Paloma Garcia, originaire d’un petit village en Espagne, Ciudad Real, est tombée sous le charme de la culture française grâce à la musique de Charles Aznavour que ses parents écoutaient. Après un Erasmus à Montpellier et un stage en France, elle a décidé de s’y installer définitivement. Professeure d’espagnol en ligne et créatrice de SICOPRENDO.NET, elle partage sa passion pour l’apprentissage des langues de manière naturelle et intuitive. Paloma incarne une véritable citoyenne du monde, vivant en Alsace avec son mari mexicain et leur enfant, tout en continuant à s’immerger dans différentes cultures.
Au cours de cet épisode, Paloma partage son approche unique de l’apprentissage des langues, qui met l’accent sur la compréhension et l’acquisition naturelle, semblable à la façon dont un enfant apprend sa langue maternelle. Elle discute également des défis et des richesses de la vie d’expatrié, soulignant l’importance de la communication interculturelle, notamment pour les familles touchées par l’expatriation. Paloma nous parle de son livre « Vocabulaire espagnol A1-A2 en mille mots« , conçu pour aider les francophones à faire leurs premiers pas en espagnol. Elle évoque aussi la possibilité d’une nouvelle aventure au Mexique, démontrant ainsi que la vie d’expatrié est une aventure sans fin.
Bienvenue dans 10 minutes, le podcast des français dans le monde pour aider tous ceux qui se préparent, qui vivent de près ou de loin la mobilité internationale. Je suis Gautier Saïs et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Paloma Garcia. On va parler de l’apprentissage de l’espagnol depuis Strasbourg. 10 minutes. 10 minutes.
Une espagnole qui tombe amoureuse de la France et cette envie de venir souvent sur la radio des français dans le monde en interview des expats qui ont eu envie de partir. On peut aussi avoir envie de venir. Bonjour Paloma. Bonjour Gauthier, comment ça va ? Très bien, merci.
Alors, je suis très heureux de faire ta connaissance. Tu as découvert la radio, tu l’as écouté, tu l’as apprécié. Tu apprécies notamment le fait d’entendre des expats qui ont des points communs, finalement, avec ta propre histoire, sachant que toi, tu es un patte. C’est ça, finalement, je ne correspond pas tout à fait au portrait des personnes qu’il y a l’habitude de recevoir dans les podcasts, dans le sens où je fais le chemin inverse. Je suis une Espagnole qui s’est installée en France.
Alors à la maison, en Espagne, tu es née dans un petit village au centre de l’Espagne, pas très touristique. À la maison, on ne parle pas spécialement le français, on ne connaît pas spécialement le français. Par contre, on l’écoute. Il y a du Charles Aznavour qui passe dans la maison. C’est ça.
Il faut savoir que les musiques, les classiques de la musique française sont quand même très appréciées par la population espagnole, au moins la génération de mes parents. Et j’ai bercé dans cette musique et c’est ça qui m’a fait tomber amoureuse du français. Donne-moi un peu le nom de ton petit village espagnol. Alors, c’est une ville qui ressemble à un village, finalement, qui s’appelle Ciudad Real. Elle se trouve dans la région du Quichote, où se passe toute l’histoire.
Et c’est une région, comme tu l’as très bien expliqué, peu touristique, mais qui, pour moi, mérite d’être connue comme tous les centres de l’Espagne, parce que souvent, les touristes vont rester sur la côte, alors qu’il y a plein de choses intéressantes à découvrir aussi à l’intérieur. Alors, je le disais, passion pour cette culture, passion pour la langue. Tu vas faire des études dans ce sens. Naturellement, tu vas te retrouver à faire un Erasmus en 2011, là où les Français rêvent d’aller à Barcelone depuis le célèbre film L’Auberge espagnole. Toi, tu as eu envie de faire l’inverse.
Tu es venu faire un Erasmus à Montpellier. Et puis ensuite, tu es revenu en 2013 avec la bourse Erasmus+. Tu avais une licence d’histoire en poche et tu as fait un stage dans un musée. L’envie d’apprendre, de partager cette langue. Tu fais ton CAPES et tu deviens prof en ligne.
