Claudia Castellanos, lauréate du Trophée des Français de l’étranger, est une ancienne élève des lycées français du monde, ce qui explique sa maîtrise impressionnante de la langue française. Originaire de Colombie, elle a parcouru le monde pour ses études et sa carrière, passant par la France, l’Espagne et l’Italie avant de s’installer en Eswatini. Son éducation française lui a non seulement permis de maîtriser plusieurs langues, mais aussi d’acquérir une ouverture d’esprit qui l’a aidée à s’adapter à des cultures diverses et à saisir des opportunités uniques.
Dans cet épisode, Claudia Castellanos raconte comment sa quête de sens l’a conduite à s’engager dans le volontariat en Eswatini, où elle a découvert une passion pour le développement social et l’entrepreneuriat. Elle a cofondé Black Mamba, une entreprise spécialisée dans les sauces piquantes, qui allie saveurs audacieuses et impact social positif. En collaborant avec des agriculteurs locaux, Claudia a réussi à créer une marque exportée dans plusieurs pays tout en soutenant le développement durable. Cet épisode met en lumière comment une vision personnelle peut se transformer en une aventure entrepreneuriale réussie et inspirante.
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Le podcast. J’adore ce métier parce que il y a dix minutes, je ne connaissais pas ce pays qui existe pour du vrai. On va y aller retrouver Claudia, notre invitée, dans le cadre du Trophée des Français de l’étranger organisé par le Petit Journal. Claudia a gagné, mesdames et messieurs, s’il vous plaît, le Trophée ancien élève des lycées français du monde remis par l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger, l’AEFE. Bonjour, Claudia.
Bonjour Gauthier, merci de m’avoir aujourd’hui ici. Je suis très contente d’être ici. Alors je suis très content d’échanger avec toi. On va parler de plein de sujets. Commençons quand même par l’Eswatini.
C’est un pays d’Afrique centrale, un petit pays avec à peine un peu plus d’un million d’habitants. Jusqu’en 2018, ça s’appelait le Swaziland et ça a changé pour le cinquantième anniversaire. Comment t’as fait pour te retrouver dans un pays que je savais même pas qu’il existait ? Moi, c’est la même chose. Je ne savais pas qu’ils existaient avant que je sois venue ici.
Mais l’histoire courte est que quand j’ai tourné 30 ans, j’ai eu une crise d’immortalité, je pense, et de savoir qu’est-ce que je fais dans le monde. Je ne me sentais pas très à l’aise dans mon rôle du pays développé parce que j’étais en Italie en ce moment. Alors j’ai décidé, je veux trouver quelque chose qui fasse quelque chose de bien dans le monde. Alors j’ai commencé à trouver, à chercher des options de volontariat et on m’a appelé, on m’a dit c’est une très belle option de volontariat pour aider une entreprise sociale au Swaziland. Et j’ai dit bon alors, est-ce qu’on peut voir où est-ce que le Swaziland il est placé ?
J’ai vu c’était en Sud-Afrique, l’Afrique du Sud par l’Afrique centrale. Et puis j’ai dit bien sûr, je pars en Eswatini, au Swaziland pour faire mon volontariat. Super, c’était il y a 12 ans. Visiblement, tu as bien aimé. Oui, bien sûr, parce que j’étais…
Je devais être ici pendant quatre mois. Ah oui, donc c’est un peu plus long. Alors, on va revenir au début de l’histoire. Tu es d’abord colombienne, d’où ce petit accent magnifique. Et alors là, les auditeurs se disent, mais comment Claudia fait pour parler aussi bien le français ?
Parce que tu es allée au lycée français à Bogota. C’est tes parents qui voulaient que tu ailles au lycée français. Oui c’est ça, j’ai commencé l’école à 4 ans au lycée français de Bogotá et je pense qu’en ce moment beaucoup de colombiens veulent que leurs enfants apprennent une autre langue. On a déjà cette culture de pouvoir aller dans d’autres pays, de voyager et il y a beaucoup d’options, il y a des options pour apprendre. dans l’anglais, dans l’école anglaise, dans l’école italienne, l’école allemande.
