Voyage au cœur du Guatemala avec Marie-Ange Ngo Bieng

.
Quel est l’impact de l’expatriation sur notre perception du monde et notre engagement envers la planète ?
Dans cet épisode captivant de « 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde », Gauthier Seys nous emmène au cœur de la forêt tropicale du Guatemala pour une conversation inspirante avec Marie-Ange Ngo Bieng. Lauréate du prix de l’expatriation « Racines Sud » pour son engagement sociétal et solidaire, Marie-Ange partage son parcours impressionnant, de ses origines camerounaises à son rôle actuel au sein du Centre International de Recherche en Agronomie pour le Développement (CIRAD). Ensemble, ils explorent les défis et les récompenses de la vie d’expatrié, tout en réfléchissant aux impacts personnels et professionnels de telles expériences.

Marie-Ange Ngo Bieng, originaire du Cameroun, a poursuivi ses études en France avant de se lancer dans une carrière au CIRAD, une institution dédiée à la recherche et au développement en agronomie. Elle a vécu au Costa Rica avec sa famille, où elle a dû s’adapter à une nouvelle culture et langue, avant de déménager au Guatemala. Son mari, maître de conférences, a également embrassé le rôle de conjoint accompagnateur, souvent réservé aux femmes, en s’adaptant à de nouvelles opportunités professionnelles. Leur parcours illustre la dynamique unique des familles expatriées et la capacité d’adaptation nécessaire pour réussir à l’étranger.

L’épisode se concentre sur le travail crucial de Marie-Ange concernant la conservation et la restauration des forêts tropicales, des écosystèmes vitaux menacés par les activités humaines et le changement climatique. Elle souligne l’urgence de protéger ces forêts, qui abritent une biodiversité essentielle et jouent un rôle crucial dans la régulation du climat. Marie-Ange insiste sur l’importance de la gestion durable des ressources forestières pour soutenir les populations locales et préserver notre environnement global. Elle partage sa vision d’un avenir où la coopération internationale et l’engagement individuel peuvent inverser les tendances alarmantes de la déforestation et de la perte de biodiversité.

.
https://www.linkedin.com/in/ngo-bieng-marie-ange-6102452b0/

.

Podcast n°2446 (mars 2025) produit par Francaisdanslemonde.fr: Radios & podcasts pour les Francophones qui se préparent ou qui vivent la mobilité internationale. Appli mobile gratuite disponible pour Android & Apple, recherchez FRANCAIS DANS LE MONDE.

.
Chapitrage de l’épisode :

00:00:01 – Introduction et Présentation de Marie-Ange Ngo Bieng
00:00:22 – Partenariat avec Racine Sud
00:00:45 – Rencontre avec Marie-Ange
00:01:00 – Parcours et début du CIRAD
00:02:07 – Expérience au Costa Rica
00:03:15 – Défis de l’installation au Costa Rica
00:06:12 – Travail de Marie-Ange sur les forêts tropicales
00:07:00 – Pressions anthropiques et climatiques sur les forêts
00:08:47 – Importance des écosystèmes forestiers
00:09:33 – Migration et perspectives futures
00:10:30 – Retour imminent en France
00:11:52 – Conclusion et Remerciements
.

Transcription de l’épisode :

