Dans notre dossier spécial proposé par « Français dans le monde », réalisé en partenariat avec Jardins de Naissance, Gauthier Seys explore cette question avec deux invitées spéciales, Anne Leclercq et Alissane Caron, qui partagent leur expertise et leurs conseils pratiques pour accompagner les futures mamans expatriées. Ensemble, elles discutent des moyens de surmonter les obstacles liés à l’éloignement familial et culturel, tout en assurant un suivi de grossesse optimal.
Anne Leclercq, sage-femme certifiée et consultante en allaitement IBCLC, réside à Austin, aux États-Unis, depuis 14 ans. Elle a su adapter ses compétences acquises en France aux exigences du système de santé américain. Sa sœur, Alissane Caron, est kinésithérapeute spécialisée en périnatalité et coach de Pilates, vivant en Guadeloupe. Ensemble, elles ont fondé « Jardins de Naissance« , une plateforme dédiée à l’accompagnement des femmes avant, pendant et après la grossesse, en mettant l’accent sur les besoins particuliers des expatriées.
Bienvenue dans 10 minutes, le podcast des français dans le monde, et bienvenue dans notre dossier spécial réussir sa grossesse à l’étranger. Je suis Gauthier Seys et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Anne et Alison de jardinsdenaissance.com. 10 minutes.
Vivre une grossesse est une vraie aventure humaine. Et quand on vit tout ça en plus en expatriation, la radio des français dans le monde a décidé de vous donner quelques petits conseils de ci de là avec des spécialistes. Et je me suis bien entouré. Aujourd’hui, il s’en part à notre opération. Anne Leclerc et sage femme, consultante en allaitement IBCLC et coach en observation des cycles.
Anne, bonjour. Bonjour ! On se parle, tu es à Austin, aux USA, où tu vis depuis quelques années. Depuis combien de temps ? 14 ans maintenant.
Et tu es arrivée aux USA en étant sage-femme ? Je suis arrivée en étant déjà sage-femme, oui. Et j’ai passé ma certification ici pour être sage-femme aussi ici aux Etats-Unis. Très bien, la fameuse équivalence, quoi. C’est ça.
Et puis direction le soleil de la Guadeloupe. D’ailleurs, on le voit, il est derrière toi, Alissane. Alissane Caron, tu es kinésithérapeute spécialisée en périnatalité et coach de pilates. C’est donc depuis les Antilles qu’on te retrouve. Bienvenue.
Merci. Et alors, vous êtes toutes les deux sœurs. Vous avez toutes les deux choisis des pays différents d’expatriation. On en parlait avant de prendre l’antenne. C’est facile pour les réunions de famille, tout ça.
Exactement. Mais la vision, c’est pas mal. C’est pratique. En tout cas, ça nous réunit aujourd’hui. Un mot sur Jardin de Naissance.
Vous avez toutes les deux constaté qu’il y avait des manques dans l’accompagnement avant, pendant et après la grossesse, notamment quand on vit en expatriation, d’où la création de cette plateforme jardindenaissance.com. Vous pouvez également passer par Instagram. Il y aura un accompagnement en ligne avec des programmes, des rendez-vous individuels. L’idée, c’est d’être là, de répondre aux questions, de connecter les mamans entre elles pour mieux traverser cette période. Exactement.
En fait, on s’est basé sur nos expériences perso et professionnelles. Et l’idée, c’est de voir comment les mamans, des fois, elles se sentent perdues. Et avec le chamboulement de l’accouchement, en fait, le fait de commencer en pré-natale, donc pendant la grossesse et d’avoir un accompagnement jusqu’en post-natale, ça permet une meilleure récupération. Et c’est ça qu’on a voulu créer avec Jardin de naissance pour allier à la fois mes connaissances, moi, physique et Anne, émotionnelle. Alors justement, sur l’émotionnel, sur le village postpartum, on a un podcast dédié que vous allez pouvoir retrouver dans ce dossier.