Mais mes parents, ils ont toujours voulu cette culture française, d’apprendre à penser, d’être très ouvert. Et ils ont décidé pour moi. Mais je suis très contente de ce qu’ils ont décidé parce que j’aime, j’adore parler français. Je suis très, très à l’aise avec la culture française. Et là, tu parles très bien français avec moi, bien qu’au quotidien, tu pratiques très peu, tu lis et tu regardes la télé en français.
Mais sinon, dans la vie de tous les jours, ça t’arrive rarement. Bon ça peut dire que l’école et l’éducation française c’est très très bon parce que après ça fait combien de temps que j’ai sorti de l’école ? Beaucoup, je ne peux même pas compter. Mais j’arrive encore à communiquer en français et mon français n’est pas très bon quand je parle mais j’arrive toujours à comprendre tout et j’adore lire en français comme tu dis, voir la télé et tout. Alors évidemment tu parlais colombien, le colombien c’est une espèce d’espagnol mais alors on va pas le dire aux espagnols qui nous écoutent, tu trouves que c’est un espagnol qui a plus de saveur ?
C’est pas moi seulement qui dis ça, c’est l’espagnol. C’est l’espagnol latino-américain. Je pense qu’on en peut plus de savoir. C’est la même chose, par exemple, quand on écoute les Africains qui parlent français en Afrique, il y a quelque chose qui vient du pays, du continent. Et ça le fait un peu plus spécial, je peux dire.
Mais on ne le dit pas aux Espagnols. On ne le dit pas. Et puis aujourd’hui, tu parles principalement en anglais. C’est ça maintenant, à l’Eswatini, il y a une langue de l’Eswatini qui s’appelle Siswati, mais c’est très difficile d’apprendre parce qu’il n’a rien à voir avec les langues qu’on connaît. Pas avec l’anglais ou l’italien que je parle aussi, ou l’espagnol, alors c’est très difficile, mais presque tout le monde parle l’anglais, alors c’est facile de pouvoir vivre et travailler en anglais aussi.
Alors comment on dit bonjour quand on croise quelqu’un qui vit en Eswatini ? Ça, je peux bien le dire. On peut dire « Sawubona », ça veut dire « Comment allez-vous ? » et tu peux répondre « Unjani » qui veut dire « Je vais bien, comment vas-tu ? » « Sawubona, yebu, unjani, niapila » C’est la manière dont on peut dire « Bonjour, comment ça va ?
» « Ça va bien et toi ? » Très bien, comme ça, je le note. On ne sait jamais si j’arrive en Eswatini dans les prochains mois. Tu dois venir visiter à ce moment-là. Alors après le baccalauréat, tu vas partir en France.
Tu vas voir la France. T’étais contente de voir la France parce que tu avais appris le français. Et là, t’es allée où en France ? T’as vu Paris ? À Paris.
Je suis allée à Paris pendant six mois. J’ai vu un peu de Paris. J’ai fait un peu de tous. Puis je suis retournée chez moi en Colombie. Et après, je suis allée en Espagne pour faire mon master MBA.
Et puis de là, je trouvais un travail en Italie. Alors je suis allée en Italie travailler pour Danone. Alors après avoir travaillé chez Danone, tu as 30 ans, tu as donc la crise de la trentaine, tu veux avoir un peu plus de sens dans ta vie et faire quelque chose pour la planète, pour les gens. Tu me dis que c’est une citation qu’on donne de Gandhi mais qui n’est pas de Gandhi. En gros, soit le changement que tu veux faire toi-même dans le monde, passer à l’action quoi.
C’est ça ? Absolument. Et donc là, tu choisis le volontariat qui t’emmène dans un endroit du monde que ni toi ni moi, nous savions que ça existe. Et là, tu vas rencontrer Joe. Alors, j’ai rencontré mon mari maintenant.
À ce moment-là, il n’était pas mon mari, mais j’ai trouvé Joe et je l’ai connu la première semaine que je suis arrivée ici. Puis, on a commencé à sortir ensemble et j’avais déjà un travail, je faisais mon volontariat, j’avais un très beau travail. On est dans cette entreprise artisanale. Et je voulais faire quelque chose de plus au développement, mais je ne savais pas vraiment quoi faire. Et puis, il m’a raconté qu’un jour, il a fait une sauce piquante parce que lui, il est passionné du piquant.
