paris, elle a vécu dans 18 villes différentes, en raison des carrières de son père et de son mari dans des organisations internationales. De la Suisse à New York, en passant par La Haye et Montréal, Sophie a su s’adapter à divers environnements culturels. Cependant, elle admet que sa récente expatriation en Corée du Sud représente le plus grand défi de sa vie. Avec une perspective unique forgée par son parcours, Sophie nous offre un aperçu précieux des hauts et des bas de l’expatriation.
Dans cet épisode, Sophie partage ses réflexions sur la vie à Songdo, une ville présentée comme internationale mais qui, selon elle, manque d’ouverture réelle aux étrangers. Elle explique comment elle et son mari ont dû s’adapter à un environnement où la langue anglaise est rarement parlée et où le choc culturel est omniprésent. Malgré les difficultés, Sophie reste optimiste et voit cette expérience comme une occasion d’apprentissage et de découverte. Elle souligne l’importance de la résilience et de la curiosité pour surmonter les obstacles et tirer le meilleur parti de chaque nouvelle aventure.
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Chapitrage du podcast :
00:00:01 – Introduction et contexte du podcast
00:00:36 – Présentation de Sophie et de son parcours d’expatriée
00:01:55 – Différences entre vivre à Séoul et dans d’autres villes de Corée du Sud
00:02:165 – Expériences d’expatriation précédentes : Suisse, Pays-Bas, États-Unis, Canada
00:04:299 – Challenges spécifiques à Songdo
00:06:409 – Exposition à la culture coréenne et choc culturel
00:07:455 – Problématique du racisme et difficultés d’adaptation
00:09:545 – Gestion de la barrière linguistique et outils pour s’adapter
00:10:613 – Défis quotidiens : alimentation et courses
00:11:676 – Accès aux soins de santé en Corée du Sud
00:12:738 – Conclusion sur l’enrichissement personnel et le bilan de l’expatriation
00:12:771 – Clôture et remerciements
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Bienvenue dans 10 minutes, le podcast des français dans le monde pour aider tous ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent de mobilité internationale. Je suis Gautier Seyss et j’ai eu le plaisir de passer 10 minutes avec Sophie Vandeville, direction la Corée du Sud. 10 minutes, le podcast des français dans le monde. francaisdanslemonde.fr À 14 heures d’avion depuis la France, on retrouve Sophie qui voulait réagir suite au podcast Vivre à Séoul, diffusé sur la radio des Français dans le Monde il y a quelques jours. Bonjour et bienvenue, Sophie.
Merci, Gauthier. Bonjour et merci de me recevoir. Alors, c’est un podcast important. Évidemment, sur la radio, on a des invités qui donnent leur point de vue. Toi, tu as écouté le podcast et tu t’es dit je dois contacter la radio parce que ce que j’ai entendu n’est pas forcément ce que je ressens moi en vivant en Corée du Sud.
C’est exactement ça en fait, il y a une grosse différence entre vivre à Séoul et dans une autre ville en Corée du Sud. Et c’est la raison pour laquelle j’ai contacté la radio des Français dans le monde et je t’ai contacté particulièrement Gauthier. pour te dire que oui, il y a beaucoup de choses de vraies dans ce podcast louant toutes les facilités d’expatriation de Séoul, mais en même temps, il y a beaucoup, beaucoup de contraintes que l’on ne voit pas forcément en préparant son expatriation. Si tu veux bien, avant d’atterrir à Sangdo, on va revenir sur ton parcours. Quand je t’ai demandé tu es originaire d’où, tu m’as dit de partout et de nulle part.
Il faut dire que depuis ta naissance à Paris, tu as connu 18 villes différentes, avec d’abord un papa qui avait un job qui faisait que vous avez beaucoup bougé en France. Et puis un mari qui bosse dans les organisations internationales, qui a donc fait que vous avez également beaucoup bougé. Aujourd’hui, tu n’as pas de racines, tu ne ressens pas cette sensation. Tu ne sais pas, par exemple, où tu voudrais t’installer définitivement. Tu ne sais pas.
Ben non, c’est exactement ça. Non seulement je n’ai pas de racines, j’aimerais en créer, mais le paradoxe, c’est que je ne sais pas où. Et avec mon mari, on ne sait pas où. Je pense qu’à terme, on reviendra en France parce qu’on est très attachés à notre pays, à notre culture. On a bien sûr nos familles.
Nos enfants n’ont choisi de travailler, d’étudier, de travailler dans deux pays différents également et hors de France. Mais voilà, aujourd’hui, On ne sait pas. Et on n’arrive pas à se projeter. Et vu la situation aujourd’hui, je ne vais pas rentrer dans les débats ni politiques, ni économiques, ni sociaux. Mais malheureusement, je vois que mon pays, la France, ne traverse pas la meilleure période.
Malheureusement. Et on va laisser passer cette vague un petit peu triste pour moi. Et on verra par la suite. Mais en tout cas, revenir en France, non, ce n’est pas d’actualité pour aujourd’hui. Alors il y a une vingtaine d’années, tu quittes Lyon pour une première expatriation, ce sera la Suisse.