Vous allez plonger au cœur d’une nouvelle histoire inspirante. Bienvenue dans 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde. Je suis Gautier Saïs et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Marie-Ange Ngo Bieng. On part au Guatemala. 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde.
La radio des Français dans le Monde me permet de faire le tour du monde constamment. Quelqu’un m’appelle, c’est très intelligent. Je refais ma phrase. La radio des Français dans le monde me permet de faire le tour du monde constamment. Et me voilà au Guatemala aujourd’hui, en plein milieu de la forêt, avec mon invité Marie-Ange dans le cadre du partenariat avec Racine Sud.
Bonjour Marie-Ange. Bonjour Gauthier. Très content de faire ta connaissance. Tu as un splendide sourire. Nous, on se voit, on est en visio au moment où on enregistre cette interview.
Bravo pour ce prix de l’expatriation Racine Sud. Engagement sociétal et solidaire. Félicitations. Merci, je suis très heureuse d’être avec toi et je suis très heureuse de parler de mon travail et de mon engagement. Alors on va revenir sur ton parcours, tu es originaire du Cameroun, tu viens faire tes études en métropole en 2003 et puis le doctorat en poche, tu vas arriver dans la boîte où tu voulais aller, au CIRAD, tu vas vite être embauchée.
Et donc tu commences à bosser là-bas à Montpellier. Mais quand on bosse au CIRAD, d’ailleurs on va pouvoir le présenter un peu le CIRAD, on sait qu’on risque de bouger dans le monde. Alors présente-moi un peu le CIRAD. Le CIERAT, c’est le Centre International de Recherche en Agronomie pour le Développement. Le CIERAT travaille sur différentes thématiques de recherche et de développement en relation avec la gestion des écosystèmes et des ressources naturelles.
Le CIERAT travaille sur des pays dits en voie de développement, mais concrètement on travaille en Afrique, en Asie et en Amérique tropicale, en Asie tropicale et en Amérique tropicale. C’est un vestige de nos anciennes colonies. C’est un vestige de nos anciennes, du passé de colonisation de la France. Le Sierrat est l’héritier des instituts coloniaux. Donc la France, à un certain moment, avait des installations coloniales et donc devait gérer des territoires coloniaux et des ressources coloniales.
À la fin de cette étape de colonisation, les institutions se sont unies et travaillent maintenant en coopération, coopération scientifique, coopération de développement. Et c’est à tout son intérêt parce que de toute façon, c’est aujourd’hui des ressources mondiales. C’est des ressources tropicales qui sont bénéfiques, qui sont vitales pour les sociétés en général. En 2015, avec ton compagnon et vos deux enfants, qui ont à ce moment-là 4 ans et 5 mois, le CIRAD vous propose de vivre une aventure au Costa Rica. Réflexion en famille ?
Débat ? Pour et contre ? Comment se prend la décision de partir en famille ? Bien sûr, il faut savoir que nous sommes tous les deux férus de voyages, férus de découvertes, de nouvelles rencontres et des tropiques aussi. Nous aimons bien les tropiques.
Mon compagnon est français. d’origine, des naissances, mais il est bien, il est porté vers la diversité. Alors les débats, c’était une nouvelle langue, s’installer, mettre des enfants à l’école dans une langue qu’on ne connaissait pas, qu’on ne manipulait pas. Mais beaucoup, beaucoup de découvertes, nous ne sommes pas déçus. Nous avons eu des difficultés, mais comme je dis, c’est une médaille.
La médaille avait son endroit et son revers et nous sommes fiers d’avoir installé dans un pays aussi beau que Costa Rica. Alors le beau côté de la médaille, c’est des décors superbes, la biodiversité, des oiseaux partout, des insectes. Alors je ne sais pas si ça, ça me rendrait très heureux, mais en tout cas, il y a le revers de la médaille. L’espagnol, vous étiez bof bof, un petit peu là dessus. Et puis alors, par exemple, au début, les enfants n’ont pas les jouets parce qu’il n’y avait pas de maison au début, donc les affaires ne sont pas arrivées tout de suite.
