Enfants enlevés au Japon : un combat français

Au Japon, des milliers de parents, souvent étrangers, vivent un cauchemar silencieux : la disparition de leur enfant après une séparation, sans qu’aucun recours réel ne leur soit offert. L’enlèvement parental, lorsqu’un parent emmène l’enfant et coupe tout contact avec l’autre, est un phénomène massif et pourtant peu connu du grand public. Parmi les victimes, de nombreux pères français.

En 2021, Vincent Fichaud en devient l’un des symboles. Installé à Tokyo, il entame une grève de la faim sur une place publique. Ses deux enfants, qu’il n’a pas vus depuis 2018, ont été emmenés par leur mère après la séparation. Comme lui, des centaines d’étrangers se heurtent à un système légal qui, depuis des décennies, organise la rupture. Au Japon, dans l’immense majorité des divorces, l’autorité parentale est attribuée à un seul parent. Le parent non gardien — souvent le père — perd pratiquement tout droit : pas de garde partagée, pas de droit de visite garanti, pas de médiation obligatoire. Une fois l’enfant emmené, la coupure peut devenir définitive.

En 2024, une réforme historique a finalement été votée : elle prévoit l’introduction d’une autorité parentale conjointe à partir de 2026. Un tournant présenté comme un progrès, mais jugé trop timide par de nombreux défenseurs des droits des enfants. Pour eux, tant que les institutions ne protègent pas le lien avec les deux parents de manière effective, rien ne changera vraiment.

Le paradoxe est d’autant plus frappant que le pays est signataire de la Convention de La Haye de 1980, qui impose le retour rapide d’un enfant déplacé illicitement à l’étranger. Pourtant, cette convention est très rarement appliquée au Japon. Selon l’ONG Kizuna, entre 150 000 et 200 000 enfants seraient « retenus » chaque année dans l’archipel par un parent séparé, sans accès possible à l’autre. Un chiffre vertigineux, révélateur d’un système où la rupture familiale devient institutionnalisée.

Face à cette réalité, des organisations tentent de briser l’isolement des parents abandonnés par les institutions. SOS Parents Japan, association franco-japonaise, accompagne les familles dans les démarches juridiques, explique les recours possibles et tente de maintenir le lien, même à distance. D’autres groupes se mobilisent, organisent des rassemblements, interpellent les ambassades et tentent de sensibiliser l’opinion publique.

En unissant leurs forces, ces associations ne cherchent pas seulement à faire appliquer des textes internationaux ou à dénoncer des injustices : elles tentent de recoudre un lien vital, celui qui relie un enfant à son parent, un lien que des milliers de familles continuent de perdre dans le silence des tribunaux japonais.

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