Enlèvements d’enfants : L’appel d’Arnaud Paris & de Laure Pallez

Quand les Etats-Unis protègent leurs enfants, que fait la France ?

La radio des Français dans le monde aborde dans ce podcast important, à diffuser largement autour de vous, le sujet des enlèvements d’enfants. À l’occasion de la Journée mondiale de l’enfance, Gauthier Seys, fondateur et animateur de Francaisdanslemonde.fr, le média de la mobilité internationale, accueille deux invités pour discuter de ce sujet crucial : Laure Pallez, spécialiste des politiques publiques internationales, et Arnaud Paris, un père directement touché par ce drame. Ensemble, ils explorent les complexités et les implications de ces enlèvements, tout en cherchant à sensibiliser le public et les parlementaires à la nécessité de renforcer les protections existantes.

Laure Pallez est une ancienne élue des Français de l’étranger, experte en politiques publiques internationales, et Arnaud Paris est le président de l’association Protection Enlèvement des Enfants de l’Europe. Arnaud partage son expérience personnelle déchirante : en avril 2024, ses deux filles, Eva et Juliette, ont été enlevées par leur mère américaine, malgré une interdiction de sortie du territoire. Son témoignage met en lumière les lacunes dans l’application de la Convention de La Haye, qui est censée protéger les enfants contre de tels enlèvements. En tant que porte-parole d’une association regroupant de nombreux parents victimes, Arnaud milite pour un changement législatif inspiré du Goldman Act américain.

L’épisode se concentre sur les failles du système actuel de protection des enfants enlevés à l’international et sur les efforts pour introduire un référendum d’initiative partagée en France. Ce référendum viserait à renforcer les obligations de l’État français pour protéger ses enfants à l’étranger, en cas de violation de la Convention de La Haye. Arnaud et Laure discutent des démarches en cours pour obtenir le soutien des parlementaires et du public, soulignant l’urgence d’agir face à un problème qui concerne chaque année des milliers d’enfants.

Pour en savoir plus :
https://www.savejulietteandeva.fr/

Chapitrage du podcast :
0:00:01 – Introduction et invités
0:00:30 – Enlèvements d’enfants
0:00:54 – Importance de la Convention de la Haye
0:01:47 – Témoignage d’Arnaud Paris sur l’enlèvement de ses filles
0:02:31 – Difficultés rencontrées
0:04:22 – Récit du déroulement de l’enlèvement
0:06:05 – La procédure de la Convention et ses limites
0:07:15 – Appel aux parlementaires pour un référendum d’initiative partagée
0:09:29 – Soutien des parlementaires
0:10:39 – Importance du soutien public et rôle des médias
0:11:50 – Perspective personnelle et future d’Arnaud Paris

Transcription IA du podcast :