On va donc en parler ultérieurement. On va s’intéresser sur la forme physique aujourd’hui. Déjà, première chose, Alissane, c’est comme dans beaucoup de sujets qu’on aborde sur l’antenne de la radio. Quand on est bien préparé, ça se passe mieux. Il faut bien se préparer même avant.
C’est quoi? C’est quel type d’entraînement? Mais exactement, c’est comme si on parle souvent de se préparer au marathon de la grossesse ou ce genre de choses, mais en fait, c’est ça. Ce qui se passe, c’est qu’une bonne préparation, c’est comme quand on se fait opérer du genou, si on prépare son genou et qu’on le renforce avant, derrière, on a moins de problèmes en post-opératoire. Là, c’est pareil.
Alors, en fait, plus on va se préparer pendant sa grossesse, plus on va réussir à prendre conscience de son pérennier, savoir comment il fonctionne, plus après l’accouchement, qui va créer quand même un temps le traumatisme physique au niveau du périnée, même s’il n’y a pas de déchirure, ça abîme un petit peu, donc il va falloir le retrouver, le reprendre conscience et réussir à le protéger, surtout après, surtout pendant les 40 jours postpartum, parce qu’on dit souvent que Ces 40 jours postpartum, ils sont très importants. Et c’est pour ça que moi, j’interviens en clinique pour faire de la prévention, prévenir les mamans de comment faire attention à leur périmé pendant cette période. Ne pas porter plus lourd que le poids de leur bébé pour essayer d’avoir une meilleure récupération physique. Parce que même si on ne s’en rend pas compte maintenant, c’est à 60 ans, 70 ans où on va avoir des descentes d’organes, des diastasies avec des éventrations, des choses comme ça. Alors que si on les prévient d’ores et déjà dès l’accouchement, dès son postpartum, On a moins de séquelles comme ça.
Il faut toujours bien se préparer. Et ça, ce sujet-là, ça va dans un peu tous les domaines. Ensuite, il y a l’accouchement. Là, on peut évoquer peut-être, Anne, le sujet, le plan 555 que tu m’as annoncé, que j’ai découvert. Qu’est-ce que c’est le 555?
Le plan 555, c’est vraiment la récupération en tant que sage-femme, c’est vraiment la récupération postpartum juste après l’accouchement. C’est à dire que l’accouchement, on parle de marathon de grossesse, le marathon de l’accouchement, parce que l’accouchement, c’est vraiment sur un moment précis. Mais après, il faut récupérer et la récupération, ça va être cinq jours dans le lit, cinq jours sur le lit, cinq jours autour du lit. C’est pour vraiment cibler l’activité que la maman doit faire. En fait, elle doit être vraiment focus sur récupérer de son marathon de la grossesse et marathon de l’accouchement et récupérer pour son corps et découvrir son bébé.
Et c’est le moment où le conjoint doit courir partout, il doit tout faire parce que la maman, elle doit rien faire. C’est ça. C’est ça. Et puis rassurez-vous, ça ne dure pas non plus très, très longtemps, mais c’est important de récupérer. Et même dans cette période, on peut stimuler la cicatrisation.
Oui, moi ce que je conseille beaucoup aux mamans qui viennent d’accoucher, c’est par exemple de travailler sur leur respiration. Alors le mieux, c’est que si on l’a travaillé en amont, mais le jour même, c’est vraiment d’inspirer tranquillement, souffler en rentrant le ventre et en retenant une légère envie de faire pipi. Pourquoi ? Parce qu’en fait, les deux, le transvers, c’est le muscle qui entoure l’abdomen et le périnée sont deux muscles qui contractent en même temps. On parle de co-contraction.
