Berlin, scène de vie : Le récit d’Amandine Thiriet

Une question pour vous : qu’est-ce qui vous attire dans une ville étrangère au point de vouloir y déménager et y construire une nouvelle vie ?

Dans cet épisode du podcast « 10 minutes », Gauthier Seys s’entretient avec Amandine Thiriet, une artiste française qui a choisi de vivre à Berlin. Amandine est née à Épinal et a grandi à Metz avant de poursuivre des études de lettres à Strasbourg. Comédienne de formation, elle a toujours rêvé de monter sur scène. Bien que ses parents n’aient pas d’antécédents artistiques, ils l’ont soutenue dans ses aspirations. Amandine évoque également ses racines familiales italiennes et le déracinement vécu par ses grands-parents maternels, ce qui a peut-être influencé son choix de vivre à l’étranger.

L’épisode explore le parcours d’Amandine à Berlin, une ville qui l’a séduite il y a 20 ans lors d’une visite avec son compagnon. À l’époque, Berlin offrait un terrain fertile pour les artistes, avec des espaces abordables et une scène culturelle dynamique. Cependant, Amandine note que la ville a beaucoup changé depuis, notamment en raison de la hausse des loyers et de l’évolution de sa population. Malgré ces défis, elle continue de s’épanouir dans un environnement artistique, en se tournant vers la communauté française de Berlin. L’épisode met en lumière les défis et les opportunités d’être artiste dans une ville en constante évolution.

https://www.amandinethiriet.com/?lang=fr

Chapitrage du podcast :
0:00:01-Bienvenue et introduction avec Amandine Thiriet
0:00:31-Référence aux origines Vosgiennes et parcours initial
0:00:54-Début de carrière artistique
0:01:101-Immigration italienne dans la famille
0:02:143-Coup de foudre pour Berlin
0:03:198-Berlin, un terreau artistique favorable il y a 15-20 ans
0:04:255-Évolution de Berlin, crise du logement et changements socio-économiques
0:06:366-L’intégration et adaptation des Français à Berlin
0:07:429-Travail artistique tourné vers la communauté française de Berlin
0:08:514-L’amitié franco-allemande et exchanges culturels
0:09:598-La présence artistique française en Allemagne
0:10:623-Conclusion et coordonnées d’Amandine

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Podcast n°2554(juillet 2025)

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Retranscription IA du podcast :