Tu t’y installes avec ton mari et tes enfants. Alors tu commences tranquille parce qu’il y a un petit choc culturel, mais on n’est pas au bout du monde, on a juste traversé. Non, le pont du Mont-Blanc, quand on le traverse, on a quasiment l’impression d’être en France. Pas un gros choc culturel non plus. Ensuite, un très bon souvenir avec un pays très sécuritaire et les enfants étaient en bas âge, c’était pratique.
Vous étiez à La Haye, aux Pays-Bas. En 2018, vous vous installez à New York. Malheureusement, ça va tomber dans la période du Covid, ce qui ne sera pas facile, facile. En 2022, c’est Montréal. Vous allez pour la première fois commencer une expatriation à deux.
D’ailleurs, tu disais, c’était intéressant, s’expatrier avec des enfants, ça aide à créer du réseau parce qu’à l’école et tout ça, quand on n’est plus qu’à deux, On est un peu plus isolés ? On peut être un peu plus isolés, c’est tout à fait vrai. Mais il y a quand même des structures, des accueils dans les villes qui permettent justement de pallier à ce manque de relations via l’école. Mais en même temps, dans son couple, on a anticipé, en tout cas c’était mon cas, on peut anticiper le départ des enfants et le fait de démarrer véritablement une nouvelle vie. Et ayant eu nos enfants plutôt très jeunes, on se retrouve à 50 ans avec une nouvelle vie, des enfants qui bossent et des facilités à tous les niveaux, pas de contraintes, véritablement de vacances scolaires, d’horaires, etc.
qui nous permettent d’envisager la vie très différemment. Après, voilà, arrivé à Songdo, les choses se corsent un petit peu plus sans justement les accueils, puisque l’accueil est à Séoul, l’accueil des Français. Et là, c’est autre chose. Alors justement, parlons-en. Il y a deux ans, vous vous installez en Corée du Sud.
Alors vous avez décidé de vous baser à Songdo, qui est une ville qui est à 25 kilomètres de Séoul. On s’est installé là où l’organisation internationale de Mont-Marie est basée. En se disant, c’est normal d’habiter là et de pouvoir aller en vélo néerlandais, un Français en vélo néerlandais, sur les pistes cyclables de Corée du Sud. C’est assez unique. Donc on a privilégié, en effet, d’habiter à côté du lieu de travail de Mont-Marie.
Alors, c’est à 1h30 de métro. Bientôt, ce sera en 30 minutes parce qu’ils vont mettre un super métro super rapide. Mais dans cette ville vendue comme internationale et futuriste, tu vas découvrir que c’est peut-être un peu légèrement survendu. C’est une opération marketing, on va dire. C’est une belle opération marketing.
En effet, Sangdo, c’est une ville à une architecture assez incroyable. En effet, j’encourage tous les auditeurs à aller voir ces très beaux bâtiments et la façon dont les architectes ont pu construire sur la ville. Mais en effet, elle est futuriste, mais elle n’a d’international que le nom. C’est un peu le bémol, on va dire. C’est ça, c’est que si c’est vendu comme étant une ville internationale, on ne parle pourtant pas l’anglais.
Toi, tu m’as dit, on m’a déjà pris en photo dans l’ascenseur, comme si tu étais une bête étrange, finalement. Exactement ! On a la chance avec mon mari d’être les seuls étrangers de notre building. Donc on a la chance d’habiter dans une tour de 30 étages et on est au 17ème. Et nous ne sommes entourés que de très gentils coréens qui, de temps en temps, nous prennent en photo.
Parce que nous sommes à priori des bêtes assez curieuses. Nous faisons un peu peur également aux jeunes enfants et aux chiens. Oh zut ! Le chien se met à aboyer en nous voyant. J’ai un peu enquêté sur la question.
En effet, c’est un pays qui s’est ouvert très tardivement aux étrangers. J’ai eu l’occasion également dans une librairie de feuilleter des livres d’enfants, puisqu’ayant essayé d’apprendre le coréen, en s’orientant vers des livres d’enfants. En fait, la représentation des gens n’est que asiatique. Il n’y a pas, comme on pourrait trouver en France ou ailleurs, ou dans les pays que j’ai pu côtoyer, entre guillemets, un faciès blanc, jaune, vert. Non, ça n’existe pas.
Est-ce qu’on peut parler un peu de racisme, du coup ? Alors, on peut fortement parler de racisme. Je pense que le mot doit être dit. En effet, c’est un pays qui est très raciste et qui reste très fermé aux étrangers. En tout cas, là où je suis.
Et suite à l’écoute du podcast, tu es revenu vers moi en voulant alerter sur l’énorme choc culturel, un choc culturel monumental. Tu m’as dit il faut le savoir avant parce que sinon, on peut ne pas tenir. De toutes mes expatriations, c’est de loin la plus difficile et là où le choc en effet culturel est le plus important. Cela était dû à la localisation de la ville. Je pense que si j’habitais à Séoul, ce serait totalement différent, au moins sur une partie.
