Dans cet épisode du podcast « 10 minutes », Gauthier Seys pose une question intrigante à ses auditeurs : comment l’histoire familiale et les expériences internationales façonnent-elles nos parcours de vie ? Pour explorer cette question, il reçoit Caroline Joubert, une neuropsychologue française installée à Berlin. Caroline partage son histoire unique, marquée par des origines franco-allemandes et un amour profond pour l’Allemagne, nourri par des échanges culturels dès son adolescence. Son parcours en Normandie, ses études en neuropsychologie et son choix de vivre à Berlin illustrent comment les racines familiales et les expériences de mobilité peuvent influencer les choix de vie.
Caroline Joubert est une neuropsychologue passionnée, originaire de Normandie, qui a choisi de s’installer à Berlin pour exercer sa profession. Son intérêt pour l’Allemagne a commencé dès son enfance, influencé par ses origines familiales franco-allemandes. Après un Erasmus en Allemagne et l’obtention de son diplôme de neuropsychologie en France, elle décide de retourner à Berlin, où elle ouvre son propre cabinet. Caroline s’intéresse particulièrement aux hauts potentiels intellectuels, au TDAH, aux troubles du spectre de l’autisme et à l’anxiété, et elle accompagne aussi bien des expatriés que des locaux dans sa pratique.
Dans cet épisode, Gauthier et Caroline discutent de la neuropsychologie, une discipline qui combine les aspects neurologiques et psychologiques pour comprendre le fonctionnement du cerveau et les pathologies associées. Caroline explique comment elle a découvert cette branche de la psychologie et pourquoi elle s’y est passionnée. Elle aborde également les défis et les démarches nécessaires pour exercer en tant que neuropsychologue en Allemagne, notamment en ce qui concerne l’équivalence des diplômes. Enfin, Caroline partage son expérience de vie à Berlin, une ville en constante évolution, et discute des particularités des patients expatriés, qui peuvent faire face à des niveaux d’anxiété différents en raison de leur changement d’environnement.
Bienvenue dans 10 minutes, le podcast des français dans le monde, pour aider tous ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent de mobilité internationale. Je suis Gauthier Saïs et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Caroline Joubert, direction Berlin, en Allemagne. 10 minutes. Je précise Berlin en Allemagne, bien que je crois qu’à peu près 100% de nos auditeurs savent que c’est la capitale allemande. Bonjour Caroline.
Bonjour Gautier. Bienvenue sur l’antenne de Français dans le Monde. On va passer dix minutes ensemble, revenir sur ton parcours, ta vie dans cette jolie capitale et ton travail également. Tu es dans un domaine intéressant, la neuropsychologie. Tu vas nous en dire plus.
D’abord, on revient en Normandie. C’est là-bas que tu es originaire, mais avec un petit détail qu’on peut souligner du côté de ta maman. Ton grand-père est allemand. D’ailleurs, à l’époque, il était soldat allemand. Il s’est fait…
Il est devenu prisonnier ici, en France. Et c’est là qu’il va rencontrer ta grand-mère. C’est une sacrée histoire, quand même, historique. Effectivement, c’est une sacrée histoire. Je pense que du coup, ça nous a marqué et ça m’a marqué dans mon parcours de vie, puisqu’effectivement, il tombe amoureux d’une Française à l’époque et il se marie finalement juste après.
la seconde guerre mondiale et donc ça ne devait pas être évident. Mais du coup, effectivement, il y a des origines allemandes dans la famille. Et cette amitié, cet amour franco-allemand qui a persisté depuis la seconde guerre mondiale, tu l’as entretenu avec des voyages, des échanges franco-allemand. Tu étais en Bavière quand tu avais 12, 13 et 14 ans. Il y a quelque chose qui t’attirait irrésistiblement vers ce pays, Limitrof ?
Exactement. C’est rigolo parce que je disais toujours que la langue allemande, ça me faisait vibrer. Entendre de l’allemand, vraiment, ça me faisait physiquement vibrer. J’adorais ça. Et les échanges franco-allemands, c’était en Bavière.
Oui, c’est ça. À mes 12 ans, j’ai adoré. Et je pense que j’ai beaucoup aimé aussi le sentiment de liberté parce que j’ai un souvenir qui m’a fait marquer qu’au collège, à l’époque, il n’y avait pas de barrière en Bavière, etc. Et je trouvais ça très chouette comme sentiment. Oui, ça a toujours été présent, cet amour de l’Allemagne et de la langue allemande.
Évidemment, tu vas choisir de faire un Erasmus en Allemagne. Ça tombe sous le sens. Tu fais ton master là-bas. Puis ensuite, c’est retour en France. Tu termines tes études.