Bienvenue dans 10 minutes, le podcast des français dans le monde pour aider tous ceux qui se préparent ou qui vivent de près ou de loin la mobilité internationale. Je suis Gauthier Saïs et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Laure Palaise, spécialiste des politiques publiques internationales et Arnaud Paris, le père de Eva et Juliette. 10 minutes.
La radio des Français dans le Monde est un média qui parle de mobilité internationale, qui parle de tous les sujets dans le monde entier. Et puis, on parle parfois de sujets plus sensibles, plus douloureux. À l’occasion de la journée mondiale de l’enfance, qui aura lieu le 20 novembre, j’ai deux invités au micro de la radio pour faire un focus sur un sujet important, les enlèvements d’enfants. Laure, merci de nous retrouver. On a l’habitude d’échanger.
Ancienne élue des Français de l’étranger et spécialiste des politiques publiques internationales, Tu as tenu à faire un focus sur ce sujet pas simple. Non, effectivement Gauthier, on sait que la mobilité c’est souvent une source de joie et de découverte du monde, mais ça peut être aussi malheureusement parfois la cause de problèmes, en particulier liés aux affaires familiales et aux enlèvements d’enfants. Et en cette journée mondiale de l’enfance, le 20 novembre, nous voulions alerter ou en tout cas évoquer ce sujet des enlèvements d’enfants internationaux qui sont encadrés par la Convention de l’AE, mais qui malheureusement, parfois dans les faits, suscite des situations inextricables. Et donc, nous voulions alerter les auditeurs, les parlementaires et la communauté sur ces sujets. On va essayer d’être clair, concis et surtout d’avoir le témoignage d’Arnaud Paris.
Tu es le père d’Eva et Juliette. Tu es également le président de l’association Protection Enlèvement des Enfants de l’Europe. Arnaud, on va raconter à travers le témoignage ce qui s’est passé dans ta vie en avril 2024 avec tes petites filles. Venir au micro de la radio et raconter aujourd’hui, c’est un exercice qui doit être rude. Merci Gauthier, effectivement c’est difficile mais je pense que c’est important de partager.
Je représente une association qui regroupe beaucoup de parents victimes d’enlèvements d’enfants et c’est un sujet qui est devenu sociétal maintenant puisqu’on compte plus de 2000 enfants enlevés de l’Europe vers des pays étrangers chaque année. Alors 2000 enfants enlevés de l’Europe vers l’étranger mais plus d’enlèvements encore si on élargit un peu ? Oui, ce sont uniquement les enlèvements qui concernent des pays qui ont signé la Convention de l’AE, qui est un traité qui protège des enlèvements. C’est à environ 103 pays dans le monde et ces 2000 cas sont ceux qui sont documentés et qui font l’objet d’une procédure anti-enlèvement dans le monde entier. On va utiliser les compétences de l’or pour nous rappeler ce que la Convention de l’AE a conclu en 1980 ?
C’est une convention qui a vocation à protéger les enfants et à mettre en place une coopération internationale en matière d’enlèvement pour que les pays, qui est tout de suite une réaction au niveau des pays quand ces événements se passent. Néanmoins, cette convention est régulièrement violée et les États-Unis ayant, je prends l’exemple des États-Unis qui est un pays que je connais bien, ayant constaté ces violations, ont mis en place un Goldman Act, c’est-à-dire une loi pour protéger les enfants américains enlevés. Je peux y revenir plus en détail. Cela permet de défendre les ressortissants avec des leviers juridiques, de la transparence et un rendu régulier sur le nombre d’enlèvements et les mesures prises en termes de sanctions envers le pays qui enlève l’enfant auprès du Congrès américain chaque année. Et malgré tout, malgré cette convention qui est claire et qui est signée par de nombreux pays, Arnaud, tu vas nous raconter ce qui s’est passé en avril 2024.
Tu es le papa de deux petites filles jumelles, donc on l’a dit, Eva et Juliette, et tu as la garde principale. Tu vis à ce moment-là à Paris. Que va-t-il se passer ? C’est ça, j’ai donc la garde depuis 2023. Leur mère qui est américaine vient les voir pendant les vacances de Pâques et sans prévenir, décide de les emmener aux États-Unis alors qu’il y avait eu une interdiction de sortie du territoire.
Et elles passent par l’Espagne et le Maroc justement pour déjouer les contrôles à la frontière et les emmener en plein milieu d’année scolaire aux États-Unis contre toute attente. J’active immédiatement la convention de la haie, puisqu’on est partenaire avec les États-Unis sur cette convention, et elle prévoit qu’en 4 à 6 semaines, si les enfants ont été enlevés illégalement du pays, donc de la France, les États-Unis doivent renvoyer les enfants en 4 à 6 semaines. Sauf que ça fait maintenant 84 semaines que j’ai activé cette convention, qu’Eva et Juliette ne sont pas rentrées, qu’aucun juge n’a même étudié la demande sur le fond, et que surtout les liens sont rompus avec les enfants, alors que la convention prévoit que tout le long de la procédure, le contact doit être maintenu entre les enfants et le parent. Alors d’autant que parfois il arrive qu’il n’y avait pas eu de jugement sur la situation, ce qui n’est pas ton cas. Toi, tu avais légalement en France la garde.
C’est ça, j’avais non seulement la garde principale et en plus, une interdiction de sortie du territoire parce qu’un juge français avait aussi constaté qu’il y avait un fort risque d’enlèvement manifesté par la maman américaine et que pour protéger les enfants, il fallait mettre en place un deuxième jugement qui interdisait la sortie du territoire à Eva et Juliette et qui était enregistré dans le pape. tous les postes frontières européens. C’est-à-dire que peu importe par où la maman passait, si elle était passée par un poste frontière, elle aurait été contrôlée et arrêtée sur le champ. C’est la raison de l’enlèvement clandestin qui a été préparée visiblement de longue date avec l’aide de soutiens américains. Laure, je me tourne vers toi.
Tu viens de m’expliquer qu’il y a la Convention de l’AIE, tu viens de m’expliquer qu’il y a de bonnes pratiques avec les USA. Comment c’est possible ? Effectivement, la Convention de l’année 2080 ratifiée par la France en 1982 devrait permettre à l’État français d’exiger le retour des filles de M. Paris en France. Ce n’est pas le cas pour Arnaud et pour d’autres.
