Dans cet épisode captivant de « 10 minutes, le podcast des Français dans le monde », Gauthier Seys nous invite à explorer la vie fascinante de Benoît Clair, un journaliste chevronné qui a su naviguer à travers les défis et les opportunités du journalisme international. En commençant sa carrière dans le sud de la France, Benoît s’est rapidement retrouvé sur le terrain, couvrant des événements marquants comme correspondant de guerre à Beyrouth dans les années 70. Comment ces expériences ont-elles façonné sa vision du monde et sa carrière ? Voilà une question qui mérite réflexion.
L’épisode se concentre sur l’évolution de la carrière de Benoît et son engagement envers la communauté francophone à Los Angeles. En tant que directeur du Petit Journal Los Angeles, Benoît s’efforce de créer un lien entre les expatriés français et leur nouvelle terre d’accueil, en mettant en lumière les histoires fascinantes des francophones qui y vivent. Il discute également des défis et des joies d’être un journaliste à l’ère moderne, tout en partageant sa passion pour la radio et la presse écrite. Les auditeurs découvriront comment Benoît envisage de continuer à enrichir le paysage médiatique pour les expatriés, notamment à l’approche des événements majeurs comme les Jeux Olympiques et la Coupe du Monde de football.
Bienvenue dans 10 minutes, le podcast des français dans le monde pour aider tous ceux qui se préparent ou qui vivent de près ou de loin la mobilité internationale. Je suis Gauthier Seys et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Benoît Clair, direction Los Angeles. 10 minutes.
Vous allez peut-être reconnaître sa voix parce qu’on l’a beaucoup entendu à la radio, à la télé. Benoît est un journaliste d’envergure dans la presse française. Et aujourd’hui, il pilote avec fierté et beaucoup de bonheur le petit journal Los Angeles. Benoît, bonjour. Bonjour Mathieu Saïd.
Très content de faire ta connaissance. Nouveau venu dans le réseau de notre partenaire Le Petit Journal. On va arriver à Los Angeles. Si tu veux bien, on commence par la Provence. Tu n’es pas très loin d’Avignon et puis très vite, tu montes à Paris pour faire une école de journalisme.
Et puis, à l’époque, on est vite sur le terrain. On se retrouve vite derrière une caméra ou derrière un micro et te voilà correspondant de guerre. On te voit à Beyrouth à l’époque. sur TF1. C’est des souvenirs incroyables, je suppose, dans ta tête de journaliste.
C’est loin déjà, il s’est passé plein de choses depuis, mais c’est vrai que c’est plutôt agréable à 22 ans, 23 ans, pas agréable de se retrouver forcément à Beyrouth au moment de la guerre. Je parle des années 70, 75, 78. Mais c’est une expérience de terrain tout de suite enrichissante au niveau humain, bien sûr, des rencontres formidables. Et puis ça forge tout de suite le caractère, c’est vrai que se retrouver sur un terrain de guerre jeune, ça permet de prendre ses marques, ça permet d’être attentif aux autres, ça permet d’être plus en sécurité, de faire attention à la sécurité de manière générale. Mais c’est une expérience passionnante, je ne regrette rien, pas une seconde de 40 ans de carrière, je ne regrette pas une seconde.
Alors, une conférence de rédaction, on décide de t’envoyer dans tel pays, tu sautes dans un avion, te voilà au bout du monde. Le monde, tu l’as écumé dans tous les sens. Oui, mais un peu trop vite. C’est la raison pour laquelle aujourd’hui, en prenant une retraite active, en dirigeant cette édition du Petit Journal, je me suis promis quand même de voyager, c’est-à-dire de retourner dans tous les endroits où je suis parti. J’ai fait effectivement plusieurs fois le tour du monde en 40 ans et je me suis promis maintenant d’y retourner plus calmement.
C’était vrai, quand on saute dans un avion le matin, on a toujours une valise prête dans le coffre de sa voiture et puis on va faire son reportage. On s’en va, on rentre rapidement en général parce que la télé n’attend pas. et puis on n’a pas vu grand chose du pays. Donc maintenant je suis en train de corriger cela et prendre le temps de voyager un petit peu plus, c’est vrai. On va t’entendre à la radio également, sur Radio Monte Carlo pendant 13 ans sur Europe 1, également sur des radios de Montréal.