Tu as donc ton diplôme de neuropsychologie. Tu travailles un petit peu et puis un jour, tu quittes ton CDI et puis tu pars avec ta valise qui n’est pas en carton, je crois. À ce moment-là, c’est réservé Alinda De Souza, cette histoire en 2018. Te voilà arrivée à Berlin. Tu commences avec une coloc.
Tu te souviens précisément de ces premiers jours berlinois ? Ouais, exactement. J’étais super contente, j’étais ultra excitée. J’étais vraiment… J’étais assez…
Ouais, j’étais enchantée. Et cette coloc, c’est rigolo parce que je suis arrivée dans la Riga Strasse à Berlin, à Friedrichshain, et c’était vraiment super sympa. Et non, je me suis sentie tout de suite bien. J’étais vraiment prête à croquer la vie berlinoise. Alors ceux qui s’y rendent, s’y rendent pour plusieurs raisons.
Certains, c’est plutôt une appétence pour l’histoire. L’autre, c’est pour le clubbing. Toi, c’était quoi ? Moi, je pense qu’il y a plein de choses qui m’attiraient. Finalement, Berlin, c’est très international, donc je pense que j’aimais beaucoup le côté international.
Je trouvais aussi, il y avait déjà mon amour pour la langue allemande, l’Allemagne. Et puis, je crois que j’aimais beaucoup aussi le côté assez vert, aéré, libre, ouvert. Je pense que ça fait partie de toutes les raisons qui m’ont amenée là et aussi toute la culture proposée. Alors en l’occurrence, en parlant d’amour, ton conjoint est lui allemand. Il a fait son Erasmus en France.
Vous étiez fait pour vous rencontrer. A priori. Alors tu vas faire divers boulots, mais assez vite, le sujet dans ton domaine de la neuropsychologie va te manquer. En 2019, tu lances ton propre cabinet. Un petit mot sur l’équivalence des diplômes.
Quand on a fait ses études en France et qu’on veut exercer dans le métier de la santé en Allemagne, fastoche ou pas fastoche ? Pas si fastoche, en fait. Je m’attendais à ce que ce soit assez simple, parce que je me suis dit, c’est l’Europe, il y avait des systèmes de master, etc. Et en fait, ça n’a pas été si simple. Alors, je pense que ce n’est pas la même chose quand c’est du salarié ou du libéral.
Mais en Allemagne, il fallait pour pouvoir exercer en libéral et être reconnu, avoir au moins un minimal à la question du diplôme de, je ne sais pas comment traduire en français, mais de Heilpraktika für Psychothérapie, ça s’appelle en allemand.
Et pour ça, il fallait quand même des reconnaissances, passer des examens complémentaires. Et donc je l’ai fait, mais c’est vrai que ça a été une démarche. Et j’ai d’ailleurs accompagné d’autres psys qui sont arrivés entre temps pour les aider aussi dans les démarches. Tu es installée où à Berlin ? La ville est grande.
Ouais, je suis à Prenzlauberg, donc un peu plus au centre nord, on va dire. D’accord. Ton quotidien aujourd’hui, dans une ville qui a beaucoup évolué ces dernières années, est-ce que tu as toi-même constaté qu’en effet la ville, depuis notamment la période Covid, a changé de visage, avec du logement plus compliqué, avec des prix qui montent ? Oui, ça a beaucoup changé parce qu’en plus, moi, j’ai eu la chance d’aller à Berlin, déjà, finalement, à l’époque où j’étais Erasmus. Donc, depuis 2007, depuis 2007, j’y suis allée quand même à plusieurs reprises.
Ça a beaucoup changé. J’ai eu la chance de connaître Thales et donc plein d’endroits. Et là, c’est vrai que c’est ce dont on parle avec la gentrification. Je pense que les loyers sont devenus beaucoup plus compliqués. Alors, heureusement, je trouve que quand même, il y a encore cette âme berlinoise culturelle qui est présente, mais c’est vrai que ça bouge quand même.
Alors maintenant, on va parler boulot. Qu’est-ce que donc la neuropsychologie, s’il te plaît, Caroline ? La neuropsychologie, c’est une branche de la psychologie. J’ai découvert la neuropsychologie en deuxième année de fac et j’ai eu un coup de cœur parce que je trouvais que ça combinait plusieurs aspects intéressants avec à la fois du neurologique et de la psychologie. Et peut-être dans le parcours d’études, ce qui est intéressant pour se représenter, c’est qu’on a beaucoup étudié le fonctionnement du cerveau et beaucoup aussi les pathologies neurologiques, neurodégénératives ou neurodéveloppementales.
et tous les liens entre la cognition, le comportement et les émotions et j’ai toujours trouvé ça très fascinant. Peut-être on en parlera après, mais au départ j’ai travaillé avec des patients traumatisés crâniens et j’ai trouvé que c’était vraiment intéressant cette combinaison dans la pratique. Alors en l’occurrence, tu t’intéresses particulièrement aux hauts potentiels intellectuels, au TDAH, aux troubles du spectre de l’autisme ainsi qu’à l’anxiété. Ça, c’est ton dada, c’est ton sujet de prédilection. Oui, exactement.
