Nadia Bulcourt parle des tabous concernant les conjoints expatriés

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Dans cet épisode captivant de « 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde », Gauthier Seys reçoit Nadia Bulcourt, une expatriée vivant à Barcelone, qui partage son parcours unique en tant que conjointe accompagnatrice. Ce podcast s’intéresse particulièrement aux défis émotionnels que rencontrent les conjoints expatriés, souvent confrontés à un sentiment d’isolement et à des difficultés d’intégration dans un nouveau pays. Nadia, à travers son expérience personnelle, met en lumière l’importance de reconnaître et d’aborder ces sentiments de mal-être, qui sont trop souvent tus.

Avec la mobilité internationale en plein essor, de nombreux Français dans le monde se retrouvent dans des situations similaires, où le retour en France peut sembler lointain et les repères perdus. Nadia a créé son blog, conjointsexpatries.com, pour offrir un espace d’échange et de soutien à ceux qui vivent cette réalité. Dans cet épisode, elle évoque les différentes phases de l’expatriation, les défis d’intégration, et comment ces expériences peuvent affecter non seulement le conjoint expatrié, mais aussi l’ensemble de la famille.

Le podcast aborde également l’importance de construire un réseau social solide pour sortir de l’isolement. Nadia insiste sur le fait qu’il est essentiel de se connecter avec d’autres expatriés, d’échanger des conseils et de partager des expériences. Elle souligne également la nécessité de rechercher un soutien professionnel si besoin, car parler de ces difficultés ne doit pas être un tabou.

Au fil de la conversation, Gauthier et Nadia discutent des solutions pratiques pour surmonter ces défis, qu’il s’agisse de réintégrer une activité professionnelle ou de créer une nouvelle entreprise. Ces options peuvent non seulement aider à retrouver un équilibre, mais aussi à redonner un sens à son parcours d’expatriation.

Cet épisode est une véritable source d’inspiration pour tous les Français vivant à l’étranger, qu’ils soient en mobilité internationale ou en phase de retour en France. En mettant en avant les expériences de Nadia, « 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde » offre un éclairage précieux sur la réalité des conjoints expatriés et les moyens de naviguer à travers les complexités de l’expatriation. Ne manquez pas cette occasion d’écouter des témoignages authentiques et des conseils pratiques qui pourraient transformer votre expérience à l’étranger.

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Https://conjointsexpatries.com

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Podcast n°2296 (Octobre 2024) produit par www.FrancaisDansLeMonde.fr, 1ère plateforme multimédia pour ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent de mobilité internationale. Ecoutez nos radios et nos podcasts « Expat » en installant l’application mobile gratuite.

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Transcription de l’épisode :

