.
Comment une aventure à vélo à travers le Canada peut-elle transformer une vie ?
Dans cet épisode captivant de « 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde », nous nous plongeons dans l’univers fascinant de l’expatriation à travers le prisme de l’expérience personnelle de Christophe Forgerais. Que signifie réellement s’expatrier? Est-ce simplement quitter un pays pour un autre, ou est-ce une quête de découverte et de transformation personnelle? Christophe nous invite à explorer ces questions en partageant son propre parcours, qui a commencé par une aventure inattendue à vélo à travers le Canada avec sa conjointe.
Christophe, notre invité du jour, est un Français qui a décidé de vivre une expérience unique en traversant le Canada à vélo. Âgé de 41 ans aujourd’hui, Christophe a débuté son aventure en 2017, à l’âge de 35 ans, avec un permis vacances-travail. Cependant, sa conjointe, Isabelle, a eu la chance d’obtenir un permis de travail, ce qui a permis au couple de s’installer à Montréal après leur périple. Christophe partage avec nous les défis et les moments de joie qu’il a rencontrés tout au long de son parcours, mettant en lumière les différences culturelles entre la France et le Canada, ainsi que l’accueil chaleureux qu’ils ont reçu de la part des Canadiens.
L’épisode se concentre sur les hauts et les bas de l’expatriation, en mettant en avant les aspects culturels et personnels de l’intégration dans un nouveau pays. Christophe explique comment cette expérience a enrichi sa vie, lui permettant de découvrir une nouvelle culture tout en conservant des liens avec ses racines françaises. Il aborde également les défis émotionnels liés à l’expatriation, tels que la nostalgie de sa région natale, la Bourgogne, et les comparaisons inévitables entre les deux pays. Malgré ces défis, Christophe se sent soutenu par la communauté locale et apprécie les opportunités offertes au Canada, notamment en termes de qualité de vie et de soutien familial. Cet épisode offre un aperçu inspirant de la manière dont l’expatriation peut ouvrir de nouvelles perspectives et transformer une vie.
.
.
Chapitrage de l’épisode :
0:00:01-Introduction
0:00:22-Salutations et début de l’entretien avec Christophe
0:01:34-Découverte du Canada et motivations initiales
0:02:45-Difficultés administratives pour obtenir le permis
0:03:19-Découverte du Canada à vélo
0:04:05-Expériences de travail et intégration à Montréal
0:05:32-Réflexions sur les hauts et les bas de l’expatriation
0:06:32-Adoption de la culture locale et souvenirs de la France
0:07:48-Accueil chaleureux et aide des locaux
0:08:30-Naissance de leur fille et soutien au Canada
0:09:30-Avantages de la vie au Canada
0:10:06-Clôture de l’interview et remerciements
.
10 minutes, le podcast des Français dans le Monde.
Prenons la direction de Montréal, en centre-ville, sur le plateau Mont-Royal, réputé pour le lieu où se réunissent les Français. Il parait qu’il y en a beaucoup là-bas. Il y en a un en l’occurrence qui est avec nous. Bonjour Christophe ! Salut, salut !
Comment ça va ? Plutôt pas mal ! On va parler de ton expatriation. C’est amusant quand on en parle, tu dis l’expatriation. D’abord, il y a des hauts et des bas, des moments d’euphorie et des moments de doute.
En tout cas, je n’ai pas quitté la France, mais j’ai découvert un autre pays. On va revenir un peu sur la découverte du Canada, quasi par hasard dans une aventure que tu as faite avec Madame. A vélo, c’est une envie de traverser le Canada qui a commencé en fait l’aventure. Au départ c’était vraiment une envie de changer un petit peu de paradigme, de faire une autre expérience que juste dérouler sa carrière professionnelle. Donc une pause un petit peu, puis malgré tout l’envie depuis longtemps, partagée avec ma conjointe bien sûr, d’aller travailler à l’étranger.
Alors on s’est mis en quête de permis, d’autorisation, où est-ce qu’on va. Puis finalement à 35 ans presque révolu, le choix était quand même très limité pour moi, contrairement à ma conjointe un peu plus jeune. On est arrivé presque, je ne veux pas dire par défaut, mais quand même au Canada, ils autorisent jusqu’à 35 ans révolu pour un permis qui est donc ouvert. On a choisi d’appliquer au permis vacances-travail avec le Canada. Tu as 41 ans aujourd’hui, à l’époque on était en 2017, tu fais donc ce voyage de 6 mois à vélo, ta conjointe va rester sur place, toi ton permis il est terminé, ton autorisation d’être sur le pays donc tu dois rentrer en France.