Et l’idée en fait c’est de retrouver un tonus de base parce que le transverse a été distendu, c’est le mus de l’abdomen qui a été distendu par la grossesse, et le périnée généralement par l’accouchement. Et ça il faut le savoir parce que ça se passe même par césarienne, le périnée est légèrement distendue par des hormones, par tout ça. Donc l’idée c’est vraiment de retravailler cette co-contraction, et ce que je conseille beaucoup aux mamans qui viennent d’accoucher, quand je les vois notamment à la maternité, c’est de venir souffler, rentrer le ventre et revenir une légère envie de faire pipi. Mais par contre, c’est toujours en dehors des toilettes, donc c’est-à-dire au repos, allongé dans un lit, ce genre de choses. Et aussi, c’est de le faire juste pour reprendre conscience, en fait, parce qu’il faudra arriver à retrouver cette contraction-là et cette coordination-là qu’on a souvent perdue de par la grossesse et l’accouchement.
Alors, dans cette première phase, on y va mollo. Ensuite, un peu plus de tonicité, peut-être, dans le renforcement. C’est ça. En France, on commence la rééducation périnéale à 6 semaines post-accouchement. On se rend compte avec les études que si on commence plus tôt, c’est généralement mieux.
On peut commencer entre 3 et 4 semaines post-accouchement. Mais ça va être toujours pareil, ça va être de se protéger et de toujours gagner entre les deux muscles et retravailler son transverse périnée parce que sinon, en fait, si on ne travaille qu’un périnée, derrière, ça ne va pas non plus et on peut continuer à avoir des fuites pendant des mois et des mois. Moi, j’en ai des mamans qui arrivent et qui me disent mais j’ai fait 20 séances et ça ne va toujours pas. Et quand je les vois, en fait, elles n’ont pas travaillé leur transverse en même temps. Et donc, en fait, c’est des séquelles qui durent et qui durent et qu’il ne faut pas.
Alors Alison, nos auditeurs sont aux quatre coins du monde. Ce que tu viens de nous dire, ça fonctionne pour toutes les mamans qui ont accouché. Coutte, non, on n’a jamais eu un remède miracle pour tout le monde. Par contre, oui, travaille sa respiration. L’exercice-là que je donne de base, je le donne à toutes les mamans, même les césariennes, parce que justement, ça permet aussi de protéger la cicatrice et de venir moins appuyer sur la cicatrice.
Mais par contre, après, c’est spécifique à chaque maman. C’est pour ça que Nous, on a toujours des rendez-vous individuels pour pouvoir parler des problématiques de chaque personne, pour que ce soit vraiment personnalisé et adapté. Parce que, par exemple, des mamans qui viennent me voir et qui me disent, mais moi, je ressens une lourdeur dans mon périnée. Je ne vais pas traiter de la même façon qu’une maman qui me dit, moi, j’ai eu des points et j’ai mal à mes points. Ça va être vraiment différent, mais ça, il faut s’adapter au cas par cas.
Et justement, c’est peut-être à ces moments-là où on n’a pas forcément la famille, les amis sous la main, qu’avoir un accompagnement avec les équipes de jardin de naissance, c’est ne pas être seul, finalement. Exactement et c’est surtout des professionnels qui vont vous répondre parce que moi j’en ai marre d’avoir des gens qui arrivent et qui me disent ah ouais mais moi ma grand-mère elle faisait le stop pipi et du coup on allait aux toilettes on arrêtait notre jet d’urine et en fait ça c’est pas ok. Ça ou alors j’ai vu sur Instagram. Ah oui c’est ça et on vient avec des fausses croyances et tu te dis mais oh là là c’est pas possible et ça nous fait perdre limite plus de temps que ce que ça nous en fait gagner. On va parler avec Anne dans un autre podcast de la partie Postpartum, qui peut être psychologiquement une période plus difficile.
Est-ce que dans tous les cas, il faut quand même prendre du temps chaque jour pour son corps, pour son état physique ? Même si on est mal dans sa tête un peu, par exemple. Ça, c’est sûr. Déjà, travailler son corps, ça permet aussi d’être mieux dans sa tête. Et vraiment, moi, j’ai beaucoup de mamans qui arrivent et qui me disent « oui, mais moi, je me sens flasque, je ne me sens pas bien ».