J’avoue, ça me passionne beaucoup. Au tout départ, dans ma pratique, j’ai plutôt travaillé en neurologie et neurodégénérative, et puis après, petit à petit, dans les aspects plutôt neurodéveloppementaux, donc toutes les thématiques autour du télériage, du spectre de l’autisme, etc. Ça a beaucoup évolué depuis dans ma pratique, mais c’est vraiment des thématiques qui me fatiguent. Alors tu travailles principalement avec une cible d’adultes, tes patients sont expats, ils sont en France, un peu partout dans le monde, mais aussi dans ton cabinet berlinois. Est-ce que les patients expats sont plus anxieux que les non-expats ?
Alors je ne sais pas, c’est une bonne question. Peut-être qu’il y a… En tout cas, ce qui est sûr, c’est que je dirais que s’expatrier, ce n’est pas anodin. Il se passe plein de choses. C’est aussi pourquoi on s’expatrie.
Est-ce qu’on suit quelqu’un ? Est-ce que c’est un choix ? On change quand même d’environnement, donc ça peut être potentiellement anxiogène. Donc on va dire que peut-être, oui, il y a des facteurs quand même potentiels de stress. Je ne sais pas s’ils sont plus anxieux ou s’il y a d’autres types d’anxiété, mais en tout cas, on peut dire que le fait de changer d’environnement peut aussi avoir son lot d’activer l’anxiété.
L’anxiété, c’est un mot un peu fourre-tout, on l’évoque dans plein d’occasions. Qu’est-ce qui définit le fait qu’une personne soit une personne anxieuse ? De toute façon, il y a aussi, comme toutes les thématiques du spectre de l’autisme TDIH, il y a des manuels diagnostiques avec des critères diagnostiques. Mais je dirais que l’anxiété, si on devait donner un synonyme, il y a plusieurs types d’anxiété parce qu’on va parler des faits d’anxiété sociale, des personnes qui vont être anxieuses que dans les interactions sociales, donc essentiellement les interactions sociales. Il y a ce qu’on appelle le trouble anxieux généralisé où les personnes vont être vraiment anxieuses dans tout un tas de domaines de vie.
En fait on va parler d’anxiété je dirais à partir du moment c’est différent du stress parce que tout le monde dans le quotidien peut avoir des moments de stress mais qui va peut-être réussir à gérer ou voilà c’est pas envahissant. L’anxiété peut avoir quelque chose parfois d’envahissant, un impact fonctionnel dans sa vie quotidienne avec des aussi je pense des signes physiques, un cœur qui s’accélère, des choses comme ça. On identifie facilement cette anxiété et ça se soigne. Oui, effectivement, que ce soit en fait, moi dans le cadre du cabinet, les problématiques anxieuses, aussi si on parle des problématiques liées autour du TDIH ou du trouble de spectre de l’autisme. En fait, il y a plein de stratégies pour essayer de diminuer l’anxiété.
Et donc des choses, en travaillant avec toi, qui s’améliorent avec le temps, petit à petit ou rapidement ? Alors ça dépend de l’ampleur des problématiques, mais pour certaines personnes ça peut être plus ou moins rapide, et d’autres ça peut être un peu plus long quand il y a des thématiques plus profondes, plus complexes, et ça dépend des objectifs aussi. En tout cas, si vous voulez entrer en contact avec Caroline, le lien de son site web carolinejoubert-neuropsy.com est disponible dans le descriptif de ce podcast, qui n’est pas une phrase facile à dire. Caroline, pour terminer, toi, originaire de Normandie, aujourd’hui, tu vis en Allemagne. Je vais te demander de faire un choix gastronomique entre ces deux pays.
Tu ne t’attendais pas à ça. Ah non, mais oui, mais du coup, j’avoue que sans hésitation, mon choix gastronomique va vers la France. Je suis une grande fan de fromage et j’avoue que le fromage français est délicieux. Voilà. Très bien.
Et le fromage français est délicieux, mais à la limite, ça, c’est pas un scoop, on le savait. Est-ce qu’il y a du bon fromage allemand quand même ? Je dirais qu’en fait, en plus, Berlin n’est pas très représentatif parce que c’est tellement international que tu peux trouver du fromage de partout. Mais j’avoue, je suis désolée de dire ça, mais je ne crois pas que j’ai encore goûté du fromage allemand où j’étais très satisfaite. En tout cas, merci beaucoup d’avoir répondu à nos questions.
Au plaisir de te retrouver sur l’antenne de la radio des Français dans le Monde. Merci. Vos podcasts sur la mobilité internationale sont sur fdlm.fr. et sur YouTube en cherchant Français dans le Monde.
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