Dans cet épisode captivant proposé par « Français dans le Monde », Gauthier Seys pose une question intrigante à ses auditeurs : comment bien préparer son retour en France après plusieurs années à l’étranger? Pour répondre à cette question, il retrouve Caroline Maillebiau, qui partage son expérience personnelle de retour après sept ans passés en Californie. Cet échange, qui est la seconde partie de leur entretien, explore les défis et les surprises d’un retour bien orchestré.
Au cours de l’épisode, Caroline partage les étapes clés qui ont facilité son retour, notamment l’importance d’un « sas de décompression » avant de retrouver la vie française. Elle évoque son séjour intermédiaire au Mexique comme une période essentielle pour digérer et clore sereinement son chapitre américain. Caroline insiste sur l’importance de ne pas comparer constamment son ancienne vie à sa nouvelle réalité, mais plutôt d’accueillir les nouveautés avec une attitude positive. En outre, elle parle de son projet professionnel en France, un cabinet de bien-être et de thérapie, qui témoigne de sa volonté de transformer chaque transition en une opportunité d’épanouissement personnel et professionnel.
Et si ce podcast était le début de votre nouvelle vie, bienvenue sur Français dans le Monde, le média de la mobilité internationale. Je suis Gauthier Saïs et j’ai le plaisir de passer dix minutes avec Caroline Maïbiot. On parle du retour en France et c’est la deuxième partie de notre interview. Dix minutes. Dix minutes.
On s’est parlé le 28 juin dernier, c’était la préparation au choc du retour. On retrouve Caroline aujourd’hui pour débriefer un peu depuis qu’elle a posé les pieds sur le sol français. On va d’ailleurs raconter, il y a eu quelques petites étapes intermédiaires. Bonjour, bienvenue Caroline. Bonjour Gauthier, ravi de te retrouver.
Content en effet de débriefer ce retour. On parlait de préparation au choc. J’ai l’impression en préparant cette interview qu’il n’y a pas eu un si gros choc que ça. Non, parce que je m’étais préparé un beau petit coussin amortisseur, et c’est ce que je te disais. C’est vraiment, en fait, on a eu à cœur d’avoir ce sas neutre qui ne soit ni les États-Unis, ni la France.
Et en fait, on est parti, en effet, le 28 juin, mais on est passé par le Mexique pendant 15 jours pour processer, digérer, dire au revoir, tourner la page, en étant vraiment connecté à soi-même et non pas dans les attentes de la famille, des autres, des amis. Et ça, ça a été hyper, hyper, hyper bien. J’ai vraiment beaucoup aimé avoir cette parenthèse qui nous a tout à fait préparés et qui, du coup, nous a permis d’être excités en arrivant le 13 juillet. C’est vrai que quand on rentre, on a toute une dimension logistique. Ce sas un peu de décompression, ça a permis d’éviter d’être tout de suite le nez dans le guidon ?
Exactement, parce qu’il ne faut pas oublier qu’on avait été dans le nez dans le guidon le dernier mois aux Etats-Unis. Donc, tu arrives ventre à terre le 28 juin, tu prends ton avion, tu es épuisé. Donc, s’il avait fallu tout de suite, direct, réenchaîner avec la même chose côté français, c’est sûr que ça aurait été un petit peu dur. Alors que là, ça a vraiment permis ce sas. Et encore une fois, je…
Tu sais que je suis coach en intelligence émotionnelle et les émotions comptent beaucoup pour moi. Les émotions sont quand même au cœur de notre bien-être et ça, c’était très, très important en dehors de la fatigue physique et logistique. Alors vous avez vécu en famille pendant sept ans en Californie, le soleil, les plages, les burgers américains et te voilà à Nanterre. Alors le ciel est un peu plus gris. C’est sûr que côté décors, c’est pas tout à fait pareil.
D’ailleurs, tu m’as dit il faut éviter à tout prix de comparer. C’est exactement ça. Et là aussi, pour le coup, je parle de se préparer, de pouvoir vraiment bien dire au revoir, de tourner la page sereinement avant. Et moi, je crois que c’est vraiment ça qui fait qu’aujourd’hui, on est bien. Les gens nous trouvent épanouis et sont assez étonnés.
Je crois qu’il y avait beaucoup… beaucoup de personnes qui s’attendaient à ce qu’on plonge, parce que, bien sûr, le béton, bien sûr, la grisaille parisienne. Et en fait, je me suis tellement préparée à ces aspects très négatifs que limite, j’en ai oublié aussi tous les petits plaisirs de retrouver la France. Et aujourd’hui, je suis vraiment très agréablement surprise par tout ce que je redécouvre et je ne compare absolument pas. Je suis riche de ce que j’ai vécu avant et je suis vraiment libre d’ouvrir cette nouvelle page avec tout ce que la France a à nous offrir et sans être du tout dans la comparaison.