Aujourd’hui, oui. J’avais beau m’être beaucoup préparée, j’avais lu, je suis très ouverte d’esprit, je ne regarde jamais en arrière, je ne veux pas comparer, je suis plutôt dans l’apprentissage et dans le respect de ce que je vais trouver, dans l’ouverture sur les différentes cultures. Mais là aujourd’hui, c’est vrai qu’il faut s’accrocher. Et des personnes un peu sensibles pourraient abandonner et refaire rapidement leur valise. On me disait déjà qu’à Séoul, on ne parlait pas forcément anglais partout.
Là, tu me disais tout à l’heure qu’on ne parle quasiment pas l’anglais. Résultat, toi, tu débarques avec un coréen très léger. Comment tu fais pour t’en sortir ? Est-ce que tu craques parfois ? Alors non, je ne craque pas parce que je ne suis pas du genre à baisser les bras.
En fait, on s’adapte. Il n’y a pas d’anglais. On fait avec le traducteur local. On oublie Google Translate ou autre. C’est Papago qui devient en effet ton meilleur ami au quotidien.
Et puis, des fois, tu achètes des choses en pensant que la traduction était bonne. Et puis, tu t’aperçois que ce n’est pas du tout ça. Des fois, ça te fait sourire. Des fois, ça te fait moins sourire. Mais voilà, tu apprends tous les jours.
Et en fait, moi, tous les jours, j’apprends quelque chose de nouveau sur ce pays, sur les gens, sur leur façon de vivre, sur des tas de choses. Alors, on va prendre deux exemples. Manger, faire ses courses, tu n’as pas de repères. Alors on en a beaucoup moins, en plus les rayons sont gorgés de produits qui moi en tant que française me font un petit peu peur on va dire ça, bon on est habitué à manger des escargots et d’autres bêtes mais là les étals de poissons, de têtes de poissons et autres pieuvres Ce n’est pas ce qui me tente le plus. Je fais malheureusement une inversion assez toxique du kimchi.
Je ne peux plus sentir l’ail aujourd’hui. L’ail est omniprésent. Mais bon, ça c’est très personnel. Mais pour répondre à ta question sur les courses, j’ai la chance d’avoir une enseigne qui s’appelle Costco que j’ai connue bien sûr aux États-Unis et à Montréal. Et Costco, tu as quelques produits internationaux, surtout américains.
Et même si ce Costco est dédié à 99,9% à des produits coréens, il y a quand même 2-3 repères, 2-3 choses faciles. Et puis après, on fait avec ce qu’on a. Et puis voilà, s’il n’y a pas de fromage, il n’y a pas de fromage. Et on est ravis de le retrouver quand on rentre en France. Et honnêtement, je n’ai pas des périls ici.
On arrive à survivre largement. Et autre petit focus, la santé. Là, tu m’as carrément dit ça peut être traumatisant. La santé, j’ai la chance avec mon mari de ne pas souvent tomber malade, même pas du tout. Mais j’ai une amie qui a eu l’expérience de l’hôpital et d’opérations.
Et oui, c’est assez déstabilisant dans l’organisation, dans les procès, dans la facturation également. Et moi, à titre personnel, oui, lors d’un check-up annuel, on peut être assez déstabilisé pour des examens, on va dire, qui ne vont concerner que les femmes. Et donc cette année j’ai décidé de surtout pas le faire en Corée et de le faire en France. Pour le coup, avec des expériences un peu partout dans le monde, aujourd’hui, il faut s’accrocher quand même parce qu’il n’y a pas les enfants. Le métier de monsieur n’est pas simple.
Toi, tu ne peux pas vraiment travailler non plus. Oui, alors je partage beaucoup de choses, en effet, sur le métier de mon mari. Et en fait, étant de nature très curieuse, je me documente beaucoup sur des sujets business et autres. Je suis en train d’écrire un petit peu mon expérience coréenne, également en testant l’intelligence artificielle. Je ne reste pas à ne rien faire.
Je suis plutôt curieuse de tester et ayant la chance d’avoir le temps d’en profiter véritablement. Alors Sophie, pour conclure, vivre en Corée du Sud, attention, accrochez-vous, préparez-vous, ça ne sera pas simple. C’est un peu la conclusion qu’on peut avoir, mais en même temps, c’est un enrichissement, je pense, que l’on ne trouvera nulle part ailleurs. Je voudrais conclure sur le fait que, de loin, cette expatriation est la plus difficile, mais peut-être la plus étonnante à bien des égards. Et c’est ça qu’en fait, je retiendrai de ce pays.
Et moi, ce que je retiens de toi, c’est que tu es une grande optimiste. Oui, oui. Oui, oui. Et oui, je souhaite rester optimiste, exactement. Eh bien, merci d’avoir réagi sur l’antenne de la radio des Français dans le Monde.
Au plaisir. Merci, Gauthier
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