Les débuts, on les oublie un peu, les petits moments difficiles. On ne les oublie pas, mais donc on a passé trois semaines dans un appart de passage et puis un mois chez une collègue et donc voilà, ça fait un peu itinérant et donc on n’a pas nos affaires. Du coup, les affaires arrivent deux mois plus tard. On ne les oublie pas, mais quand on revoit les photos ou quand on y repense, on se dit, on l’a fait, on a pu le faire. C’était difficile, mais on se sent plus fort, en fait.
On se dit qu’on pourrait aller partout, donc non. C’est pas de l’oublier, c’est des moments qu’on accepte et dont on se remémore avec tendresse. Parce qu’encore une fois, le contexte dans lequel on est arrivé, c’est un institut de recherche qui est partenaire du CIERA. Le CIERA n’a pas d’installation dans toutes les zones d’affectation. Dans ces zones d’affectation, on travaille avec des partenaires, donc on est accueilli par des partenaires.
Et là, c’était un environnement assez sympathique avec plusieurs collègues locaux prêts à aider pour le marché, pour la banque. pour trouver des cours d’espagnol. Donc oui, moi, j’ai beaucoup de tendresse quand je pense au Costa Rica et à mes débuts au Costa Rica. Alors il faut dire que tu fais tes études, tu as donc ton doctorat, tu bosses au CIRA, tu sais que tu risques de bouger et tu te retrouves au Costa Rica. Mais monsieur, c’est un peu différent.
C’est un conjoint accompagnateur. On a fait un dossier spécial sur ce sujet. Il laisse son métier de prof en France. Il a dû se réinventer un peu là-bas. Il a bien aimé cette place de conjoint accompagnateur qui est souvent la place réservée aux femmes.
Oui, cette place, elle est souvent réservée aux femmes et je pense que c’est encore le cas. Mon compagnon, il est maître de conférences à l’Université d’Avignon et il aime partir, comme je l’ai dit, et il s’est toujours dit, je partirai, mais je ne partirai pas pour ne rien faire. Je partirai justement pour profiter de l’expérience, pour profiter des nouvelles connaissances, pour profiter de la langue. Et c’est ce qu’il a fait. Il s’est mis en Il s’est mis en congé parental, il s’est mis en prof à distance et après il s’est mis en disponibilité et a réussi à faire un accord entre l’université au Costa Rica et son université à Avignon.
Donc c’est une belle expérience pour lui aussi. Lui aussi. 2021, tu vas le suivre. Lui trouve du boulot au Guatemala. Cette fois-ci, c’est toi qui le suis et tu continues ton travail au CIRAD, ton travail dans le domaine de tout ce qui est forêt, restauration des forêts.
Alors un petit mot sur les hommes, la nature et ces fameuses forêts. On est en Amérique du Sud. L’homme a fait beaucoup de bêtises. L’homme a fait beaucoup de dégâts et on estime que les forêts tropicales ont une espérance de vie de moins d’un siècle si on reste dans les conditions anciennes. C’est-à-dire, les forêts tropicales, elles ont disparu, ça c’est certain.
Elles ont disparu à cause de pressions anthropiques dues à l’homme et associées à des pressions climatiques. Donc, elles ont disparu à un rythme qui correspond au climat qu’on a eu dans le passé et au nombre de populations que nous avons eu dans le passé. Mais qu’est-ce qu’on espère d’ici 2050 ? On espère une population qui augmente, nous sommes actuellement à 8 millions, on espère être à 10 millions en 2050. et on espère aussi, on s’attend à des changements climatiques importants.
Et ça, c’est prouvé, c’est vraiment pas du rêve. Les températures augmentent, les rythmes saisonnés sont détruits, donc ces forêts tropicales vont subir plus de pression anthropique et climatique, donc elles pourraient disparaître de manière plus rapide que les taux de disparition déjà constatés. Et là, je ne vais pas vous parler de la perte de biodiversité, de l’impact sur les microclimats et le climat en général, parce que les forêts ont un rôle de mitigation climatique, mais je voudrais surtout parler des gens qui vivent dans la forêt parce qu’ils sont invisibilisés. Il y a entre 700 millions et 1 milliard de populations qui dépendent des forêts. Et quand ces forêts disparaissent, c’est des personnes comme toi et moi qui se retrouvent vulnérables.