C’est une chose incroyable. Il est obsédé plus que passionné. Et alors, il m’a dit qu’il avait un jour créé cette le, comment est-ce qu’on dit, brand, marque, appelé Black Mamba, mais il n’a rien fait avec ça. Alors moi, j’ai eu un moment de ce « aha » et j’ai dit, avec ce nom, à niveau de marketing et de marques, on peut faire quelque chose de très intéressant comme une sauce piquante. Et puis j’ai dit, et je puis employer toutes les choses que j’ai apprises en faisant du volontariat, pour voir un réseau d’agriculteurs, pour voir un, comment est-ce qu’on dit, une base sociale de, à l’environnement plus fort avec une marque qui peut être, comment on dit, fun de jouer, qui peut être intéressante, amusante.
C’est ça qu’il faut faire. Ça s’appelle Black Mamba. Alors attention, parce que nous, quand ça pique déjà un tout petit peu, on trouve que ça arrache. Alors à mon avis, toi, tu dois avoir des sauces extrêmement piquantes. Non, tu sais ce qu’on a voulu dès le début, je pensais moi je veux pas faire des sauces qui peuvent tuer des personnes.
Alors tu vois le Black Mamba, c’est le serpent le plus vénomeux de l’Afrique et un des plus dangereux au monde. Mais je dis moi, on est très dangereux au niveau de saveur, même pas de piquant. Alors tu vois, notre sauce piquante, elle va de très très douce à extrêmement piquante. Alors on peut trouver aussi des choses qui peuvent être bonnes pour les Français. Très bien, parce que c’est vrai que nous c’est un peu moins dans la culture française de manger très relevé, mais il y a plein d’endroits dans le monde, en Asie, où on peut manger très très piquant et je sais pas comment certains êtres humains font pour manger aussi piquant, mais en tout cas ça peut être extrêmement bon.
Et donc du coup aujourd’hui, on trouve Black Mamba où ? Comment on peut acheter vos produits ? Black Mamba est dès le début un produit d’exportation parce que le Swaziland est un très petit pays, on a seulement un million de personnes. On a décidé de faire un produit de qualité, un produit qui soit très bon à voir mais aussi obviously à goûter.
Donc, maintenant on peut trouver Black Mamba aux États-Unis, en Allemagne, en Taïwan, par exemple, en Asie. C’est un très bon marché. On peut trouver aussi Black Mamba en Norvège, à la Norvège. Je pense que c’est au Royaume-Uni. Ce sont les pays principaux.
Pas encore ! On va changer ça ! En tout cas, tu es une publicité vivante pour les lycées français dans le monde parce que je trouve que ton français est absolument délicieux pour quelqu’un qui encore une fois ne le pratique pas tous les jours. Tu recommandes d’aller dans les lycées français ? C’est un endroit où tu as des bons souvenirs ?
Absolument ! J’ai les meilleures mémoires du monde au lycée français. Je pense qu’il y a quelqu’un qui m’a demandé l’autre jour, qu’est-ce que ça te porte, la culture française? Pour moi, il m’a porté d’ouvrir des portes de partout, de pouvoir aller en France et parler en français. C’est une ouverture, c’est apprendre quelque chose de complètement nouveau.
Et aussi pour la manière de penser. J’aime ma culture libérale. Je pense que les Français, c’est une chose très libérale. C’est quelque chose que je fais avec mes enfants aussi. Et il vous aide à penser.
Je pense que le français, c’est une langue et c’est une culture qui t’enseigne à penser pour toi-même, à ne pas croire tout ce qu’on te dit, mais à pouvoir penser, à avoir tes propres idées, à être propre avec tout. En tout cas, merci beaucoup pour avoir répondu à nos questions. On découvre cette sauce piquante que j’ai envie de goûter maintenant. On doit goûter. Je téléporte en France.
Où je viens. Je viens en Eswatini, anciennement Swaziland. Merci beaucoup, Claudia. Merci beaucoup, Gautier. Je viens…
J’ai oublié le mot. Je viens aimer être ici avec toi et avec toutes les personnes qui écoutent. Merci beaucoup. À très vite. Au revoir.
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