C’est qu’en fait moi je n’ai pas eu de permis contrairement à ma conjointe qui elle l’a obtenu. Moi j’ai eu 36 ans avant de recevoir la réponse donc on m’a simplement dit vous n’avez plus l’âge pour postuler. Et hop t’as dû rentrer. C’est pour ça qu’on a dit qu’est-ce qu’on fait. C’est là qu’on s’est dit finalement plutôt que de partir travailler à Montréal toute seule Isabelle on va partir à deux, puis plutôt que de travailler salarié, on va travailler bénévole.
C’est ce qu’on a fait sur la route de notre voyage, parce qu’on s’est dit, le Canada c’est grand, pourquoi rester à Montréal ou ailleurs ? On va le découvrir le Canada, mais on n’avait pas vraiment envie de louer une espèce de camping-car ou quelque chose comme ça. Puis on avait déjà fait une petite expérience de voyage à vélo une petite semaine ensemble, moi j’en avais fait plusieurs seul. Alors on s’est dit, pourquoi pas le vélo ? Puis c’est comme ça que ça s’est construit.
On a travaillé un petit peu sur la route à différents métiers, on avait envie de découvrir d’autres choses. On a découvert plein plein de domaines. Puis arrivé à Montréal, on s’est dit bon t’as quand même un permis Isabelle, tu vas peut-être te donner la chance et puis c’est ce qu’elle a fait. Alors moi je suis rentré puisque j’avais simplement un visa touristique. Puis quand elle a eu travaillé un mois et demi, elle a pu me faire venir en tant que conjoint de fête.
et que je suis arrivé en juillet 2018 exactement, c’est mon retour. Tu dis je prends aujourd’hui le meilleur des deux mondes, encore une fois t’as pas voulu fuir la France mais t’as voulu expérimenter une autre culture, t’as été gâté parce qu’on dit toujours que ce sont des cousins les canadiens mais au final il y a beaucoup de différences. Oui, je dirais que les Canadiens, encore plus que les Québécois, on sent vraiment une autre culture. Évidemment, c’est la culture nord-américaine qui n’a rien à voir avec la culture européenne. Le Québec, en revanche, est peut-être un peu plus entre les deux mondes.
Mais pour moi, elle est clairement nord-américaine. Vraiment. Et quand tu me dis que tu as vécu des hauts et des bas dans cette expérience, les hauts, c’est quel genre de moment ? Et les bas, c’est quel autre genre de moment ? J’ai surfé pas mal sur la vague haute parce que de retour d’un voyage de six mois, déconnecté parce que ça faisait quand même 15 ans que je travaillais.
J’avais une source d’énergie en moi-même qui était vraiment énorme. Je pense que ça s’est vu quand j’ai rencontré Vincent à peine dix jours après être arrivé en juillet. Je pense que l’énergie que j’avais, c’était justement de ne pas regarder en arrière. Et comme je n’avais pas la sensation d’avoir quitté quelque chose, pour quelque chose de mieux par exemple, j’étais vraiment dans la totale découverte et d’ailleurs j’ai découvert mon métier pendant un an, un an et demi avant de vraiment comprendre ce que je faisais. C’était une découverte permanente puis je suis comme surfé sur la vague pendant assez longtemps.
Et les bas alors ? Les bas c’est comme je pense que je vais surprendre aucun expatrié en disant ça mais à un moment donné c’est normal que tu que tu vives les bas ça peut être par exemple des choses qui nous agacent le ah oui c’est pas aussi bien que puis là on se rend compte au bout d’un moment dans notre discours on est toujours en train de comparer c’est quelque chose que je déteste j’essaye toujours de me reprendre quand j’en arrive à comparer, parce que je me dis que quand j’en serais plus qu’à ça, je crois que j’aurais fait le tour de la question. Est-ce que dans les bas, il y a des souvenirs de Bourgogne, ta région natale, avec ses vins et ses fromages ? Est-ce que ça fait partie de tes blues ? Oui, c’est sûr que ça, c’est quelque chose.
