Virginie Caplon : Trouver sa place à Stockholm

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Comment l’amour peut-il transformer une vie et mener à l’expatriation ?

Dans cet épisode captivant des podcasts de La radio des Français dans le monde, nous explorons le parcours de Virginie Caplon, une expatriée française vivant à Stockholm. Originaire d’Annecy, Virginie partage avec nous son histoire d’amour improbable qui l’a menée à quitter la France pour la Suède. Sa rencontre avec Peter, un Suédois, lors d’une fête à Annecy a été le catalyseur d’un voyage de vie extraordinaire. Elle évoque avec nostalgie le lac et les montagnes de son enfance, tout en expliquant comment elle a pris la décision audacieuse de suivre son cœur et de s’installer à l’étranger, malgré les défis linguistiques et culturels.

Virginie Caplon est une invitée inspirante qui incarne le courage et l’adaptabilité. En arrivant en Suède en 1994, sans parler suédois et avec un anglais limité, elle a rapidement compris l’importance d’apprendre la langue locale pour s’intégrer et réussir professionnellement. Travaillant dans le secteur de la mode, elle a su s’adapter à la culture suédoise tout en préservant ses racines françaises. Même après la fin de sa relation avec Peter, Virginie a choisi de rester en Suède, séduite par les amitiés qu’elle y a nouées et les opportunités professionnelles qu’elle y a trouvées.

L’épisode aborde également des aspects plus personnels de la vie de Virginie en Suède, tels que le climat rigoureux et le caractère réservé des Suédois. Elle partage ses réflexions sur les différences culturelles entre la France et la Suède, notamment en ce qui concerne la spontanéité et l’humour. Virginie évoque également ses enfants, qui, bien qu’ils ne maîtrisent pas parfaitement le français, s’intéressent à leurs racines françaises. À travers son récit, Virginie nous offre une perspective unique sur l’expatriation, soulignant l’importance de trouver un équilibre entre ses origines et sa nouvelle vie.

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https://www.linkedin.com/in/virginie-caplon/

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Chapitrage de l’épisode :
0:00:01 – Introduction et Présentation de Virginie
0:00:30 – Parcours Initial: Annecy et Éducation
0:00:58 – Rencontre avec Peter et Départ pour la Suède
0:02:24 – Arrivée en Suède sans Parler Suédois
0:03:30 – Apprentissage du Suédois et Intégration
0:04:38 – Vie Sociale et Séparation de Peter
0:05:35 – Les Hivers et Étés Suédois
0:08:18 – Rigueur Suédoise et Amitié
0:09:42 – Manques et Souvenirs de la France
0:10:25 – Jumeaux et Transmission du Français
0:11:33 – Expatriation des Enfants
0:12:30 – Bilan et Conclusion
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Transcription IA du podcast :