Radio, télévision, c’est difficile, ton cœur balance entre ces deux médias ? Non, ils ne balancent pas chacun sa spécificité. C’est-à-dire que l’image, c’est passionnant. On ne m’a pas beaucoup vu dans la caméra parce que ce n’est pas mon truc. Je ne suis pas un homme tronc, entre guillemets.
Je pense que ça n’apporte rien qu’un journaliste se mette face caméra pour raconter quelque chose. Je pense que la voix, et pour moi la radio, c’est un peu le théâtre de l’imagination. Quand on entend une voix à la radio, On se demande quel est le personnage derrière. Moi, je n’ai jamais été… Je suis peut-être un peu old school pour ça, mais je n’ai jamais…
Je ne pense pas que ça apporte grand chose à la télévision d’avoir des reporters qui sont en direct. Bien sûr, dans certaines circonstances, il faut l’être. Mais globalement, on ne m’a pas vu beaucoup. On m’a effectivement beaucoup entendu, ce qui fait qu’aujourd’hui, j’ai peut-être un peu la voix cassée. Mais c’est vrai que j’ai toujours bien aimé la radio.
En plus, c’est beaucoup plus souple. La radio, on l’a fait avec un téléphone portable. Alors qu’en télévision, bien sûr, il faut des moyens techniques, il faut un caméraman, il faut un sondier, il faut un éclairagiste. Donc tout ça, c’est plus lourd. Donc la radio est très souple.
Oui, c’est vrai que j’ai une passion pour la radio. Et c’est un très, très beau média. Évidemment, tu parles à quelqu’un qui est convaincu de la chose. Il y a 35 ans, tu es à Paris, dans le bureau de Jean Dormesson, il te dit je vais t’envoyer en Californie, mais attention la Californie c’est pas l’Amérique. Tu arrives là-bas, il y a donc trois décennies, et puis aujourd’hui tu y es toujours.
Qu’est-ce qui s’est passé entre Los Angeles et toi ? Un coup de cœur ? Oui, au départ, je n’étais pas venu pour rester 50 ans parce que la technique des journaux, c’était d’envoyer quelqu’un pendant 2 ans, 3 ans, un peu comme les corps diplomatiques. Un consul ne ferait jamais plus de 3-4 ans dans une circonscription. Là, c’était un petit peu pareil.
C’était une erreur à mon sens parce que quand on est journaliste, on a besoin d’abord de se faire un carnet d’adresses et puis rentrer au bout de 3 ans à Paris, ça n’avait pas beaucoup de sens. Je n’avais surtout pas envie de rentrer pour faire des RTT, c’est contrôler des notes de frais, ça n’a jamais été mon truc. Donc je préfère le terrain et c’est pour ça que je suis resté. Et puis après, diverses opportunités de carrière ont fait qu’effectivement, il y avait besoin d’informations parce que la Californie, c’est quand même la septième puissance mondiale. Il y avait beaucoup de choses qui se passaient dans le spatial, que je connaissais bien, dans l’ingénierie informatique.
Donc tout ça était vraiment une nécessité d’avoir pour les rédactions françaises des correspondants, donc pas que moi. mais des correspondants en Californie et c’est vrai que c’était une terre d’opportunités et j’y suis resté un peu naturellement. J’avoue que j’ai fait ma vie ici et que je ne me suis pas aperçu finalement que le temps passait aussi vite. Pourtant c’était il y a déjà 35 ans. Aujourd’hui l’âge de la retraite a sonné.
Et un Benoît Clair à la retraite doit s’occuper un peu. Et là, il va se passer une rencontre avec Hervé, qu’on a souvent reçu sur cette antenne. Hervé Hérault, le fondateur de Le Petit Journal. Et il n’y avait pas d’édition à Los Angeles. Comment c’est possible avec 30 000 Français inscrits ?
Oui, bizarrement, il y a plus de 30.000 français qui vivent à Los Angeles, probablement 50.000 ou 60.000, même s’ils ne sont pas tous enregistrés au consulat, ce qui est une erreur, d’ailleurs on doit le rappeler, parce que les moyens d’un consulat sont proportionnels à la population enregistrée, donc il est bon, il est bien, il serait bien, on profite de… de ton antenne pour le dire que les Français expatriés s’enregistrent dans leur consulat, ne serait-ce que pour des questions de sécurité. Ici, bien sûr, on est au cœur à la fois des tremblements de terre et des incendies. On l’a vu malheureusement au printemps dernier. Donc effectivement, si on n’est pas inscrit au consulat, c’est difficile pour les agents consulaires de venir vous aider.