Bienvenue dans 10 minutes, le podcast des français dans le monde, pour aider tous ceux qui se préparent, qui vivent ou qui rentrent de mobilité internationale. Je suis Gauthier Saïs et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Amandine Thirier. On part à Berlin. 10 minutes. Un nom de famille qui évoque un peu quand même les produits surgelés.
Je suis désolé de faire cette référence à Mandine, mais il n’y a pas complètement de hasard puisque c’est Vosgien tout ça. Absolument, les surgelés viennent des Vosges et ma famille paternelle vient aussi des Vosges. Je suis née à Epinal. Bienvenue sur Français dans le Monde. On va faire connaissance de ton parcours, de ta vie à Berlin et de ton travail.
Tu es artiste multifacette.
Tu as développé tout ça. Alors tu nais à Epinal et tu vas grandir à Metz, faire des études de lettres à Strasbourg. Et puis, comme tout bon comédien qui se respecte, tu montes à la capitale. Tu te voyais déjà en haut de l’affiche ? Absolument.
Je me voyais déjà en haut de l’affiche, très, très petite. J’avais depuis très longtemps envie de faire ça, d’être sur la scène. Et vouloir être comédien ou dans le monde artistique, tu as été porté par tes parents parce que parfois, les parents disent moi ça, c’est pas un métier sérieux. Ils n’étaient pas du tout artistes. Après, ils ne m’ont jamais empêché de le faire.
Ils m’ont toujours inscrit dans les cours que je voulais, de musique, de théâtre. Mais eux n’étaient pas du tout artistes, n’avaient pas du tout ce background. Donc j’ai quand même dû frayer mon chemin. Et pas non plus expats dans la famille ? Personne n’avait fréquenté l’international ?
Pas du tout. Alors, si, mais mes grands-parents maternels sont immigrés italiens. Ils sont arrivés en Lorraine à l’époque où beaucoup d’Italiens arrivaient en Lorraine. Donc oui, il y a quand même une histoire de déracinement dans ma famille. Et ma mère elle-même est née italienne en France et est devenue française finalement quand se marions avec mon père, si je ne dis pas de bêtises, donc assez tardivement.
Donc finalement, oui, il y a quand même une histoire de déracinement. Après, il y a beaucoup de métissages dans notre pays. Toi, tu es comédienne et prof de français à Paris, intermittente du spectacle. Et là, tu vis en colloque avec une berlinoise avec qui tu t’entends très bien. Celle-ci va retourner dans son pays d’origine.
Et donc, vous allez avec ton copain de l’époque lui rendre visite. Et là, il va se passer un truc quasi électrique avec la ville de Berlin. Oui, absolument, à coup de foudre, avec mon compagnon, qui est d’ailleurs encore mon compagnon. Effectivement, on lui rend visite, c’était il y a 20 ans, à Anguilla, pas Anguilla-Merkel, mais Anguilla, ma colocataire. Et coup de foudre pour Berlin, on s’est sentis tout de suite vraiment bien dans cette ville.
C’était assez inexplicable parce qu’à l’époque, en plus, il y a 20 ans, elle était encore très grise et très peu attractive, mais on s’y sentait bien parce qu’il y avait une liberté, un espace. peut-être une joie malgré la grisâtre qui était présente. En tout cas, on est vraiment devenu très fan de cette ville, quasiment spontanément. Après, Amandine, on ne va pas se mentir. Être artiste dans cette ville avec ce qu’elle a vécu, son histoire, la chute du mur, cette réunification.
Et puis ce vivier, il y a eu un phénomène un peu à ce moment-là quand même sur l’artistique. Il y avait de la place, il y avait du temps, il y avait des moyens, un petit peu de moyens, mais l’envie en tout cas. Exactement. En fait, il y a 15-20 ans, venir à Berlin, ça voulait dire pouvoir vivre avec pas grand-chose, avoir de grands espaces pour mener des projets répétés, pouvoir jouer quasiment partout. On avait accès à des théâtres superbes, originaux.
On a joué dans le Tareles, par exemple, dans un théâtre qui était une vieille chapelle. On pouvait se loger pour rien. Il y avait énormément d’artistes, donc il y avait aussi une propulsion de propositions, on pouvait rencontrer des gens. Et oui, et l’histoire absolument, l’histoire était assez impressionnante et on a eu aussi très vite envie de travailler sur ces thématiques de la mémoire, de la trace que laisse une histoire un peu traumatisante. Il y avait vraiment de quoi faire, c’était passionnant.
Alors c’est marrant que tu en parles au passé, parce qu’on a l’impression que tout ça s’est terminé. C’est en train de changer. Déjà, ne serait-ce que les loyers. Alors nous, on a eu de la chance. On est donc arrivé il y a 15 ans.
On a pu encore avoir un loyer de l’époque, c’est-à-dire que c’était deux fois moins cher qu’à Paris et on pouvait vraiment se permettre de faire les difficiles pour choisir son appartement. Aujourd’hui, il y a une crise du logement à Berlin qui est complètement incroyable. Les gens n’arrivent pas à se loger, ils doivent débourser. des sommes plus chères qu’à Paris. Donc les loyers ont triplé en dix ans, mais vraiment triplé.
Et puis même la vie de tous les jours a doublé ou triplé parce qu’on partait vraiment de bas. Mais ça change complètement la donne, ça change Il y a beaucoup de lieux qui ferment. Il n’y a plus cette possibilité d’avoir des grands espaces, de faire un peu ce qu’on veut. On doit beaucoup plus se battre pour survivre en tant qu’artiste parce qu’en plus, il n’y a pas d’intermittence ici. Et puis, nous, on a encore la chance d’être implanté depuis longtemps.
Donc, il y a encore des habitudes qui sont là. On bénéficie encore de choses. Mais je pense que pour ceux qui arrivent aujourd’hui, il n’y a plus la même ouverture qu’il y avait il y a 15 ans. La vibration a changé. Oui, elle change aussi parce que la population change, bien sûr, forcément aussi parce qu’il y a aussi des grosses entreprises qui se sont installées à Berlin, qui n’étaient pas là il y a 15 ans.