Et en fait, le fait de refaire des petites choses un peu tous les jours sans jamais trop se fatiguer, ça leur fait du bien, à la fois émotionnellement et à la fois physiquement. Et c’est pour ça qu’aussi il faut se protéger. L’exercice que je donnais au début où il faut souffler, rentrer le ventre, retenir une envie de faire pipi. Moi, je leur conseille aussi quand elles vont ramasser quelque chose à terre, surtout s’il y a les grands à la maison et qu’il faut ramasser des jouets, des choses comme ça. Je leur dis toujours en fait, il faut se protéger et en se protégeant, ça ira mieux et il y aura moins de problèmes de dos, de choses comme ça.
Nos auditeurs sont dans le monde entier. Il y a des endroits où il fait plus ou moins chaud. Est-ce que, par exemple, la chaleur peut rendre cette période ? Déjà physiquement, quand il fait très chaud, le corps est accablé. Est-ce que la chaleur peut être un problème à ce moment-là ?
Est-ce qu’il y a des points de vigilance selon les endroits où on se trouve dans le monde ? Pas vraiment, par contre, il y a des techniques différentes. Moi, j’aime bien apprendre les techniques, par exemple, ribozo, des choses comme ça, ou faire du resserrage de bassin. Ça, c’est des tips à prendre des autres cultures. Après, concernant vraiment la chaleur ou pas, non, je dirais peut-être plus sur la cicatrisation.
Je sais qu’ici, nous, on est quand même dans un climat humide et du coup, on fait très attention aux cicatrices de césarienne ou aux épisio qui sont mal cicatrisées. Et je pense que c’est dû aussi parce que le climat est plus humide et que ça macère un peu plus. Mais sinon, à part des problèmes de… de rétention d’eau qu’on pourrait garder avec la chaleur. Alors du coup, moi, j’interviens parce que la chaleur, si ça peut impacter, si on ne boit pas assez, c’est l’hydratation et la rétention d’eau.
En fait, c’est aussi un problème d’hydratation. C’est qu’il faut vraiment boire beaucoup et boire beaucoup d’électrolyte aussi pour équilibrer son taux de fluide. Et ça va impacter surtout parce que si t’es déshydraté, ça peut impacter aussi. Donc tes douleurs, ça va augmenter ton taux de douleur, ça va impacter aussi la montée de lait, la production de lait pour l’allaitement. Donc la chaleur pour moi, parce qu’ici Austin, il peut faire très chaud aussi l’été.
Je peux t’assurer que l’hydratation, c’est primordial. C’est important. Et pour terminer, Alissane, on parle d’un retour à la normale. À quel moment ? Il y a des femmes qui aiment bien que les choses soient très planifiées.
Est-ce qu’il y a vraiment une période où on se dit, allez, c’est feu vert. Si je suis sportif, je peux reprendre des footings, etc. Alors il n’y a pas honnêtement, il n’y a pas de reprise. On ne peut pas dire aller à trois mois passe par tome, tu peux y aller. C’est OK.
Ça va dépendre vraiment. C’est vraiment ça dépend du cas par cas. Moi, ce que je mets en place, c’est surtout des signaux d’alerte où je dis aux mamans, par exemple, si tu sens une pesanteur dans ton bassin, on s’arrête. C’est que ton périnée n’est pas encore suffisamment bon. En fait, je les laisse un peu écouter leur corps et je leur apprends à repérer les signaux d’alerte en fonction de ce qu’elles ont pour se dire que là, c’est trop et qu’il faut s’arrêter.
Il faut savoir aller jusqu’à être bien, vraiment bien, comme votre slogan le précise. Merci, mesdames. Belle journée. Merci. Retrouvez notre dossier spécial Réussir sa grossesse en expatriation sur fdlm.fr.
Dossier parrainé par Jardin de naissance. Bouger, respirer, se reconnecter. Jardin de naissance t’accompagne. De la grossesse au poste partum, pour être bien. Vraiment b’sin.