Donc vraiment, c’est une recommandation. Et puis le petit journal, oui, parce que c’était une rencontre formidable avec l’équipe à Paris. Vraiment, je les ai trouvés tous plein de bon sens et d’humanité et j’avais envie d’une petite équipe à remonter ici. Il n’y avait effectivement pas de journaux gratuits. à Los Angeles et c’était un manque et j’espère qu’on va arriver à le combler parce que vraiment il y a une nécessité à la fois d’informations pratiques, comme je le disais, tremblement de terre, incendie, mais pas que.
Il y a une activité extrêmement riche à Los Angeles, il y a plein de musées qu’on ne connaît pas, il y a une vie culturelle qui est certes pas aussi dense et aussi importante qu’à New York, mais c’est une vie quand même très importante. Et j’ai pensé que vraiment, il fallait rassembler, essayer de rassembler ce qui était épargne et de faire en sorte que les Français de Californie et au-delà, puisque notre édition va toucher le Colorado, le Nouveau-Mexique, le Nevada, donc Las Vegas et puis l’Arizona, il y a des Français partout. C’est ça qui est intéressant, c’est qu’il y a beaucoup de Français expatriés. Il y en a de plus en plus qui quittent la France, paraît-il. Et donc, il y a des restaurateurs, des boulangers, des assureurs, des ingénieurs, des professeurs d’école.
Enfin, vraiment, il y a tout un tissu social passionnant. Et vraiment, mon objectif avec l’équipe qu’on a constituée ici, avec Agnès Charton, que j’ai nommée rédactrice en chef et qui est une journaliste formidable, c’est vraiment d’avoir des journalistes qui sont attentifs aux autres, qui vont faire des portraits, qui vont aller sur le terrain. On l’a vu depuis qu’on a commencé il y a quinze jours. Donc, c’est tout neuf et c’est très enrichissant. Mais il y a plein d’idées qui bouillonnent.
On a une conférence de rédaction tous les mercredis matins. Et c’est vrai qu’ils m’apportent tous, ils ont tous moins de 40 ans, 45 ans, donc ce sont pour moi des jeunes, mais qui sont pleins de talents, pleins et pleines de talents. Déborah Laurent, par exemple, qui fait des vidéos absolument extraordinaires, qui sont superbes. Marie Fiorin, qui est une journaliste franco-italienne, qui fait aussi de très beaux sujets sur la mode. Je ne peux pas tous les citer parce qu’on n’a pas beaucoup de temps.
mais vraiment c’est une équipe et j’espère que tu auras l’occasion de les recevoir à ton micro les uns et les autres parce qu’ils ont tous des choses passionnantes à raconter et j’ai beaucoup de plaisir à travailler avec eux. C’est la seule raison pour laquelle je me suis remis, alors je devrais être un retraité tranquille et heureux, je me suis remis au travail avec eux parce qu’ils me passionnent. ils ont vraiment des envies. Et tout ce que je n’ai pas eu le temps de faire avant, peut-être que c’est eux, par la transmission, par ce qu’on appelle ici le give back, c’est leur donner leur chance et faire en sorte qu’ils puissent être heureux comme moi, je l’ai été dans mes 40 années de journaliste. Je veux que cette jeune génération qui arrive, elle ait envie de bosser comme moi, j’ai eu envie.
Je ne me suis jamais levé un matin ici à Los Angeles en me disant il faut encore que j’aille travailler. Non, je me suis toujours levé avec, chic, qu’est ce que je vais faire aujourd’hui? Et c’est ça que je vais rencontrer de nouveau aujourd’hui. C’est ça que vraiment, j’ai envie de leur transmettre et qu’ils le font d’ailleurs très bien sans moi déjà. Alors, en l’occurrence, les francophones qui font des choses passionnantes, on en reçoit beaucoup sur la radio des Français dans le Monde.
Les mettre en lumière, c’est très important. Évidemment, vous allez les retrouver, ces portraits, sur le petit journal de Los Angeles. Il va y avoir les Jeux Olympiques qui arrivent tout doucement. Il se passe plein de choses. Vous avez un drôle de président aussi qui fait des carabistouilles à longueur de journée.