Il y a une autre population. Puis comme les loyers sont chers, c’est pas la même population non plus. Les étudiants ont du mal à rester, les artistes aussi. Ceci dit, c’est quand même une très, très, très grande ville, très mixte, très mélangée. Donc, elle a aussi, elle garde quand même beaucoup d’avantages et de surprise et on ne peut pas non plus dire qu’elle est devenue conformiste ou qu’elle ressemble aux autres villes non plus.
Vous y vivez depuis 2010, la famille s’est agrandie depuis. Vous y êtes toujours, donc quand même, ça se passe bien, même si au final, ton activité autour de l’univers artistique a eu tendance à se tourner un peu vers la communauté des Français établis à Berlin. On parle environ d’à peu près 40 000 Français qui vivent dans la capitale. Tu fais encore des événements allemands, purement allemands, où tu participes. T’es la petite française parce que t’as un petit accent.
Exactement, je suis un peu la petite française, dès qu’il s’agit de faire des voix, de la chanson, des choses comme ça. Mais effectivement, le travail a fait qu’il y a eu une espèce d’appel vers la communauté française parce qu’il y avait beaucoup de gens qui avaient besoin de cours de musique ou de cours de théâtre en français, de chansons en français, de spectacles en français. Donc bon, au bout d’un moment, C’est devenu un peu une petite spécialité. Je ne suis pas la seule. Il y a d’autres Français qui sont artistes et c’est super d’ailleurs parce qu’il ne vaut mieux pas être les seuls en ces cas-là.
Plus il y a de personnes qui font ça et plus il y a des chances que l’activité se développe. Mais oui, ça s’est un peu spécialisé et il y a quand même aussi un beau réseau culturel ici avec l’Institut français de Berlin, le Centre entre Français de Berlin, des écoles, le lycée qui est super, une école de musique française. Il y a quand même pas mal de choses qui existent en français. On a de la chance. Je pense pas que ce soit pareil dans toutes les capitales du monde.
Là, il y a quand même une belle présence française qui vient aussi de l’histoire. Et ces Français expatriés, est-ce que tu penses qu’ils sont un peu différents des Français que tu retrouves soit dans la capitale, soit à Binal ? Ah oui, oui, oui. Les Français de Berlin, pour moi, sont vraiment différents. Alors, tu dis expatriés, je pense qu’on peut faire peut-être la différence entre les expatriés, effectivement, qui sont avec un contrat d’expatriation pour 3 ans, 4 ans, 5 ans, qui n’ont peut-être pas les mêmes objectifs.
Quand ils viennent à Berlin, ils viennent pour une mission et ils savent qu’ils vont repartir. Donc là, il y a peut-être encore un autre… un autre état d’esprit. Mais en tout cas, les Français que je connais qui sont depuis longue date à Berlin ou qui pensent rester, ça crée une communauté qui est très sympathique, très engagée, très ouverte. À titre d’exemple, les professeurs du lycée français de Berlin, j’en trouve énormément, qui sont très sympas, très attentifs aux élèves.
Et je pense que ça tient aux choix de la ville, en fait. Ça crée vraiment un univers, une communauté, on peut parler vraiment de communauté sympa, qui ne ressemble pas à d’autres endroits de France ou du monde. Et cette amitié franco-allemande, il faut dire que l’histoire entre nos deux pays a été quand même un peu douloureuse au XXe siècle. Au final, aujourd’hui, tu la ressens cette amitié ? Il y a quelque chose d’un peu privilégié entre nos deux peuples ?
Complètement et on a de la chance en tant que français, mais les Allemands sont très francophiles. Donc, par exemple, la chanson française, c’est carrément quelque chose qui a ici un aura énorme. C’est un atout. L’accent français aussi. Il y a vraiment la French touch qui est vraiment bien vue.
Et aussi, il y a beaucoup de choses qui se passent entre la France et l’Allemagne, grâce à cette amitié historique. Il y a l’offage quand même, l’Office franco-allemand pour la jeunesse, il y a plein d’échanges qui sont possibles, il y a des partenariats, il y a le Bürgerfonds, il y a vraiment des tas de choses qui existent entre la France et l’Allemagne, sur lesquelles on peut construire des bases, et je ne suis pas sûre que ça existe entre tous les pays. Donc oui, on a quand même de la chance de ce côté-là. Et est-ce qu’on entend des artistes français sur les médias allemands ? Parce que je t’avoue qu’en France, on n’entend pas beaucoup de chanteurs allemands.
Oui, c’est vrai que ce n’est pas forcément le cas dans l’autre sens. Mais ici, oui, carrément. Oui, on peut entendre des chanteurs français qui sont connus en France. Mais aussi, du coup, il y a pas mal, par exemple, de musiciens français qui exercent ici. Bon, on n’est pas non plus énormément, mais pour le fait qu’on est à l’étranger, il y en a pas mal qui arrivent à faire des concerts, à faire leurs albums et tout ça.
Donc, ça prouve qu’il y a un public. Amandine, merci d’avoir proposé l’histoire de ce parcours et de ta vie au quotidien. Une vie d’artiste assez plurielle parce qu’entre un petit coup d’accordéon, un peu de théâtre, monter sur scène pour un concert, c’est très varié. C’est très varié, ça je ne m’ennuie pas. En plus, je donne aussi des cours aux enfants.
J’ai des emplois du temps qui sont très complexes. Eh bien, en tout cas, on pourra te suivre à travers ton site Internet qu’on retrouve dans le descriptif de ce podcast. Et puis, au plaisir de te retrouver sur Français dans le Monde. Merci beaucoup. Merci.
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