Orateur #0 Voici 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde consacré à ce dossier spécial sur les conjoints expats. Écoutez des parcours inspirants et des paroles d’experts sur francaisdanslemonde.fr. Je suis Gauthier Saïs et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Nadia Bulcourt, direction Barcelone. 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde. francaisdanslemonde.fr Dossier spécial consacré aux conjoints accompagnateurs, je me tourne naturellement vers Nadia qui en 2020 a créé un blog que je vous invite à visiter conjointexpatriéaupluriel.com. Nadia, bonjour ! Orateur #1 Bonjour Gauthier, bonjour à tous les Français de l’étranger. Orateur #0 Et bien il y en a un peu partout qui nous écoutent aujourd’hui sur un sujet important, on va se pencher sur le mal-être du conjoint qui se retrouve dans une situation dans laquelle il peut… peut se retrouver un peu acculé, coincé en disant, j’ai pas à me plaindre et pourtant ça ne va pas toujours. Tu l’as constaté plus d’une fois. Orateur #1 Oui, effectivement, parce que j’ai été moi-même conjoint accompagnateur des jeunes. Donc, j’ai vécu aussi un peu les montagnes russes, des émotionnels de ce conjoint. Orateur #0 On va en parler dans un instant, mais un petit mot sur ton parcours. Tu es originaire d’Arras. À côté d’Arras, tu vas partir à 22 ans pour une première expatriation pendant 7 ans en Israël, ensuite petit retour à Paris, puis tu y retournes. Pendant ton passage à Paris, tu travailles pour la présidence de la République, s’il te plaît. Orateur #1 Oui, j’ai fait un bref passage au palais de l’Elysée. Sympa. Voilà. Orateur #0 C’est sympa à l’intérieur, c’est moderne, ça fait très Louis XIV à l’intérieur du palais. Orateur #1 Moi, c’est vrai que l’arrivée dans la cour tous les matins avec les grands yeux, j’étais assez impressionnée. Et puis oui, le décor intérieur. Mais bon, j’étais là pour travailler quand même. J’étais quand même en ferme dans un bureau. Orateur #0 Tu avais un ordinateur, tu n’avais pas des vieilles machines de presse de Gutenberg quand même ? Orateur #1 Non, plusieurs ordinateurs, plusieurs téléphones. On était bien occupés. Orateur #0 Tu as travaillé 11 ans dans la diplomatie. Et puis en 2013, installation à Barcelone. C’est là que tu vas établir ta vie, avec l’arrivée d’une petite fille sous le soleil espagnol. Tu es toujours à Barcelone. J’en déduis que c’est une zone du monde qui n’est pas désagréable. Orateur #1 Bon, on ne va pas se plaindre. Non, je plaisante. C’est vraiment une région où je me suis retrouvée comme chez moi. Donc, j’ai décidé d’y rester, de m’établir. Ça fait 11 ans. Orateur #0 Est-ce que tu te sens plus chez toi à Barcelone ou quand tu repasses à Arras ? Orateur #1 Oh là là, alors je vais rentrer dans la polémique. Non, c’est vrai que Barcelone, c’est vraiment… C’est ta maison. Ça me correspond, c’est ma maison. Après Arras, ce sont mes racines que je ne renierai jamais. Mais je me sens mieux avec le climat de Barcelone. Orateur #0 Alors j’allais parler de ça justement, sans doute que le soleil d’Arras est un peu moins puissant que celui de Barcelone, ça c’est sûr. Un petit peu. En 2020, tu vas créer un blog. que j’invite les auditeurs à découvrir, conjointexpatrié.com, cette situation du conjoint accompagnateur que tu as connu et dont on t’en parle souvent, tu te dis que c’est un sujet important, il faut partager des informations, il faut donner des conseils, il faut écouter des retours d’expérience, parce que c’est une place qui, on le sait, n’est pas facile. Orateur #1 Oui. Pendant des années, je ne me suis jamais vraiment intéressée à ces conjoints expats. Et puis, c’est en discutant avec une amie, en prenant du recul, que je me suis aperçue que pour moi, le conjoint expat était vraiment un pilier de réussite pour l’expatriation et qu’on ne s’y intéressait pas vraiment. Donc, je voulais mettre ces conjoints expats en lumière. Donc, j’ai créé ce blog pour parler un peu de leur quotidien. Orateur #0 Alors… Alors, pilier de la réussite, souvent le conjoint va avoir une série de défis au début de l’aventure. L’installation, la maison, le déménagement, les enfants, l’école, etc. qui occupent pas mal de temps dans une première