Il y a plein de choses à dire. Il y a de la matière. Depuis que je suis ici, j’ai vu passer neuf présidents américains. J’ai fait neuf campagnes électorales. C’est vrai qu’un chasse l’autre.
Malheureusement, si les Américains ont fait le choix qu’ils ont fait, ça les regarde. Même si je vote également, ça les regarde. Parce que tu es américain aujourd’hui. Oui, mais c’est un petit peu anxiogène d’être dans la politique toute la journée. Moi, ce que je veux, c’est donner la parole aux hommes et aux femmes francophones, j’insiste sur le terme francophone, pas que français, qui rayonnent ici et qui font vivre cette Amérique, qui en a besoin.
L’apport des personnalités qui viennent ici, travailler comme je disais tout à l’heure, comme enseignant, comme boulanger, comme restaurateur ou autre, sont tous des gens qui ont une histoire à raconter, qui sont passionnants. Et c’est à eux que j’ai envie de donner la parole. Ce n’est pas forcément en politique, parce que la politique, ça change effectivement tous les quatre ans ici. Donc, ce n’est pas forcément le plus important. Vraiment, je pense qu’au cœur de la préoccupation, des francophones à Los Angeles, et comment on fait pour bien vivre ici, quels sont les bons plans de sortie, les bons restaurants, on s’est attaché dès le départ à parler évidemment de cinéma, parce qu’on est la mecs du cinéma ici, mais pas que.
Au niveau de l’environnement, il y a plein de choses qui se passent. Tous les jours, Elon Musk tire deux fusées depuis la Californie. de ma fenêtre entre guillemets chaque fois qu’il y a un tir et à chaque fois c’est 22 satellites donc c’est 44 satellites par semaine donc là c’est aussi une expérience passionnante à raconter aux français quand on voit que Arianespace tire dix fusées tous les cinq ans ici on en tire deux toutes les semaines et ici sur la côte ouest parce qu’ils en tirent aussi deux en Floride. Donc, toutes les semaines, il y a quatre fusées qui partent dans l’espace pour faire une constellation de satellites qui vont servir au niveau en Afrique. Déjà, il y a 6000 satellites d’Elon Musk qui vont permettre de faire de la télémédecine.
Donc, tout ça, c’est des histoires à raconter. Et il y a des Français. Chez Elon Musk, il y a 15000 personnes. Le numéro 2 de Tesla est un Français. Donc, tous ces gens là, on ne les connaît pas.
Et si nous, on leur donne toujours journaliste sur le terrain, on leur donne pas la parole. Personne ne connaîtra. Donc voilà, c’est une expérience passionnante pour moi. Je reviens à la presse écrite 40 ans après avoir fait mes premières piges dans la morasse parce que j’ai connu l’imprimerie, ça fait un peu vieux schnock de dire ça, mais on va le dire quand même. J’ai connu les caractères en plomb qu’on prenait avec les pinces à épiler pour faire un journal.
Et c’était en Normandie. Donc, j’ai vraiment une passion pour ce métier. Et puis maintenant, on peut le faire effectivement avec des outils très modernes. Sur le petit journal, on additionne de la vidéo. Donc, comme je le disais tout à l’heure avec Déborah Laurent, on va additionner des sons aussi avec des podcasters ou des podcasters célèbres.
Donc, tout ça se met en place. Ça ne se met pas en place en 20 minutes. Ça fait trois mois qu’on travaille cette édition, elle vient de démarrer, les premiers numéros sont sortis il y a à peine quinze jours, donc on est vraiment au démarrage, mais ça reste passionnant tous les jours. Benoît, on entend cette passion dans ta voix, qui est une belle voix radiophonique d’ailleurs, au passage. J’invite les auditeurs à découvrir cette édition Los Angeles avec ses articles et puis on se retrouvera sur notre antenne.
En effet, l’actualité, notamment avec les JO qui se préparent, nous ramènera vers toi régulièrement. Et la Coupe du monde ! Et la Coupe du monde de foot l’année prochaine. On a ça dans notre planning déjà, bien sûr. See you later, comme on dit.
Merci Gautier, à bientôt. À très vite, salut.
Vos podcasts sur la mobilité internationale sont sur fdlm.fr et sur YouTube en cherchant Français dans le Monde.