Nous regardons les bonnes pratiques d’autres pays et revenons à la charge pour solliciter l’adhésion de l’opinion publique à travers un référendum d’initiative partagée, Arnaud t’en parlera juste après, qui devrait, en s’inspirant du Goldman Act américain, Goldman pour Goldman Sachs qui avait lui-même vu ses enfants enlevés au Brésil il y a une dizaine d’années, pouvoir créer des obligations positives auprès du gouvernement qui, voilà, devrait exécuter et donner des comptes sur ces enlèvements. Et ceci est vrai pour Arnaud et pour des centaines, malheureusement, de parents qui vivent la mobilité dans une certaine souffrance. On a des dizaines de milliers d’auditeurs aux quatre coins du monde qui sont en train de tomber de leur chaise parce qu’on pourrait se dire que l’arsenal juridique est en place, mais s’il n’est pas appliqué, comment faire ? Est-ce que l’idée de ce podcast aujourd’hui n’est pas de mettre un éclairage, notamment auprès de nos parlementaires, sur faire évoluer les choses, peut-être renforcer l’arsenal juridique. En l’occurrence, aujourd’hui, Arnaud, vous travaillez sur un appel aux parlementaires pour l’organisation d’un RIP.
L’association qui rassemble beaucoup de parents victimes d’enlèvements a décidé de porter cette question à la fois devant les parlementaires et devant les français. Un référendum d’initiative partagée, c’est à la fois parlementaire et citoyen. Il faut rassembler 185 pays. parlementaires, donc on en a déjà un certain nombre, dont des parlementaires qui représentent les Français de l’étranger, comme le sénateur Kadhik, qui soutiennent cette initiative pour qu’au bout des 185 signatures, on puisse présenter par référendum cette question sociétale qui est, est-ce que la France doit protéger ses enfants victimes d’enlèvements internationaux ? Et un texte sera donc proposé au travers de cette question qui mettrait des obligations positives, comme l’expliquait lors, sur la diplomatie française de manière à ce que quand une violation de la convention de la haine est constatée, que la diplomatie puisse à minima dénoncer cette violation.
Sur l’exécutif plutôt que la diplomatie ? L’exécutif, parce qu’effectivement le président lui-même est le garant des traités dans la Constitution française. Donc ça peut être aussi bien le président que le ministre des Affaires étrangères ou même le ministre de la Justice qui peuvent interpeller le pays concerné et demander des explications sur cette violation du droit international qui peut avoir des effets catastrophiques sur les enfants et sur les familles évidemment qui sont des victimes indirectes de ces drames. Peut-être un mot sur les enfants. Évidemment, les parents sont des victimes, mais les enfants sont aussi des victimes, bien sûr.
Ce sont des enfants volés, enlevés, arrachés à leur environnement, à leur équilibre, qui sont sans contact avec l’un de leurs parents pendant des mois. Et je trouve que ce traumatisme psychologique, Gauthier, aujourd’hui, il faut vraiment parler, il faut le documenter. Il est profond, il est invisible et il est souvent nié. Aujourd’hui, on en est donc sur la recherche de parlementaires qui vont signer ce RIP qui va donner lieu ensuite à une ouverture publique. Et là, les auditeurs pourront y participer pour le moment.
Pour le moment, on en a encore dans cette phase auprès des parlementaires. Qui va durer combien de temps ? Alors, le processus typiquement dure 6 à 9 mois. Après, ça dépend de la rapidité d’obtention des signatures. On avance assez rapidement.
Chaque semaine, on a de nouveaux parlementaires qui rejoignent cette initiative. Il faut savoir que c’est transpartisan, c’est-à-dire qu’aussi bien au niveau du Sénat que de l’Assemblée nationale, il n’y a pas de couleur politique particulière. Tout le monde est représenté. C’est une question qui touche à l’enfance et comme Gauthier tu le disais, la journée du 20 novembre est importante pour mobiliser les soutiens parlementaires. Et ça peut aller ensuite très rapidement, une fois qu’on a les 185 signatures, ça passe devant le Conseil constitutionnel qui vérifie la légalité de la loi qu’on propose.
Et après, ça part devant les Français. Si les Français votent massivement, comme on l’a vu sur la loi du plomb cet été, on a vu qu’un élan démocratique peut exister sur des questions sociétales majeures, ça peut être en quelques mois que ce texte est voté et que les enfants français se retrouvent du coup protégés. immédiatement de ce genre de situation, et on parle de 2000 enfants par année, c’est un chiffre, si rien n’est fait, qui va augmenter, c’est-à-dire qu’il faut voir la Convention comme un barrage. Si la France ne renforce pas ce barrage au travers de ce texte, d’autres pays vont commencer à le violer comme le font les États-Unis malheureusement dans ce dossier, et vous allez avoir un raz-de-marée d’enlèvements, c’est-à-dire que les 2000 enfants par année peuvent être multipliés par 5, par 10. Donc la France a une responsabilité, les parlementaires et le peuple français ont une responsabilité envers les enfants du monde entier à ce stade.
Où l’on l’équivalent américain du Goldman Act ? Laure, Arnaud, en tant que fondateur de la radio des français dans le monde, je m’engage à suivre ce dossier à vos côtés, voir comment les choses vont désormais évoluer. J’invite nos auditeurs à pouvoir également suivre également tout ça. Une petite question d’ordre personnel, Arnaud, tu vas vivre ton deuxième Noël loin de tes deux petites filles. Comment, sur un point de vue humain, tu vis la chose ?
Le dernier Noël, j’étais en train de faire une grève de la faim qui a duré 33 jours devant l’ambassade américaine à Paris. J’ai pu obtenir un fort soutien des médias et du peuple français et je pense que malheureusement ce triste anniversaire va d’une certaine manière renforcer cette démarche au travers du référendum pour obtenir ce soutien national sur cette question majeure. Affaire à suivre sur la radio des Français dans le Monde. Je vous invite à partager ce podcast le plus largement possible. Merci d’être revenue au micro de la radio et à très vite.
Merci Gauthier. 

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Podcast n°2611 (novembre 2025)

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