Je vais juste revenir, avant de parler de la France, sur la Californie. Tu m’as dit l’importance de dire au revoir. On parle souvent dans ce sujet du retour en France, de savoir bien fermer la parenthèse de cette vie d’expatriation. Concrètement, c’est aller voir les gens qui ont été importants pour toi, les embrasser, leur dire qu’on va garder contact, qu’on va s’appeler. Exactement.
Et j’ai même envie de te dire d’ailleurs en ce retour, je suis très attentive à garder le contact avec ceux qui sont encore là-bas, tout en reprenant contact avec les personnes ici, mais doucement. Tu sais, quand tu as été si loin pendant si longtemps, tu n’es plus à deux semaines près. Donc voilà, ça va se faire tranquillement. On reprend contact ici évidemment et avec grand plaisir. Mais oui, bien sûr, je suis vraiment partie sans regrets et apaisée en fait et sans rush.
Alors, il faut quand même dire que vous avez une petite particularité, c’est que vous aviez une maison en France qui a été mise en location, qui a été louée pendant sept ans par la même famille. Donc, vous l’avez retrouvée, cette maison. C’est quand même un atout pour le retour en France. C’est un atout logistique. Tout à fait, et en même temps, il y a un mélange de familiarité et de bizarrerie, si je puis dire, parce que tu te retrouves dans tes murs, en même temps, tu as quand même pris 7 ans, tout le monde a pris 7 ans, les enfants, ce n’est plus du tout le même cadre.
Et puis, tu as une famille qui s’est complètement appropriée les lieux pendant 7 ans, donc il a vraiment fallu faire passer tous les corps de métier pour se réapproprier les lieux au sens propre comme au sens figuré. Alors évidemment, pas un mois des plus fun, je ne vais pas te cacher, mais néanmoins, Là aussi, ça se fait par étapes. Et aujourd’hui, au bout d’un mois, ça fait juste un mois que je suis dans ma maison, je peux te dire que je me sens de nouveau bien. Est-ce que tu as retrouvé l’odeur de ta maison ? Parce que dans une maison, il y a toujours l’odeur de la famille.
Elle n’y était plus la vôtre. L’odeur du feu de cheminée, on a remplacé clairement le soleil californien par les feux de cheminée qui m’avaient tant manqué là-bas. Donc tu vois, c’est ce que je te dis, il ne faut pas comparer. Il y avait des choses très bien là-bas, il y a des choses tout autres ici. Ici, c’est les jogs en bord de Seine, ce n’est plus les jogs en bord de Pacifique.
Mais voilà, il faut vraiment avancer, riche de ce qu’on a vécu et non pas, ah oui, mais je n’ai plus ça, non. C’est vrai, le mindset, c’est pour beaucoup. Alors tu dis être dans le moment présent et puis profiter des petites choses surprenantes. Tu vas à la boulangerie et là, surprise, la commerçante te reconnaît. C’est vrai que ça m’a beaucoup touchée en fait.
Quand tu as été finalement « nobody », c’est-à-dire que tu arrives à 42 ans, bien sûr qu’on s’est fait un tissu social, bien sûr qu’on s’est fait des amis, et que tu reviens et qu’en effet, ta petite boulangère te reconnaît, ton petit fromager te reconnaît, tu ne peux pas sortir de chez toi sans tomber sur un visage connu. Ça ne veut pas dire forcément des amis, mais un visage connu, c’est très enveloppant. Alors, autre sujet aussi, puisqu’on parlait du burger américain aujourd’hui. Bon, tu ne vas pas nous cacher, à nous Français, que retrouver la gastronomie, ça t’a fait du bien. Alors, tu sais, c’est drôle parce qu’on m’a toujours dit aux Etats-Unis, tu vas te prendre 5 kilos et tout.
Et en fait, je n’ai pas grossi aux Etats-Unis. Mais alors, je pense qu’il faudra que je fasse attention à ne pas prendre 5 kilos au retour, parce que dès que je fous les pieds dans le moindre magasin, je ne m’arrête plus. J’ai envie de tout acheter. Alors, on le dit souvent, un retour en France, c’est retrouver sa banque, c’est retrouver sa carte vitale, c’est devoir remettre en marche des choses. Dans une France qui a changé, puisqu’en sept ans, il y a des choses qui ont évolué.
Qu’est-ce qui a été facile et difficile sur cette partie-là ? Il y a des choses qui sont encore en cours. Tu parles de la carte vitale. Je suis toujours un nobody pour la Sécurité sociale. Je n’ai toujours pas de couverture.
C’est en cours. Quoi d’autre ? Oui, il faut reprendre le train en marche, mais là aussi, quand tu as des connexions, quand tu connais des gens qui te disent, qui t’expliquent et tout, tu es quand même de toutes les façons. Bien sûr que ça a changé, mais tu es quand même beaucoup moins perdu que quand tu arrives dans un pays que tu ne connais pas. J’en reste convaincue.