Et je suis très content d’aller retrouver à Stockholm, donc en Suède, ma première invitée de cette émission. Elle s’appelle Virginie. Bonjour Virginie. Bonjour, bonjour. Merci d’être avec nous, on va raconter ton parcours d’expat, c’est le principe d’un français dans le monde.
Tout commence à Annecy, nous sommes en Haute-Savoie, il y a quelques années. C’est là que tu vas naître, grandir et faire tes études ? Oui, c’est là. Surtout grandir, j’ai fait des études à Lyon, mais c’est quand même là que tout va se jouer, effectivement. Et c’est encore une zone du monde auquel tu penses souvent quand t’es comme ça en Suède, un jour où le ciel est un peu gris, tu penses au lac d’Annecy ?
Je pense au lac d’Annecy et je pense surtout à mes montagnes qui sont autour du lac. Ça, ça manque, ouais. Alors tu as 24 ans, tu vas rencontrer, d’ailleurs dans une fête à Annecy, tu vas rencontrer un grand beau suédois, il s’appelle Peter, et vous allez évidemment tomber amoureux et pendant quelques mois vivre une relation à distance, jusqu’à ce qu’un jour il t’invite à venir s’installer dans son pays. T’as longuement réfléchi, est-ce que tu t’es dit que l’amour serait plus fort que l’expatriation ? Ah oui !
T’as pas trop réfléchi ? J’ai eu quand même du temps à réfléchir, mais pour moi c’était sûr, c’était l’aventure. J’ai pris ma valise, j’ai pris mon vélo et j’ai pris le train. Alors on va parler de ce train. Je ne savais pas que ça existait.
T’es partie en train, sans quitter le train, en 24 heures, t’as traversé Hambourg pour aller jusqu’à Stockholm. Et même que le train était sur le bateau qui t’a emmenée en Suède. Ouais. Donc j’ai fait Genève-Hambourg et puis après de Hambourg, en fait, je suis restée dans le train jusqu’en Suède, oui. Et je me souviendrai très bien puisque je n’avais pas tellement calculé comment ça allait se passer.
Et je dormais, c’était dans un couchette. Et je me suis bien réveillée et j’ai bien entendu tout ce qui était en train de se passer. J’ai compris qu’effectivement, le wagon, le train allait être mis dans le bateau. C’est incroyable ! Ah oui !
Alors il y a 2032 kilomètres, j’ai vérifié, entre Annecy et Stockholm. Tu arrives là-bas, on est en avril 94, inutile de rappeler que les années ont passé et qu’à l’époque il n’y avait pas internet. Donc pour toi qui ne parle pas le suédois, la solution c’est un petit dictionnaire que tu gardes dans la poche. Voilà, vu que mon anglais était à l’honneur de la réputation de l’anglais des français, Je n’avais pas tellement le choix. Donc mon mini dictionnaire français-anglais m’a bien aidée pour justement communiquer avec tout le monde.
Puisque en Suède, tout le monde parle anglais. Alors tout le monde parle anglais, mais tu m’as dit que si on voulait un peu s’intégrer et vraiment devenir un vrai Suédois, il faut parler le suédois. Oui, pour moi ça a été vital d’apprendre le suédois le plus rapidement possible. Pour l’intégration, pour mon métier en magasin en tant que vendeur, je voulais vraiment pouvoir communiquer en anglais. Donc oui, je me suis inscrite et j’ai appris le suédois pour pour les étrangers.
Je me suis retrouvée en 1994 avec beaucoup de gens de l’ex-Yougoslavie, puisque c’était la guerre de Yougoslavie à ce moment-là. J’étais la seule qui était en Suède parce que je le voulais. Et justement, est-ce que tu t’es dit, qu’est-ce que j’ai fait comme bêtise ? Pourquoi j’ai fait ça ? Est-ce que tu t’es posé ce genre de questions ou les choses se sont passées plus naturellement ?
Non, au début, en tout cas, non, j’étais très convaincue. Je trouvais que c’était une belle aventure de me lancer là-dedans, donc je ne me suis pas posé la question. Et au contraire, de rencontrer toutes ces personnes aussi à l’école, c’est une très, très belle expérience de vie. Alors neuf ans plus tard, ce sera la fin avec Peter, ce grand beau Suédois va quitter ta vie. Tu te poses la question de savoir si tu vas rentrer mais finalement, les amis que tu t’es fait sur place, le boulot que tu trouves intéressant, tu bosses dans la mode, tu décides de rester.
Oui, je décide de rester. Je me dis que non, non, je ne vais pas partir, je ne vais pas quitter ça. J’ai trop de choses à laisser ici en Suède et trop peu à retrouver en France. Donc je décide de rester et de peut-être rencontrer quelqu’un d’autre. Alors parlons boulot justement, tu as travaillé dans le domaine de la mode, tu y bosses toujours.
Toi, l’expression que tu m’as donnée hors antenne c’était je bosse sur le plancher. En gros ça veut dire que tu bosses dans les surfaces commerciales. Voilà c’est ça, c’est la différence entre ceux qui travaillent en magasin, ceux qui travaillent dans les maisons-mères, dans les bureaux, ou même les vendeurs qui font les salons. C’est encore une autre expression. En Suède, on différie les trois endroits où on peut vendre.
Ici, ça se dit « på golvet ». Donc je travaille sur le plancher, en magasin. Parlons de ta vie à Stockholm si tu veux bien. Alors le petit mot classique sur la météo, déjà il fait plus chaud que d’habitude, c’est plutôt une bonne nouvelle. Oui, c’est une bonne nouvelle pour nous en tout cas, puisque de toute façon, on n’obtient pas les 40 qu’il y a eu en France.
Donc nous maintenant, on a eu quand même un bel été qui s’est autour des 30 et c’est très chouette.
Je suis très contente, mais c’est vrai que ça se réchauffe un petit peu ici aussi quand même, on doit le dire. Alors sinon je ne vais pas mentir, Virginie, quand j’ai un français qui est basé en Suède, souvent j’ai des remarques un petit peu difficiles sur deux choses. L’hiver qui peut être très long, et le manque de soleil qui peut être cruel, et les Suédois qui ne sont pas toujours très très très très accueillants. Qu’est-ce que tu peux me dire sur ces deux points ? Alors pour la première chose oui effectivement les températures sont quand même beaucoup plus basses qu’en France donc c’est vrai il fait froid.
