Vous allez plonger au cœur d’une nouvelle histoire inspirante. Bienvenue dans 10 minutes, le podcast des français dans le monde. Je suis Gautier Saïs et j’ai le plaisir de passer 10 minutes avec Didier Pujol, direction Hong Kong.
C’est l’histoire d’un homme qui aime raconter des histoires. Ça tombe bien, il y en a plein à raconter. Il est positionné à Hong Kong, mais pilote également les éditions de Shanghai et de Pékin. Bonjour Didier. Bonjour Gauthier.
Ce sont des retrouvailles, puisque en juillet 2021, nous échangions déjà sur cette antenne et on suivait d’ailleurs les trophées de Hong Kong. Donc c’est des retrouvailles aujourd’hui. Absolument. Depuis, nous avons aussi les trophées à Shanghai et d’autres événements. Je suis très heureux de reprendre ce contact.
Alors on va faire le point justement déjà sur ton parcours puis sur le travail réalisé aujourd’hui sur la zone Asie. Toi tu es originaire du sud, tu es né à Lyon mais normand d’adoption. Tu vas y faire tes études à Rouen en école de commerce et là tu vas te lancer dans plusieurs métiers, informatique pour commencer, événementiel également, ce qui va te servir finalement un peu plus tard. Jusqu’à ce qu’en 2010, tu décides de suivre ton épouse qui a un boulot en Chine. Tu deviens la remorque à ce moment-là.
Oui, c’est pas très élégant, mais c’est tout à fait ça. Donc, une belle occasion comme pas mal de couples aujourd’hui de changer de vie à l’occasion d’une mutation professionnelle pour l’un des deux membres. C’est mon cas. Et donc, ce sont les Américains qui appellent la remorque le conjoint suiveur. Ouais, c’est pas joli.
Un trailing pose, ils appellent ça. C’est terrible. En Chine, on appelle ça les gaïtaï. Les femmes s’appellent les taïtaï, ça veut dire femme. Et les gaïtaï, c’est la version masculine.
C’est plus rigolo, un peu plus snob. Arrivé sur place, tu vas profiter de développer le côté guide culturel parce que tu as une passion pour l’histoire. C’est d’ailleurs à cette occasion que tu vas rencontrer les équipes du Petit Journal pour commencer à communiquer sur ton travail dans les pages. Tout à fait. C’est à Shanghai que j’ai commencé à d’abord lire le petit journal et ensuite l’utiliser pour faire la promotion des tours guidées que je faisais sur la ville, sur l’histoire et l’architecture.
Donc à l’époque avec la rédactrice en chef qui s’appelait Marie-Ève Richet. Et beaucoup d’articles sur les découvertes, sur les bons plans. Finalement, c’est la pâte du petit journal que j’ai repris depuis, mais avec une autre cascade. En 2017, justement, vous déménagez sur Hong Kong et là, tu vas pleinement t’investir dans l’édition à en devenir le rédacteur en chef, le petit journal Hong Kong. Alors, un petit focus sur Hong Kong, si tu veux bien.
Ça a beaucoup évolué ces dernières années. On a eu la crise Covid, on a eu l’écho de grands départs de Français sur place. Aujourd’hui, tu m’as dit que tout ça s’était stabilisé, voire il y avait des nouveaux arrivants. Oui, tout à fait. La période du Covid est passée.
Alors, on ne reviendra sûrement pas aux effectifs pléthoriques qu’on avait sur Hong Kong il y a 15 ans, avec peut-être 15, 20.000 Français sur place. Aujourd’hui, on est plus proche de 10.000. Mais le lycée français fait carton plein, donc avec deux campus. Donc, c’est plutôt une bonne nouvelle. Et on voit presque tous les mois s’implanter des nouvelles entreprises avec leurs quotas de français, de créateurs d’entreprises.
On a également un programme de VIE qui fonctionne bien, donc très souvent les jeunes qui viennent dans le cadre de VIE s’installent. Et pour nous, pour le journal, on a aussi tous ces étudiants qui font des échanges, qui contribuent à notre équipe pendant six mois pour la plupart et qui amènent un œil neuf. Tu expliquais qu’au niveau économique, les entreprises avaient tendance à s’implanter en même temps, un peu à Hong Kong, un peu à Singapour, un peu à Taïwan, c’est-à-dire de pouvoir être flexibles. Oui tout à fait, c’est vraiment le grand changement des années post-Covid. Les grands groupes aujourd’hui sont très prudents, ils savent qu’une catastrophe, un grand événement, et on le voit en ce moment avec les tensions avec les Etats-Unis ou la guerre en Ukraine, donc il y a beaucoup de paramètres qui sont difficiles à maîtriser.