Tu crées SICOPRENDO.NET. L’idée, c’est de permettre d’apprendre facilement l’espagnol, mais de façon, tu m’as dit, naturelle. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que je ne critique pas forcément les méthodes scolaires, je n’aime pas ces discours parce que j’ai été prof dans l’éducation nationale, je sais ce que c’est, les profs enseignent avec les moyens qu’ils ont et ils font un travail extraordinaire. En revanche, Moi, je m’adresse plutôt maintenant à un public adulte qui, parfois, est sorti de l’école, je ne dis pas traumatisé, mais c’est clair qu’avec un manque de confiance, parce que parfois on va un peu forcer l’expression, alors que la méthode d’acquisition naturelle des langues, cette approche, va mettre l’accent plutôt sur la compréhension.
Une fois qu’on comprend, comme un bébé qui apprend la langue, on est plus à mesure, petit à petit, d’acquérir la langue pour nous exprimer progressivement et de façon naturelle. C’est ça que j’aide maintenant à faire à mes étudiants avec des techniques qui sont respectueuses de ces processus d’acquisition naturelle des langues, mais avec la puissance de notre cerveau d’adulte. Alors apprendre l’espagnol aujourd’hui, c’est vital, notamment si, par exemple, on va devenir expat dans un pays où la langue est l’espagnol. Mais aussi, par exemple, on parlait des familles françaises qui sont touchées par le sujet de l’expatriation parce qu’un membre de leur famille va là-bas. Si on est parent et que son fils s’installe dans une nouvelle vie en Espagne, il aura peut-être un jour des enfants et faudra peut-être un jour parler espagnol.
Donc tout ça, c’est un public qui peut venir vers toi. Exactement, c’est une situation que je connais très bien déjà par mes situations d’expatriation parce que ma belle-mère apprend aussi le français et c’est notre expérience d’expatriation qui lui a donné envie de se lancer. Mais j’ai aussi beaucoup d’élèves en ligne dont les projets sont d’apprendre l’espagnol pour communiquer avec leur belle-famille, avec les parents de par exemple la copine de leur enfant. Et parce qu’il se projette déjà beaucoup, il s’est dit si un jour mon fils avait ses enfants, j’aimerais pouvoir communiquer avec mes petits-enfants. C’est quand même très important d’avoir une langue de communication parce que sinon on sent que notre famille s’éloigne encore plus.
Alors, tu as en effet eu un coup de cœur pour la France. Depuis 2013, tu y es. Et aujourd’hui, tout ça a évolué avec, en plus de l’amour pour la France, l’amour pour un bel, un beau Mexicain avec qui vous avez maintenant construit une famille, un enfant. Vous êtes une vraie famille multiculturelle, dis donc. Oui, et je pense que c’est vraiment le meilleur cadeau que l’expatriation m’a donné.
C’est l’effet de baigner dans plusieurs cultures à la fois. Je suis en Alsace, donc j’ai découvert une culture qui est à l’opposé de la culture espagnole, mais qui a plein de choses intéressantes. La culture française et maintenant, de par mon mari, la culture mexicaine. Et j’aimerais vraiment transmettre à mon enfant cette idée que finalement, on est citoyenne du monde. Alors tu m’as dit que c’était passionnant, mais en même temps que c’était aussi un défi.
Oui, exactement. C’est un défi très stimulant au quotidien, je trouve, parce que quand je pense que ça, c’est quelque chose qui intéresse beaucoup les personnes qui s’expatrient, c’est de, comme je l’explique toujours, rajouter une couche d’émotion à notre quotidien. Parce que sinon, c’est très facile quand on devient adulte de tomber dans une routine travail, maison. Voilà, le week-end, on fait quelques activités. Mais quand on s’expatrie, On est exposé à tellement de défis.
Rien qu’ouvrir un compte en banque, les appels téléphoniques, trouver un travail, se faire des amis. Tout devient plus difficile, mais tout devient aussi plus riche. Et on rencontre des personnes de plein d’horizons. Et pour moi, c’est une richesse. Même si je considère qu’on vit une vie en mode difficile, mais une fois qu’on rentre, pour ceux qui rentrent, ça peut manquer, je pense.
Alors aujourd’hui, tu as développé ton réseau. D’ailleurs, un certain nombre de personnes qui sont dans ton cas, qui sont expats aussi. C’est plus facile de s’entraider quand on connaît la situation que l’on vit ? Bien sûr, parce que personne d’autre ne peut compréhendir, personne d’autre ne peut comprendre. Cela dit, c’est très important d’aller vers les locaux pour bien s’intégrer.