La neige si on n’a pas de chance elle peut arriver déjà au mois de novembre et puis elle reste longtemps. Et puis surtout, il fait nuit et c’est l’obscurité qui peut être très pesante. Mais contrario, l’été, c’est le contraire. On est à Stockholm, donc on est encore au milieu de la slèbe. L’été, il fait jour tôt.
Donc je me souviens très bien, je suis arrivée au printemps. et je me souviens très très bien. Il n’y a pas de volets ici, donc on ne met pas de volets. On a peut-être des rideaux, des choses comme ça, mais il n’y a pas de volets. Et les oiseaux surtout, on les entend très tôt le matin, vers 3-4 heures du matin, ils commencent à chanter, il fait jour à 4 heures.
C’était un petit peu difficile à dormir le matin et puis la nuit qui n’en finit pas l’hiver. Il n’y a quasiment que quelques heures où le soleil apparaît, sinon c’est tout le temps la nuit. Stockholm, ça va encore. On a encore 5-6 heures de soleil quand même. On va dire de 8-9 heures du matin à 3 heures de l’après-midi, le soleil se couche.
À 4 heures, il fait nuit quand même, oui. Et alors cette rigueur, cette froideur suédoise, elle existe ? Disons oui, il y a cette rigueur professionnelle d’être bien carrée, de ne pas dépasser les choses, d’être correcte. Et puis, c’est vrai que les Suédois, au début, ils sont méfiants des nouvelles personnes. Donc, comme une autre amie française me disait, on a l’impression qu’on va à un entretien d’embauche d’amis.
C’est ça, ça m’a vachement marqué. Tu m’as dit, il y a une embauche à l’amitié. Il y a une embauche à l’amitié. On doit passer quelques étapes avant de… Il faut cocher, et puis si vraiment ça…
Alors après, t’as des amis, effectivement, pour la vie. Mais c’est vrai que c’est différent. Le climat, je pense, fait beaucoup. Et parce qu’aussi, la Suède, c’est un pays où tout fonctionne très bien, où on gagne bien sa vie. Et donc, les Suédois sont un petit peu méfiants.
Et ils partagent après avoir fait cet entretien d’embauche. Après, ils partagent. Mais c’est vrai qu’avant, ce n’était pas évident. La plupart de mes amis sont d’origine quand même étrangère ici. Tu me disais que c’était plus facile de se faire des amis avec des expats comme toi.
Des expats ou alors des enfants d’étrangers qui sont nés ici en Suède. Dans ce rendez-vous un français dans le monde j’ai toujours une petite question sur ton rapport à la France tu m’as dit que tu ne revenais pas aussi souvent que tu ne le voulais et qu’il te manquait un truc j’adore l’expression ce que tu aimes bien en France c’est le côté à la bonne franquette. Oui c’est ce côté spontané qu’en tout cas j’ai le souvenir qu’on avait et Ce côté un peu simple des choses, d’inviter quelqu’un avec ce qu’on a dans le frigo, sans en faire un plat, j’allais dire ! Donc cette simplicité des choses, je pense que ça, ça manque. Ça me manque beaucoup en fait.
S’arrêter à une terrasse de café, boire. Un petit café avec un pote. De voir quelqu’un, de dire tiens on va faire ça, tu fais quoi. Donc oui, ça, ça manque. Et puis l’humour aussi qui n’est pas toujours évident puisque quand même Quand je me fends le bide avec mon amie d’enfance en français, c’est pas toujours évident de reproduire les mêmes choses dans une autre langue.
Donc la langue française aussi me manque. Alors parlons justement de cette langue française. Tu as des jumeaux qui ont 14 ans aujourd’hui, un garçon et une fille. Et alors ils connaissent pas le français. Pas très bien.
Pas évident parce que j’ai plus de famille en France aujourd’hui donc mes parents sont décédés et donc du coup les enfants n’ont pas pu vraiment profiter de la France. Je leur parle français mais le fait qu’on habite loin d’une école française ici à Stockholm, ce n’était pas pratique de les mettre dans une école française. Donc ça a été une école suédoise. Alors ils me parlent en suédois, je leur parle en français.
Ça commence à faire du changement, mais c’est vrai qu’ils parlent pas très très bien le français. Mais ils ont choisi le français en troisième langue maintenant. Est-ce que tu penses qu’ils vont vouloir vivre ce que tu as vécu toi, une expatriation ? Parce qu’eux sont suédois. En France, dans quelques années, c’est possible ?
C’est possible. Je pense peut-être que ma fille a l’air très intéressée par la France. Elle veut retourner sur Annecy pour vraiment faire un espèce de voyage avec moi, pour que je lui montre tout de mon enfance. Donc il est possible. Et que mon fils peut-être, mais lui c’est un traître, il veut aller en Angleterre.
Elle vireuse de l’expatriation quand même, comme maman qui a connu ça il y a 28 ans, aucun regret aujourd’hui. Non, aucun regret. Je suis bien ici. Je pense qu’après tant d’années, j’ai appris que finalement tous les pays qui existent, en tout cas la plupart d’eux, ont toujours en fait deux choses à offrir. Donc il y a toujours une bonne partie, une moins bonne partie.
Et si on arrive à prendre la bonne partie du pays où on habite et garder la bonne partie d’où on vient, je pense qu’on arrive à trouver un bel équilibre et ça c’est chouette. Eh bien Virginie, en tout cas moi, j’ai rencontré la meilleure partie de toi aujourd’hui, merci d’avoir été en direct. C’est quand même magique, on ne le dit jamais, on ne se rend jamais compte, mais nous on est en visio, on se parle et on se voit, t’es à 2000 kilomètres d’ici, on se parle comme si t’étais dans le studio, c’est quand même, enfin je ne sais pas moi, je dois être un enfant. C’est super ! Je trouve ça fascinant.
Ah oui, c’est super, vraiment. Merci beaucoup, en tout cas, d’avoir répondu. Merci à toi de m’avoir invitée avec plaisir. J’espère que je vais inspirer d’autres à passer le cap. Et j’espère te retrouver ici bientôt.
Merci.
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