C’est des personnes qui sont déjà dans des contextes économiques, des contextes climatiques, Desastre, c’est des personnes qui sont très vulnérables et c’est des personnes qui perdent leur environnement, leur maison, leur travail. Et donc moi, je travaille mon engagement en plus de cette biodiversité qui disparaît, en plus des nombreux services écosystémiques qui sont reliés à toute cette biodiversité. Je travaille vraiment sur la conservation des forêts qui restent, la gestion durable des ressources forestières, parce qu’une forêt, on la garde parce qu’on peut l’utiliser, et la restauration de ces forêts sur des territoires qui sont dégradés. Et je le fais vraiment pour les populations qui en dépendent, mais aussi pour la société en général, parce que nous dépendons tous, comme je le disais au début, nous dépendons tous et toutes des écosystèmes forestiers tropicaux. C’est moi ou Marie-Ange n’est pas si optimiste qu’on puisse l’imaginer ?
Je ne suis pas très optimiste et je ne suis pas la seule. Les personnes, tous les collègues qui travaillent sur les forêts tropicales ne sont pas optimistes. C’est des écosystèmes en voie de disparition et le fait que ce soit des écosystèmes en voie de disparition, ça correspond à des écosystèmes qui hébergent à peu près 60% de toute la diversité connue. la disparition de ces écosystèmes est reliée à une disparition critique d’espèces terrestres. Et ça, c’est documenté notamment par l’IPBS, la plateforme internationale de recherche sur la biodiversité et les services écosystémiques.
Ce sont des écosystèmes qui sont en relation avec ce que je disais, la mitigation des effets du changement climatique. Ce sont des écosystèmes qui captent le carbone dans leur biomasse. Et ça permet donc de réduire la quantité de gaz à effet de serre dans notre atmosphère. Ce sont des écosystèmes qui sont reliés à cette mitigation climatique. Et donc en fait, une fois qu’on les détruit, on détruit en fait les conditions d’habitabilité de la planète, tout simplement.
Et donc cette destruction, elle est due à quoi ? Changement d’usage de sol pour l’agriculture, pour l’exploitation minière, pour les plantations commerciales. Et malheureusement, les taux de disparition ne sont pas rassurants. Et c’est pour ça qu’il faut qu’on continue à y travailler, qu’il faut qu’on continue à s’engager pour dire c’est des écosystèmes vitaux et nous mettons en péril tout simplement notre vie. Les tendances ne sont pas du tout rassurantes.
J’entends ça. En tout cas, tu le vis avec passion. Merci pour cet éclaircissement. D’ici, depuis mon studio, je ne peux pas faire grand chose à part apporter tout mon soutien à vos équipes. Un petit mot pour terminer, on va bientôt rentrer en France, ça fait dix ans que vous vivez cette aventure, mais les enfants grandissent, bien qu’on parle le français à la maison, mais ils sont quand même dans un univers qui n’est pas forcément celui d’origine, donc vous avez peut-être envie de revenir tranquillement du côté d’Avignon dans les prochains mois.
On a envie et je voulais introduire ce point par le fait que je suis une migrante. J’ai toujours fonctionné par immigration. Je crois en l’immigration et je suis contente d’être immigrée et de porter le savoir, de porter la connaissance du CIRAD, mon institution qui est basée en Occitanie. Et au CIRAD, nous sommes des chercheurs migrants et donc je suis contente d’apprendre ça à mes enfants, pour qu’ils voient la richesse du voyage. Mais la richesse du voyage, ça implique aussi de connaître la richesse du chez soi.
Et donc, dans ce cadre, on rentre en France à la fin de cette année. Pas de manière définitive, parce qu’avec le CIRAD, on peut vivre plein d’aventures à l’étranger. Donc là, j’ai une bonne connaissance de l’Amérique tropicale, donc je rentre en France pour ma fille qui est en France. qui est en fin de secondaire, mais j’ai bien l’espoir de pouvoir porter encore le CIRAD, la connaissance au CIRAD, la recherche au CIRAD, le développement au CIRAD sur d’autres systèmes, sur d’autres écosystèmes dans les représentations en Asie tropicale et en Afrique, et spécifiquement sur nos forêts tropicales et les populations qui en dépendent. Eh bien, Marion, je comprends mieux pourquoi tu as gagné ce prix de l’expatriation, engagement sociétal et solidaire 2025.
Félicitations. Merci pour ta passion. Je vous souhaite le meilleur pour la petite famille, pour les derniers mois que vous allez passer en Amérique du Sud et puis pour votre retour. À bientôt. À bientôt.
Vous écoutez la voix des expats.
.
Podcasts à ne pas louper !