Ce qui fait que pour minimiser les risques, ils installent une partie de leur personnel un petit peu partout dans plusieurs pays en Asie. On a des grands groupes de luxe qui s’installent sur deux pattes. Une patte à Singapour, une patte à Shanghai. On en a d’autres qui sont à Taïwan et à Hong Kong. On a de plus en plus rarement des sièges qui, à partir d’un seul site, se pilotent toute l’Asie.
Aujourd’hui, vous êtes sept rédacteurs dans une équipe qui notamment anime des articles, mais aussi un événement important, les trophées. D’ailleurs, c’est à cette occasion qu’on avait échangé en 2021. Le rendez-vous des trophées, c’est important parce que justement, ça montre toute la richesse qu’ont les francophones sur cette zone du monde. Oui exactement, on a commencé quand on avait parlé ensemble vers les années 2020-2021 à faire un trophée local, la déclinaison des trophées Les Français de l’étranger qui existe maintenant depuis une quinzaine d’années à Paris. Une version locale qui permettait justement dans cette période difficile de mettre en avant les entreprises inspirantes, les entrepreneurs inspirants, Donc ça a été un bon moyen pour resserrer la communauté et depuis les gens y ont pris goût donc on en doit en mettre à la 4 ou 5e édition qui aura lieu sur Hong Kong au début novembre, le 4 au soir.
Et on a même fait des petits depuis, puisqu’on a fait notre première édition à Shanghai en fin d’année dernière et elle sera reconduite cette année. Donc les trophées, c’est vraiment quelque chose qui fédère la communauté, qui crée un lien avec le journal qui est différent. Et on sert réellement à mettre en lumière des profils. On est parfois accélérateur ou on ramène de la valeur d’estime pour des entrepreneurs qui travaillent beaucoup. Justement, un mot sur cette communauté française.
Est-ce qu’elle se réunit ? Est-ce qu’elle se rassemble ? Est-ce qu’elle vit dans le même quartier ? Comment ça se passe ? Bonne question.
Ça change aussi. Par le passé, je pense qu’on avait deux types de Français sur Hong Kong. Ceux qui restaient proches du centre pour être près des centres financiers. Puis ceux qui s’expatriaient un petit peu plus loin dans les îles. La particularité du territoire, c’est qu’on a des des belles plages mais aussi 300 îles ce qui permet de vivre en ville et à la campagne en même temps.
Et aujourd’hui par la création d’un nouveau campus au nord dans les nouveaux territoires et puis l’attraction de la Chine continentale aussi qui va conduire à créer une nouvelle métropole au nord de Hong Kong. De plus en plus de Français s’installent près du nouveau campus à Tsunkuano, qui devient une espèce de French Town, une nouvelle French Town. Mais à chaque fois qu’on se rencontre, on voit que les gens ont des habitats de plus en plus dispersés. C’est assez intéressant à voir. Il n’y a plus un seul type de Français.
Il y a vraiment autant de types que de personnes. Alors, on va se décaler légèrement. Depuis l’année passée, tu as repris l’édition de Shanghai. Il y a à peu près 6000 Français recensés sur cette zone, beaucoup d’universités, un dynamisme qui fait que tu t’es occupé aujourd’hui de cette édition à distance. avec une équipe de cinq personnes.
Shanghai est plus dynamique que Pékin, qui est la capitale, que tu as repris également il y a quelques mois et qui est en développement. Comment on peut expliquer que ça soit plus dynamique et qu’il y ait plus de Français à Shanghai qu’à Pékin ? Shanghai c’est le poumon économique de la Chine, c’est la ville la plus importante en production, en PIB, donc ça a toujours été le cas. Pékin joue un rôle de capital administratif et politique, il y a peu d’entreprises qui prospèrent, donc l’historique de Shanghai c’est celle d’un grand port comme Hong Kong. Aujourd’hui, le rôle de Shanghai est un tout petit peu plus modulé que par le passé, puisque le développement de la Grande-Baie, en particulier autour de Shenzhen, se concrétise.
C’est à compenser la taille de Shenzhen par un réseau d’une dizaine de villes, toutes connectées entre elles, avec un passé manufacturier aussi. Mais voilà, donc il y a beaucoup d’entreprises qui sont souvent sur Shanghai, parce que c’est là qu’on décide. C’est là que se font les affaires. La plus grande foire d’importation de Chine se situe tous les ans à Shanghai. Les grands groupes internationaux y sont.