Mais sur le plateau, on a quand même une chance inouïe. Effectivement, comme tu disais tout à l’heure, on a une grosse communauté française, francophone, oui, mais française. et j’ai par exemple en bas de chez moi un fromager extraordinaire j’ai une machine à churros qui est juste en bas comme ça quand je travaille à maison de temps en temps je vais chercher un petit cornet enfin je veux dire on a une boulangerie d’une qualité que j’ai jamais retrouvé en france encore le vin est là il y a même des petits domaines qui étaient en bas de chez moi à mercuré ou etc je me dis mais c’est pas possible de trouver ça là C’est pas possible non plus de comprendre pourquoi le prix est trois fois plus élevé.
C’est quand même en bas de chez moi, je vais pas me plaindre. Quand tu as parlé de ton accueil à Montréal, d’abord pendant ce voyage, tu as rencontré des gens qui se sont occupés un petit peu de Madame et de toi à votre arrivée à Montréal. Alors j’y suis allé une fois à Montréal, j’ai été très étonné justement par la gentillesse présente dans un magasin, dans un restaurant. C’est assez étonnant. Quand tu dis bien accueilli, qu’est ce qui s’est passé concrètement pour toi ?
Quelle aide ils t’ont apporté ? Concrètement, Je pourrais te citer des dizaines d’exemples sur tout au long de notre voyage, mais quand on est arrivé au Québec par exemple, la première nuit on a été accueilli par nos amis. Ce soir-là on a rencontré un couple d’amis, enfin un couple de gens qu’on ne connaissait pas, qui nous ont proposé de garder leur maison pendant plusieurs mois parce qu’eux partaient faire un trek à l’Himalaya. Donc plusieurs mois durant, ma conjointe a eu la chance de vivre dans une belle maison au bord du Saint-Laurent. Une maison qu’on aura peut-être l’occasion un jour de s’offrir, on espère, mais ce n’est pas vraiment le genre de choses qu’on espérait quand on est arrivé.
C’était vraiment impossible à imaginer que les gens auraient une telle confiance, gentillesse, et sincérité au fond d’eux. En tout cas, ça nous a beaucoup beaucoup aidé. Puis il y a eu comme ça à peu près deux ou trois invitations avant qu’on s’établisse vraiment. Puis encore aujourd’hui, c’est les gens qui font partie de notre cercle d’amis, c’est nos tontons un petit peu au Canada. C’était ça pour tout le long de notre voyage, on a reçu énormément d’invitations.
Aujourd’hui, à 41 ans, tu vois comment l’avenir, visiblement, tu te sens bien au Canada, au point que tu as même chopé quelques expressions et quelques petites notes canadiennes dans la voix québécoise. Je ne sais pas vraiment quel sera notre avenir. On est à 41 ans, je viens d’avoir une petite fille, ça rebat pas mal les cartes. Et on est très, très heureux que notre fille soit née ici, notamment pour le support qu’on ressent, que ce soit au niveau de mon entreprise, que ce soit au niveau du gouvernement ou des infrastructures autour également. Même si rien n’est parfait, puis on n’est peut-être même pas au niveau infrastructurel de la France, mais je veux dire, on se sent soutenu, épaulé.
Puis ça, ça compte vraiment, je trouve. dans des choix de vie qu’on souhaiterait faire. Si j’étais en France avec les choix de vie qu’on a envie, par exemple, de pouvoir allaiter ma fille, que ma conjointe puisse allaiter ma fille, qu’elle puisse bénéficier d’un an de congés, que ce soit maternité et parental, qu’on puisse être financé pendant cette période de manière correcte, qu’on ait des salaires confortables également, avec des métiers qui nous plaisent. On sent vraiment qu’on nous porte de l’intérêt et puis qu’on nous soutient. Alors ça donne envie de rester.
Ouais c’est ça, t’as un peu répondu à ma question pour l’instant tu es là et tu y restes avec un certain plaisir. Je remercie Cécile de l’art et la manière qu’il nous a mis en relation. On va se retrouver avec ton collègue Vincent qu’on a évoqué pendant cette interview puisque vous accompagnez de nouveaux arrivants des français, pas seulement. Lorsqu’ils débarquent au Canada, notamment pour travailler, il faut les intégrer et tu les accompagnes, on en parlera prochainement. Merci Christophe, je te souhaite de passer de bons moments dans ce joli pays.
Merci Gauthier, à bientôt.