Le 12 novembre, l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal a retrouvé la liberté, après un an de détention passée derrière les murs austères de la prison de Koléa, près d’Alger. Une libération qui n’a rien d’anodin : elle intervient à la suite d’une décision officielle du président algérien Abdelmadjid Tebboune, qui a accepté de le gracier. Un mot fort, lourd de sens, tant l’affaire Sansal avait provoqué des remous en Algérie comme à l’international.
Car ce choix présidentiel, selon plusieurs sources diplomatiques, ne tombe pas du ciel. Il intervient dans un contexte de pressions multiples, notamment venues d’Europe. Parmi elles, celle du président allemand Frank-Walter Steinmeier, qui aurait insisté à plusieurs reprises, en marge d’échanges bilatéraux, pour obtenir un geste d’apaisement de la part d’Alger.
Sansal, figure majeure de la littérature algérienne contemporaine, avait été condamné l’an dernier à cinq ans de prison ferme. À l’origine de cette condamnation : des propos tenus dans une interview, où l’écrivain affirmait que certaines zones du territoire algérien auraient historiquement appartenu au Maroc. Des paroles jugées « attentatoires à l’unité nationale » par les autorités, dans un contexte déjà inflammable marqué par la rivalité entre Alger et Rabat. Le romancier, connu pour ses critiques frontales du pouvoir et pour ses analyses de la société algérienne, était devenu malgré lui le symbole d’un débat sensible où se croisent histoire, identité et politique.
Pendant sa détention, les appels à sa libération n’ont cessé de se multiplier. En France, en Allemagne, mais aussi au sein de la diaspora algérienne, intellectuels, écrivains, journalistes et défenseurs des droits humains avaient dénoncé une décision politique habillée en condamnation judiciaire.
Sa libération, au-delà du soulagement personnel, porte donc une dimension hautement symbolique. Pour les observateurs, elle pourrait marquer un compromis fragile entre la pression européenne, les équilibres diplomatiques et les intérêts politiques du pouvoir algérien. Un geste calculé, sans doute, mais révélateur d’une volonté de desserrer l’étau autour d’un dossier devenu trop encombrant.
Pour Boualem Sansal, c’est avant tout un retour à la vie. Après un an passé loin de ses proches, loin de ses lecteurs, loin de ses manuscrits, il peut désormais reprendre sa place dans le monde littéraire. L’écrivain, qui travaillait déjà sur un nouveau texte avant son arrestation, retrouve enfin la possibilité d’écrire. Loin du silence carcéral, il peut à nouveau envisager de reprendre la plume, avec la liberté retrouvée comme première page blanche.
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