Alors tu m’as dit, je suis bien installé, je suis bien en France, j’ai envie de rester. Puis là où les Français vénèrent toujours l’Espagne, son dynamisme, son temps, sa nourriture, sa culture. Toi, tu dis finalement, attention, c’est pas si fastoche que ça. L’Espagne, économiquement, c’est pas non plus le paradis. Tu vois, tu as un prisme un peu différent sur ton propre pays.
C’est ça. Souvent, je pense qu’on ne se rend pas compte aussi de la chance qu’on a. Et je comprends tout à fait cette envie d’évasion, cette envie du soleil. Et c’est sûr que l’Espagne est un beau pays. Les gens sont super sympas, arrangeants, ouverts.
Ça, c’est vrai. Mais tout n’est pas rose, malheureusement. Et c’est sûr que si on travaille pour une entreprise internationale, si on crée son entreprise à succès en Espagne, pourquoi pas ? On peut vivre vraiment une belle vie. En revanche, il faut le dire, pour les locaux, ce n’est pas toujours simple.
Et aujourd’hui que tu es installée depuis plus de dix ans en France, est-ce que tu te sens devenir française ? Est-ce que tu deviens râleuse, par exemple ? En fait, la demande des naturalisations est faite. J’attends juste la réponse de la préfecture. On verra quand ça tombe.
J’espère qu’ils écoutent ce podcast. Paloma, on va zoomer sur la sortie de ton livre « Vocabulaire espagnol A1-A2 en mille mots ». C’est sorti chez De Brocque Supérieur. Ce livre est important pour tous ceux qui veulent se lancer dans l’apprentissage de l’espagnol. Tout à fait.
C’est un très bon compagnon des voyages parce que c’est un format allégé. C’est un livre sous forme de carte mentale avec l’essentiel du vocabulaire pour faire ses premiers pas ou consolider ses vocabulaires de quotidien dont on avait besoin, notamment sur ses spas-tris. Alors aujourd’hui, ce livre est disponible et puis tu donnes aussi des cours en ligne. Psychoprendo.net, tous tes clients sont en ligne. Exactement.
Je fais à la fois des groupes et je fais aussi des suivis individuels. Qu’est-ce qui est le plus dur quand on est français et qu’on doit apprendre l’espagnol ? Les vocabulaires, ça paraît facile au début, mais finalement ça ne l’est pas. C’est pour ça que c’est important de consolider les vocabulaires de base. Et d’après mes élèves, ce qui est très dur aussi, c’est la conjugaison, parce que par exemple, on emploie plus des passés, notamment à l’oral, qu’en français.
Et bien sûr, la prononciation du R, ça reste… Le R, le fameux R. L’ennemi numéro un. En plus, c’est drôle, tu es à Strasbourg, qui a quand même une vraie âme allemande. T’as ton petit accent qui est resté, ton petit accent espagnol qui est toujours présent.
En effet, t’es une vraie citoyenne du monde, Paloma. Merci, je me considère comme ça. Aujourd’hui, je vis en France. Qui sait dans l’avenir ? Mais c’est vrai qu’aujourd’hui, je me plais bien.
Mais on ne sait pas à quoi la vie est faite. Et vivre au Mexique ? Pourquoi pas, je ne dis pas non, on verra bien. On verra bien ce que l’avenir nous réserve, parce que la vie est longue. Mais pour l’instant, je suis bien ici.
Et qui sait, peut-être qu’un jour, on va faire une interview depuis le Mexique, on ne sait pas. Pour information, je suppose que tu es déjà allé voir ta belle famille au Mexique. Tu as déjà vu un peu la vie là-bas. On n’est plus en Europe. Ça change fort.
Imagine-toi vivre là-bas. Ce sera encore un nouveau challenge. C’est clair et je pense que pour la plupart des Européens, les chocs quand on va en Amérique, c’est surtout ces styles de vie où on ne peut pas beaucoup marcher dans les rues, par exemple. La vie culturelle est aussi très différente. Les loisirs, la mentalité, il y a plein de choses qui changent.
Même si l’Espagne et le Mexique partagent une langue, la culture est très différente. En tout cas, Paloma, merci d’avoir répondu aux questions de la radio des Français dans le Monde. Je te souhaite le meilleur pour ce livre. Le lien pour pouvoir le trouver est disponible dans le descriptif du podcast. Belle journée à Strasbourg.
Merci de même. Vos podcasts sur la mobilité internationale sont sur fdlm.fr et sur YouTube en cherchant Français dans le Monde.