phase. Orateur #1 Oui, alors il y a même la phase avant départ, puisqu’il y a aussi tout ce qui est en termes de logistique. Avant de quitter la France, le déménagement s’est à préparer, les formalités administratives. avant départ, et puis effectivement, lorsqu’on s’installe, où il faut plusieurs mois pour retrouver ses repères, mettre les enfants à l’école, que tout le monde se sente vraiment bien dans sa nouvelle maison. Orateur #0 Et après, c’est là qu’on va se pencher un peu sur le sujet, il y a une possibilité de l’installation d’une espèce de mal-être. Une espèce de trou, un vide, un manque, un éloignement qui se met en place. Ce mal-être, tu l’as constaté à plusieurs reprises ? Orateur #1 Oui, alors pas au début puisque c’est vrai que comme je venais de le dire, il faut quelques mois quand même où tu es quand même pris dans la ferveur de l’installation. Il y a les cartons qui arrivent, il faut tout ranger, voir où se trouvent les commerces, l’école, faire les allers-retours à l’école. Donc tous ces mois-là, en fait, tu n’as pas trop le temps de même penser à toi. tu es vraiment dans la perspective de sentir bien, que tout le monde se retrouve, etc. Donc, ton esprit est occupé. Donc, les premiers mois, je dirais que de toute façon, il y a plusieurs phases dans l’expatriation. Mais le mal-être, il arrive après. Une fois qu’on est bien installé, il y a plusieurs thèmes. Tu peux avoir une sensation d’isolement, puisque comme un déménagement, qu’il soit en France ou ailleurs, de toute façon, il faut reconstruire son réseau. Les amis proches, ils sont plus proches, ils sont distants. La famille qu’on a laissée en France. Donc voilà, il y a plusieurs thèmes. Je dirais, oui, une sensation d’isolement après ces quelques mois. Et puis après, il y a plusieurs autres choses aussi. La difficulté à s’intégrer dans un pays d’accueil, puisque tu peux très bien atterrir dans un pays où la culture est complètement différente à celle qu’on connaît. Il y a aussi la barrière de la langue. Dans beaucoup de pays, peut-être que tu ne parleras pas la langue, puisque tous les pays du monde ne parlent pas forcément anglais. Et puis, il y a aussi un changement de statut social, puisque en règle générale, le conjoint qui accompagne l’expatrié, lui, doit démissionner, laisser son travail. Ce n’est pas toujours évident. Des fois, il peut prendre une disponibilité. Mais bien souvent, elles se retrouvent dans un premier temps sans travail. Donc, retour au foyer, s’occuper des enfants, de la maison, ce n’est pas donné à tout le monde. Après, il y en a à qui ça convient très bien de faire une petite pause de quelques années. Orateur #0 Mais il y en a d’autres qui subissent le trou de cette vague. On parle de la courbe de l’expatriation. Comme toutes les courbes, il y a un moment, c’est haut. Et puis, il y a un moment, c’est plus bas. Et est-ce que ce n’est pas justement un peu difficile de se dire je suis dans un pays qui est sympa, pas, je suis au soleil, monsieur a un boulot bien rémunéré et on a tout ce qu’il faut pour être bien mais moi je suis mal. Est-ce que ça donne pas encore plus ce sentiment de trou d’air ? Orateur #1 Alors si, surtout que qui va pouvoir nous comprendre ? Comme tu dis, on a tout pour soi. Souvent il y a le cliché qui dit bon ben voilà, je passe mes journées à la piscine Mon mari gagne bien sa vie, je suis sous le soleil, je suis entre expatriés, c’est quand même un monde à part aussi. Donc pourquoi se plaindre ? Par exemple, je ne sais pas, les proches en France ne vont pas comprendre s’ils n’ont pas vécu ça. En fait, ils vont se demander pourquoi tu te plains, tu te sens mal si tu as tout pour toi. Donc c’est vrai que pour moi, c’est quand même un tabou puisqu’il y a des choses… que c’est ça, loin de tout le monde, on n’a plus de travail, on est dépendant financièrement, on ne se fait pas des amis comme ça du jour au lendemain. Orateur #0 Tu utilises le mot tabou parce que du coup, tu penses qu’on n’en parle pas parce qu’on n’a pas vraiment raison de se plaindre. Je n’ai pas à me plaindre. Orateur #1 C’est ça, oui. Pour moi, ça reste tabou puisqu’il faut quand même, dans mon expérience, rencontrer des personnes et bien s’entendre avec elles pour