Dans des enquêtes récentes, on se rend compte que le Français est assez râleur, on le voit, qu’il est souvent pas content, notamment de son cadre politique, par exemple. Mais quand on creuse un peu dans le détail, le Français est plutôt heureux dans son quotidien. Tu as été surprise de retrouver cette France sept ans plus tard ? Je dirais surtout qu’en fait pour moi tout émane de soi et que quand toi tu as le sourire, que quand toi tu as la patate, que quand toi tu regardes les gens avec le sourire, moi j’ai l’impression pour l’instant d’être encore une étrangère dans ma ville et dans mon pays puisque ça ne fait qu’un mois et je pense que je dégage cette énergie positive et j’ai énormément de sourire en retour, énormément de non, donc je n’ai pas été encore du tout à paix par un espèce d’état d’esprit plombé et plombant, et je m’y refuse en fait. Je veux vraiment, vraiment cultiver ce mindset américain positif, de croquer la vie à pleines dents et de prendre chaque transition comme une nouvelle opportunité.
Tu as dit plusieurs fois ce mot mindset qui vient directement en effet des USA. C’est important, notamment parce que tu es coach en intelligence émotionnelle. Ça se passe là-haut ? Là-haut, et puis le cœur, comme je te disais, de prendre le temps, de ne pas être dans le rush, il faut vite vite faire ça, il faut vite vite voir un tel. Non, il faut beaucoup s’écouter, il faut prendre le temps d’atterrir en douceur.
et d’avoir des projets. C’est ce que je te disais aussi en coulisse, je crois que moi j’ai vraiment déposé beaucoup de petites graines depuis 7-8 mois depuis les Etats-Unis pour amorcer cette transition professionnelle, donc toujours dans le coaching. Et c’est vrai que là de voir beaucoup de petites graines qui ont qui ont donné quelque chose, c’est très, très excitant, en fait. Et c’est vraiment ça, c’est d’arriver à avoir ces transitions. Je vais avoir 50 ans dans deux mois, donc à 50 ans, tu ne démarres pas dans la vie comme à 20 ans.
Mais de voir ça quand même comme une nouvelle page blanche avec plein de choses sympas qui vont arriver et non pas dans la peur de l’inconnu. Je crois que c’est vraiment ça. Les gens sont tellement, tellement paralysés par la peur de l’inconnu, alors qu’en fait, la nouveauté, ça apporte tellement de nouvelles opportunités. Et ça, je trouve ça chouette. Alors je suis avec Caroline, on parle du retour en France.
Je rappelle à ceux qui regardent cette vidéo ou qui l’écoutent que plus de 2000 podcasts sur la mobilité internationale sont disponibles sur fdlm.fr et sur notre chaîne YouTube. Et si vous aimez, je vous invite à liker et à suivre notre chaîne. Caroline, souvent quand on parle du retour en France, on me dit fatigue. Fatigue, parce que quand on fait le plein avec sa voiture, ce n’est pas comme aux États-Unis. Quand on cherche quelque chose en magasin, ce n’est pas rangé pareil.
Est-ce que cette fatigue, cette petite fatigue de l’ancien, tu l’as quand même ressenti ? Oui, la fatigue, parce que tu ne m’arrêtes pas. Ça fait un mois que j’ai la tête dans le bidon. Mais tu vois, tu parles des courses. Moi, au contraire, là encore, je pense que ça dépend beaucoup de là où les gens ont été expatriés.
Mais aux États-Unis, il fallait absolument prendre sa voiture pour tout. Moi, j’apprécie énormément de reprendre mes petits pieds, mes petites jambes et de tout faire à pied. Alors derrière toi, on va parler un peu boulot. Le bonheur n’est pas d’avoir ce que l’on désire, mais d’aimer ce que l’on a. C’est écrit sur les murs de ton nouveau projet professionnel.
Thérapie et bien-être, c’est le cabinet émolution. Dis-moi un peu professionnellement, là aussi, si j’ai bien compris, t’avais amorcé la pompe. Avec une fille qui elle aussi revient, qui a été à l’initiative d’Émolution, qui est une thérapeute et qui revient également de 15 ans d’expatriation à Shanghai. Donc là aussi, ça a été clairement un effet de parler le même langage. Et oui, ce sont sept professionnels qui se partagent des bureaux pour mettre un petit peu toutes nos compétences en naturopathie, en haïki, en sophrologie, en coaching, en thérapie, une énergéticienne, une hypnotiseur, voilà, tout autour de la santé mentale et le bien-être.
Et c’est un chouette projet de partage, de mise en commun de nos compétences au service du bien-être des gens ici. Eh bien, Caroline, merci en tout cas d’avoir débriefé. On va dire, pour synthétiser un peu, que ça s’est plutôt bien passé, du coup. Et la magie est sans doute dans la préparation. Tout à fait.
Moi, j’en reste convaincue. Se préparer et encore une fois, aller de l’avant. Ne surtout pas trop regarder dans le rétro. Eh bien, ça marche sur à peu près tous les sujets du quotidien. Cette vision des choses.
On est d’accord. Merci d’avoir réagi sur l’antenne de la radio des Français dans le Monde. Au plaisir de te retrouver. Merci beaucoup, Gauthier.
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