Il y a une zone qui permet de détaxer, donc beaucoup de facilité pour les étrangers. Et les entreprises qui s’abriquent, elles sont souvent soit dans le bassin du Yangtze, soit sur le sud de la Chine, où on sait C’est l’équivalent de la Silicon Valley, donc énormément de nouvelles technologies, notamment on parle beaucoup des véhicules électriques, une grande partie de la production se fait là, on parle aussi des véhicules volants, des taxis volants, toutes les nouvelles technologies se font dans le sud. Didier, comment on regarde ce nouveau monde qui évolue à toute vitesse en ce moment, lorsqu’on est français sur la zone Asie, qui est une zone puissante, un peu perturbée par les dernières décisions américaines ? On a un regard qui est fortement différent de celui qui est ambiant en tous les cas en France, parce que l’Europe est vraiment au carrefour de ces changements sans avoir réellement aujourd’hui repris un rôle décisif, alors que la Chine est au centre des préoccupations d’ailleurs des Américains, de l’Europe, c’est le pays qui se développe le plus dans le monde en pourcentage, avec un taux de croissance de plus de 5%, donc ce n’est pas énorme, ce n’est pas les 10% qu’on a connus, mais c’est quand même bien supérieur à la moyenne mondiale. Donc ça reste quand même un pays très fort, très solide.
Et puis les tensions avec les États-Unis finalement ont été une chance pour la Chine qui s’est réindustrialisée, qui a réinternalisé un certain nombre de technologies. On le voit avec les téléphones portables qui pouvaient être éventuellement dépendants des GAFA américains et qui aujourd’hui s’en sont complètement détachés. Les cultes sont désormais gravés complètement en Chine avec des performances comparables à ce qu’on trouvait chez les Néerlandais ou les Taïwanais. On voit finalement les passages des différentes crises avec intérêt, mais la Chine ne s’écroulera certainement pas sous là. Il y en a d’autres qui vont boiter bien avant et ce n’est pas le cas de la Chine.
Et de là où tu es, tu regardes la vieille Europe. Est-ce qu’elle est de plus en plus vieille ? Est-ce qu’elle a du mal justement à réagir face à ce nouvel ordre mondial ? C’est un peu facile quand on est à distance de porter des jugements, c’est pas à moi de le faire, je suis pas dedans, mais effectivement la morosité ambiante qui ressort en tous les cas des médias français, c’est pas ce qu’on a par ici, donc il y a pas mal de raisons d’espérer en tous les cas pour la zone asie, sur l’aspect les manufacturiers et usiniers sur les technologies. Plus de 95% des brevets mondiaux aujourd’hui sont déposés par les Chinois, que ce soit sur l’espace, sur la médecine, sur les technologies nouvelles.
Ça veut dire quelque chose. Ça veut dire qu’ils sont en train de préparer un futur.
La question reste de la masse. C’est un pays important, il faut faire manger les ressortissants. Si les pays se ferment avec des barrières douanières, il y a moins d’exportation possible. Mais en même temps, ça fait maintenant 10 ans que la Chine a développé ses nouvelles routes de la soie, des réseaux d’alliances qui se concrétisent. Étonnamment, avec des pays qui étaient des anciens alliés des États-Unis, comme la Corée du Sud ou le Japon, c’est manifestement la bonne voie.
On ne peut pas s’enfermer et espérer garder des monopoles comme ça. C’est le cas pour les États-Unis, avec leur devise en particulier. Normand d’Adoption, est-ce que de temps en temps, le camembert te manque ou est-ce que tu en trouves à Hong Kong ? On en trouve beaucoup, mais je dois faire attention à ma ligne, donc j’ai commencé à éviter le camembert, je me suis mis au soja. Ça n’a rien à voir, mais c’est moins français.
Par contre, je n’abandonne pas le vin, donc français avant tout. Et un camembert, ça coûte combien à Hong Kong ? Alors ça coûte relativement cher parce qu’effectivement il subit des passages douaniers importants. Je saurais pas te donner le prix, mais on est à peu près au double de ce que tu vas le trouver dans ton supermarché local. Très bien.
En tout cas, bois un verre à la santé du partenariat entre Le Petit Journal et la radio des Français dans le Monde. Content de t’avoir rencontré ce jour. Tu salues toutes les équipes locales et à bientôt. À très bientôt. Merci Gauthier.
Vous écoutez la voix des expats.