qu’elles te confient. ce mal-être qui peut arriver. Bon, après, je ne dis pas qu’il va être là en permanence. Il y a des hauts, des bas. Mais c’est vrai qu’on n’ose pas. On n’ose pas dire, oui, moi, ça ne se passe pas si bien que ça. Alors, OK, j’ai la belle vie, etc. Mais à côté de ça, tout suit. Orateur #0 N’empêche que, Nadia, du coup, il y a des solutions. On peut peut-être les graduer, parce que les premières solutions sont un peu des relations sociales à mettre en place. pourquoi pas la communauté des Français établie sur place ? Orateur #1 Oui, la première solution, c’est de ne pas rester entre ces quatre murs, bien entendu. Il faut se forcer à sortir de chez soi. Le plus simple conseil que je donnerais, même si pour moi une expatriation, c’est quand même de s’intégrer, d’aller rencontrer les personnes locales, mais il n’empêche que lorsqu’on souffre… Le plus facile, c’est de partager cette souffrance avec d’autres conjoints expats qui sont sur le même lieu et de partager ses émotions, ses ressentis. Et là, vous verrez qu’en fait, vous n’êtes pas tout seul. Donc ça, c’est le premier pas à faire. Orateur #0 Et si c’est pire, si on ne dort plus, si on a des crises d’angoisse, si on se met à pleurer sans raison, il ne faut pas hésiter à se tourner vers un professionnel, tu me disais. Orateur #1 Oui, alors quand ça devient vraiment que ça continue, on n’arrive pas à surmonter cette anxiété, ce stress, voire un traumatisme. Pour certains, ça s’amplifie. Oui, là, bien évidemment, il ne faut pas hésiter à se tourner vers des professionnels. Alors, je n’ai pas de liste sous les yeux, mais il y en a pas mal maintenant dans le monde expatrié. Soit certains se trouvent dans votre pays d’accueil, soit d’autres proposent des services en ligne. Mais c’est vrai que ça vous servira vraiment d’échanger avec un professionnel qui vous guidera vers le chemin où vous retrouverez toute la joie de vivre. Orateur #0 Est-ce qu’on peut arriver à un constat d’échec et faire demi-tour ? Tu as connu cette situation ? Orateur #1 Alors, moi, je ne suis pas quelqu’un qui laisse facilement tomber les choses, même en cas de difficulté. J’ai un objectif et j’aime bien me surpasser. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Des fois, c’est vraiment très compliqué. Et il y a quand même des échecs en expatriation, il faut le dire. Je n’ai plus les chiffres en tête. Je me demande si ce n’est pas 40 mais ça me paraît beaucoup quand même. Mais oui, bien sûr qu’il y a des échecs. Le conjoint s’adapte facilement. Orateur #0 L’une des solutions, c’est quand même de résoudre le côté professionnel. C’est une clé pour redémarrer ? Orateur #1 Oui, dans la plupart des femmes avec qui j’ai discuté, c’est vrai que l’aspect professionnel prend une grande importance. Alors peut-être pas viser le métier ou les fonctions qu’on avait en France, puisque c’est quand même plus compliqué à l’étranger, mais pourquoi pas se lancer un nouveau défi, celui de lancer sa propre activité, ce qui est un peu plus simple. En fonction des pays, il y a des histoires de visas, mais si on peut lancer sa propre activité, ça nous fait un but, ça nous fait… une reconnaissance, et donc c’est pas mal. Et après, il y a des associations, des organisations internationales. Il y a quelques solutions, mais surtout, il faut se prendre en main. Orateur #0 Si vous voulez plus d’infos et des conseils pour réussir votre expatriation, il y a le blog qui est dans le lien de ce podcast conjointexpatrié.com. Nadia, merci beaucoup. Merci pour ton conseil. En gros, si on s’isole, ça ne va pas. Il faut se réouvrir au nouveau monde. Orateur #1 Voilà, le conjoint expatrié normalement est ouvert d’esprit, donc allez-y, n’ayez pas peur et surtout confiez-vous. Si vous voyez que des personnes qui sont aussi ouvertes et à l’écoute, n’hésitez pas. Ce n’est pas un tabou, on vit tous ça, un moment ou un autre. Donc n’ayez pas peur de dire qu’aujourd’hui ça ne va pas, pour surmonter toutes les difficultés. Orateur #0 C’était noté. Un grand merci pour ces précieux conseils. Belle journée à Barcelone. Orateur #1 Belle journée à tout le monde et à bientôt. Orateur #0 francaisdanslemonde.fr
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